Monday, August 18, 2008

Citation du 18 août 2008

L'ennui est entré dans le monde par la paresse.

La Bruyère – Caractères

Il faut réhabiliter la valeur-travail !

En finir avec le refus de l’effort !

Abandonner la revendication de la jouissance effrénée…

… Ça va, calmez-vous… De toute façon, si les déclarations moralisantes avaient un effet, ça se saurait.

Pour rétablir la morale publique, ce qu’il faut, c’est que le vice porte sa punition avec lui : l’indigestion avec la gourmandise, la maladie avec la luxure, l’ulcère d’estomac avec l’envie.

Et l’ennui avec la paresse.

Admettons un instant que tous ceux qui s’ennuient soient des paresseux. La réciproque est-elle vraie ? Aucun de ceux qui travaillent ne s’ennuieraient donc ? Le travail ne serait pas générateur d’ennui ?

Voyez où nous mène cette innocente affirmation de La Bruyère : à nous demander ce que c’est que ce déplaisir que nous ressentons lorsque nous travaillons – si du moins ce n’est pas de l’ennui.

Dans sa célèbre étude de l’aliénation par le travail (1), Marx considère que dans le travail l’ouvrier s’éprouve comme étranger à lui-même ; et non pas seulement parce que le travail est épuisant ; mais parce qu’il ne l’a pas choisi. La vraie vie est ailleurs, en dehors du travail.

Nous avons donc échangé l’ennui qui est le sentiment d’une vacuité pour l’aliénation qui est l’expérience d’une déperdition métaphysique.

Tout compte fait, je préfère l’ennui.



(1) « Il [l’ouvrier] est lui-même quand il ne tra­vaille pas et, quand il travaille, il ne sent pas dans son propre élément. » Manuscrit de 1844 (Lire le texte ici)

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