Humbles et puissants sont égaux tant que dure leur sommeil.
Lope De Vega – Cancion
Si un artisan était sûr de rêver toutes les nuits douze heures durant qu’il est roi, je crois qu’il serait presque aussi heureux qu’un roi qui rêverait toutes les nuits douze heures durant qu’il serait artisan.
Pascal – Les Pensées (Fragment 662 ed. Le Guern)
(Voir aussi post du 19 avril 2006)
On dit que tous les hommes sont égaux devant la mort. Il faudrait ajouter : devant le sommeil aussi.
Il est facile de dire que le sommeil, abolition de la conscience est comme une mort provisoire, ce qui ramènerait ce cas au précédent. Non, il est plus intéressant de considérer le sommeil comme le lieu où se déploie le rêve, le rêve qui permet à chacun de vivre l’intégralité de ses désirs.
Comme on le voit dans notre citation, Pascal avait déjà souligné l’équivalence entre la veille et le sommeil : entre le bonheur vécu en réalité et le bonheur vécu en rêve, il n’y a aucune différence, si ce n’est la durée (…la vie est un songe un peu moins inconsistant dit-il un peu plus loin).
Pourtant, il faut ajouter que le rêve nous apporte autant – sinon plus – de cauchemars que de rêves heureux. Si Macbeth avait existé réellement, avec ses terreurs et ses obsessions, qui nous dit qu’elles auraient été différentes des effroyables horreurs vécues en rêve par chacun d’entre nous ?
… Horreur, malheur, bonheur, amour et peines… Le rêve peut l’emporter sur la réalité dans tous ces domaines. Mais il ne le peut dès qu’il s’agit de posséder : là, la réalité seule peut donner satisfaction, et croire qu’elle n’est rien de plus que le rêve, c’est croire que la possession n’apporte rien de plus que le sentiment qui l’accompagne. (1)
Entre la femme étreinte en rêve et la femme étreinte en réalité, il y a tout de même une petite différence : la femme réelle, et elle seule peut me faire ce que je n’aurais jamais imaginé…
Imaginé quoi ? No comment
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