Tuesday, August 19, 2008

Citation du 20 août 2008

Je suis un homme qui n’appartient à personne et qui appartient à tout le monde.

Charles de Gaulle - Extrait d’une Conférence de presse -19 Mai 1958

Chacun se donnant à tous ne se donne à personne.

Rousseau – Du contrat social (livre I, ch. 6) (1)


De Gaulle avait-il lu le Contrat social ? Probablement et c’est même l’un des ouvrages qui a le plus inspiré toute sorte d’hommes politiques –hélas pas que des démocrates…

Mais avouez qu’il n’y a pas besoin de lire Rousseau pour déclarer ce que déclare le Général en 1958.

En effet : l’homme politique, le chef d’Etat, est un homme public, au service du bien commun. Ce qui veut dire que celui qui est au service de tous, est du même coup au service de l’intérêt supérieur de la nation. Il ne saurait donc être au service d’intérêts particuliers, ce qui serait le cas s’il appartenait à un quelconque personne. (2)

Bon. Tout ça c’est bien gentil, mais savons-nous si c’est vraiment possible ?

1 – Un chef d’Etat n’appartient-il vraiment à personne ? Les groupes – industriels ou financiers – qui l’ont aidé à accéder au pouvoir ne sont-ils pas devenus des groupes de pression ?

2 – Et le bien public existe-t-il vraiment ? Ce qu’on appelle ainsi n’est-il pas en réalité l’intérêt de telle ou telle catégorie sociale ? L’histoire du « bouclier fiscal » dénoncé comme cadeau fait aux riches n’est-elle pas emblématique de ce qui fait l’essentiel de l’action politique ?

Qu’on me comprenne : ce n’est sûrement pas l’endroit pour entrer dans une polémique sur ce qu’a voulu le pouvoir avec ces mesures fiscales ; il s’agit plutôt de réfléchir sur ce qu’il a fait. Pour agir sur un pays entier, on n’a d’autres leviers que ceux de l’intérêt de telle ou telle catégorie sociale : les entreprises, la finance, les ouvriers, les classes moyennes…

Comme le disait Rawls, on ne peut demander qu’une chose : c’est que les privilèges accordés à quelques uns soient favorables in fine au plus grand nombre.


(1) Voici le paragraphe : Enfin, chacun se donnant à tous ne se donne à personne, et comme il n’y a pas un associé sur lequel on n’acquière le même droit qu’on lui cède sur soi, on gagne l’équivalent de tout ce qu’on perd, et plus de force pour conserver ce qu’on a.

(2) Sur la définition du mot « public », voir ce Post de mon excellent confrère Docteur-Philo.

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