La guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens.
Carl von Clausewitz
Que la guerre soit un moyen, qui donc en douterait ? On ne fait pas la guerre par plaisir (même si elle fait plaisir), mais pour obtenir ou pour conserver un avantage précis. Mais qu’elle soit une alternative à la diplomatie, un détour sur le chemin de la paix et de l’entente avec les autres peuples, voilà qui étonne et qui peut même scandaliser.
Cherchons un exemple. Le conflit Israélo-palestinien peut nous servir. Grosso modo (je simplifie sans doute abusivement), il s’agit pour Israël de faire reconnaître par les Palestiniens et par la communauté internationale sa souveraineté sur un territoire défini par cette même communauté et redéfini par différents conflits.
La thèse d’Israël est qu'aujourd'hui son existence et la sécurité de ses citoyens est menacée par le Hezbollah basé sur le territoire libanais. Le conflit armé actuel a donc pour but de faire aboutir une exigence politique, qui aurait dû être obtenue par une conférence internationale, si la volonté de paix l’avait emporté sur la volonté de détruire les juifs (ou : l'Etat juif). On est bien dans le cas défini pas Clausewitz.
Que disent les opposants à Israël ? Que cette guerre est une guerre injuste, qui non seulement frappe des civils innocents, mais qui de surcroît est un acte d’agression en temps de paix contre un Etat souverain. La continuité du politique et du militaire dans ce cas n’est plus assurée, parce que le règne du droit est exclu, que l’on est dans celui du rapport de force, un peu comme avec les bandits de grands chemin imaginés par Rousseau, qui prétendraient avoir un droit sur ma bourse parce qu’ils ont une arme et que je n’en ai point (1). « Convenons donc - écrit-il dans le même passage - que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes… » : la guerre n’est le prolongement de la politique que si elle est le point de départ d’une légitimité nouvelle. Sinon, elle amorce et entretient un cycle de violences indéfinies.
Autrement dit, pour que la guerre soit la continuation de la politique, il faudrait que le vaincu reconnaisse qu’il est totalement engagé par le traité de paix qui suit, et qu’il reconnaisse donc le droit de son vainqueur ; le rapport de force ne serait alors que le moyen de la reprise et de l’aboutissement de négociations loyales.
Si la guerre est politique, ce n’est donc que dans la mesure où elle ramène à la politique.
(1) Du droit du plus fort - Contrat social, I-3.
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