Tuesday, August 19, 2008

Citation du 19 août 2008

Le plaisir de l'habitude est souvent plus doux encore que celui de la nouveauté.

Marcel Proust

Alors, ça y est, les vacances sont finies ?

Remisé le bob Pastis 51 ? Rangée la caravane ? Au placard les boules de pétanque ?

Mais consolez-vous : vous y retournerez à L’Abri-Côtier, votre fidèle terrain de camping. Puisque ça va bientôt faire 15 ans que vous y allez, il n’y a pas de raison pour que ça change.

- Mais dites-moi, vous n’en avez pas un peu assez de l’Abri-Côtier ? Retrouver toujours le même endroit, pour chaque vacance et pour toute la durée des vacances, quand on est campeur, c’est pas un peu étrange ?

- Le plaisir de l'habitude est souvent plus doux encore que celui de la nouveauté.

- Bon, bon, d’accord : si vous sortez l’artillerie lourde, je me rends.

Du reste, je vous comprends, allez. Je sais que si vous retournez toujours au même endroit, ce n’est pas pour le paysage mille fois revu. Ce n’est même pas pour le pastis-pétanque – encore que…

C’est pour les voisins de l’emplacement d’à côté, que vous retrouvez chaque année et avec les quels vous allez à la plage – avant donc l’apéro du soir sous l’auvent de leur caravane.

Oh, allez… Je suis bien renseigné : je sais qu’il habitent à 1 Km de chez vous, mais que vous ne les retrouvez que pendant ces 15 jours de vacances…

Voilà, je finis par comprendre : les habitudes ne sont pas ressenties de la même façon quand on est en vacances et le reste du temps.

C’est même pour ça qu’on aime les vacances.


4 comments:

Djabx said...

Bonjour,

Vous nous illustrez cette belle citation par les vacances.

Mais à la réflexion, je me dis que ça ne dois pas bien marcher avec le sexe; car avec "l'habitude" viens la lassitude, non ?

On pourrai aussi prendre le cas de l'art culinaire; je ne vois pas vraiment le plaisir de manger tout le temps le même plat même si c'est "le" poulet du dimanche, la bière du soir, ou encore la pizza du samedi devant le match de foot.

Je veux bien croire que ce soit vrai dans certains cas (que l'habitude soit plus douce que la nouveauté) mais pas pour tout.

A moins que je me trompe...

Jean-Pierre Hamel said...

- Votre objection est effectivement pertinente, mais il reste à dire où passe la frontière entre l’habitude-plaisir et l’habitude-lassitude.
Si on laisse de côté le rôle joué par la diversité des personnalités (il y a par exemple des gens qui suffoqueraient s’ils retrouvaient leur lieu de vacances de l’année précédente), je remarque que les exemples fournis ici sont de l’ordre du plaisir _sensuel_ et on pourrait admettre que la sensualité sature rapidement et qu’elle exige la surprise de la nouveauté. Faire l’amour (c’est votre exemple) toujours avec la même femme est une jouissance qui se tasse avec la réitération et qui peut se ranimer avec le changement de cadre (chambre d’hôtel), ou de pratiques (…)
Reste donc l’habitude-plaisir qui pourrait s’expliquer par la recherche de la sécurité et par la nostalgie de la vie passée. Ça veut dire qu’on a plus de plaisir dans le souvenir des plaisirs passé que dans les plaisirs présents : c’est un signe de vieillissement.

Djabx said...

Ça veut dire qu’on a plus de plaisir dans le souvenir des plaisirs passé que dans les plaisirs présents

Je comprends ce que vous dites, mais je ne pense pas qu'avec une madeleine "Leader Price" Marcel se serait souvenu de son enfance...

Je pense par contre que votre plaisir présent est exalté par la nostalgie d'un plaisir passé, et parfois ce plaisir passé peut dépassé le plaisir présent.
Mais le plaisir présent doit exister à mon avis.

Ou alors vous avez une grande capacité d'introspection de vos souvenirs passés...
Au risque que comme Marcel, sans madeleine, vous ne puissiez pas vous souvenir de tout.

Jean-Pierre Hamel said...

- D’abord, le petit Marcel aurait retrouvé le plaisir vécu dans son enfance à consommer les brisures de madeleines dans sa tasse de thé si seulement elles avaient été de la même marque – à savoir « Leader Price », car le plaisir est celui dû à l’ambiance qui nimbait ce moment.
- Ensuite, toute la force de l’exemple de la petite madeleine vient justement que ce que le souvenir qui revient envahir la conscience était l’instant d’avant inconnu, parcequ’oublié. C’est un peu la même chose qu’avec le slow d’un lointain été qui nous fait revivre de sensations émouvantes auxquelles on n’avait pas pensé depuis bien des années. Et en plus ça pouvait être une musique bien ringarde. Il est vrai que ce n’était pas ça qui comptait…