Apprendre à prendre.
Miss.Tic
[Apprendre à prendre], [Apprendre, apprendre], [A prendre – Apprendre] [A prendre…A prendre]…
Nous allons aujourd’hui affronter le reproche qu’on entend parfois concernant les déclarations figurant sur les pochoirs de Miss.Tic : « Tout ça ce sont des jeux de mots et rien de plus ».
Alors disons-le : ce qu’il y a en plus du jeu de mot, c’est le fait que tous les sens possibles de la formule, ceux qui ne sont pas écrit comme celui qui est écrit, sont présents en même temps et se complètent les uns les autres.
Apprendre à prendre… Certes, comme souvent avec les pochoirs de Miss.Tic, cette formule n’a de sens que si on a le texte sous les yeux. Ou plutôt, le texte nous amène à choisir un sens parmi plusieurs possibles : on aurait pu lire aussi « Apprendre, apprendre », comme la chanson dit « Voyage voyage… »
– Bon. On avait compris. Que tout ça ait du sens, admettons. Mais que tous ces sens se recoupent, qu’ils s’éclairent les uns les autre, voilà ce qu’on a plus de mal à admettre.
– Connaissez-vous Jean-Pierre Brisset ?
Le présupposé de ces formules missticiennes se trouve dans ce texte de Jean-Pierre Brisset (1). En voici le principe :
« La Grande Loi cachée dans la parole
Toutes les idées que l’on peut exprimer avec un même son, ou une suite de sons semblables, ont une même origine et présentent entre elles un rapport certain, plus ou moins évident, de choses existant de tout temps ou ayant existé autrefois d’une manière continue ou accidentelle. »
Brisset donne un exemple
« Soit, comme exemple, les quatre sons : /Les / dents, / la /bouche./
On peut écrire : L’aide en la bouche, lait dans la bouche, laid dans la bouche, laides en la bouche, etc. »
Non seulement chacune de ces formules dont le contenu est indécidable si on n’en lit pas le texte écrit a un sens. Mais encore, cette similitude de sonorité est le signe d’une lointaine parenté de sens, d’une unité brisée par l’usage, et qu’il nous appartient de retrouver.
Et voici la minute du philosophe missticien :
Prendre, c’est déjà apprendre, et donc on ne prend pas de façon spontanée, puisqu’il faut aussi s’initier à la capture. Nous sommes tout entier des prédateurs, mais aussi nous sommes tout entier des êtres façonnés par la culture.
De là à imaginer qu’il y a ceux qui ont appris à prendre, et ceux qui ont appris à être pris…
(1) Dont nous avions déjà signalé l’existence (Post du 19 février 2008).
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