Saturday, December 31, 2016

Citation du 1er janvier 2017


Nouvel an : et si vous pouviez choisir vous-même les vœux que vous souhaitez recevoir ?
La Citation-du-jour vous offre deux vœux de tonalités différentes : faites votre choix !

1er vœu
« Je souhaite qu’en 2017, tu puisses dire avec Albert Einstein : « Apprendre d’hier, vivre pour aujourd’hui, espérer pour demain. » 



2ème vœu
« Embarquement immédiat pour le vol 2017 à 00 H 00
à destination du bonheur,
Durée du vol 365 jours, bagages autorisés :
Santé, Réussite, Prospérité et Amour. » 


Concorde d'Air France à destination de New-York du 25 juillet 2000,
qui s’est crashé sur Gonesse au bout de 2 minutes

Friday, December 30, 2016

Citation du 31 décembre 2016

On ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis.
Proverbe français

Ce soir, second réveillon : après celui de noël, voici celui du 31 décembre.
Deux réveillons, voilà une vraie curiosité : on n’a pas d’autre exemple de fêtes qui marchent par deux – du moins à ma connaissance.
Mais ça ne s’arrête pas là : ces deux réveillons se complètent tout en s’opposant. C’est vrai que dans les deux cas on bouffe et que les 12 coups de minuit ont une importance : pour célébrer la messe de minuit pour l’un ; pour fêter le nouvel an pour l’autre. Mais pour autant on ne va pas retrouver les mêmes convives. Certes, il y aura peut-être des invités de Noël qui seront là aussi  au Jour de l’an ; ce sont des gens qui ont la qualité requise pour être des deux ; mais attention : ce sera parce qu’ils cumulent les deux qualifications différentes, qui normalement distinguent les invités de chaque soirée.
Les invitations de Noël et du Jour de l’An : comment ça marche ?
- Pour Noël, la liste est contrainte, je n’ai par la liberté des invitations. Par exemple, je ne peux dire : « Mon fils, je compte que tu viendras avec tes enfants. En revanche, ta femme je ne la supporte pas : laisse-la à la maison s’il te plait. » Non – ça na marche pas comme ça.
- En revanche au 31 décembre, le fils en question va faire la fête avec ses copains sans m’y inviter, et de mon côté je garde toute liberté de blacklister qui je veux. Car on choisit ses amis – et que ces amis ne font pas partie de la famille.

Alors : réveillon de Noël et réveillon du jour de l’an, seraient des fêtes qui célèbrent les liens qui nous unissent à notre entourage ; et comme ces liens sont doubles, liens du sang et liens du cœur, les fêtes doivent l’être aussi ?
Peut-être. Mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit pour Noël de traductions confuses et de survivances d’époques périmées (révérence gardée pour la célébration religieuse de la Nativité). On serait en effet tentés de le dire, tant les familles se désarticulent, se réarticulent comme on peut. J’en connais qui pour Noël ont dû réveillonner 2 fois parce que monsieur et madame doivent venir avec les petits de deux lits différents chez les grands parents.

… Et alors ? Quel inconvénient y aurait-il à multiplier les liens familiaux ? Certains (autre fois) justifiaient la prohibition de l’inceste par la nécessité justement de  renforcer sa famille en multipliant ses alliés.

Thursday, December 29, 2016

Citation du 30 décembre 2016

Souriez – Demain sera pire.
Anonyme

Le 30 décembre 2014, il y a tout juste deux ans, j’écrivais : «  Je préfère rester en 2014.
- 2014 était donc une année heureuse ? Je ne sais. Mais en tout cas j’ai fait mienne cette devise : Souriez – Demain sera pire. »
Une semaine plus tard avait lieu la tuerie de Charlie Hebdo. Moins d’un an plus tard, le 13 novembre, c’était au tour du Bataclan et des terrasses de cafés parisiens…. Et on ne parlera pas de la crise, de la courbe du chômage ni des politiques qui mentent à tour de langue : c’est de la routine. Prémonition ? Simple prévision ? Lucidité tranquille du pessimiste qui sait que, quoiqu’il en soit, le pire nous attend toujours quelque part dans l’avenir ? Qui le dira ?

Mais vous, demain soir, à la venue du jour de l’an, au moment des embrassades sous le gui, allez vous susurrer à l’oreille de vos amis: « Souris, demain sera pire » ?
… Bon : ça risque de jeter un froid : après ça, vous pouvez bien sûr partir d’un gros rire et dire :
- Nan ! Je blague !
Mais c’est un peu médiocre. Vous pouvez aussi prendre un ton plus docte :
- Sais-tu, ami, que dans leurs banquets les Egyptiens mettaient au milieu de la table une tête de mort pour avertir leurs convives qu’il faut profiter du présent parce que dans l’avenir nous ne pourrons plus jouir des plaisirs de la vie ?
Mais votre ami vous regarde encore avec plus de méfiance : lui qui, une coupe de champagne à une main et l’autre au bas des reins de sa voisine de table, vivait pleinement son présent, ne comprend pas votre interruption. Vous êtes dans la situation du veilleur qui dans la nuit médiévale patrouillait dans les rues obscures en rugissant : « Il est minuit ! Dormez en paix, braves gens ! »


C’est ça la morale de ce Post : à quoi bon souhaiter quoique ce soit pour l’avenir ? Il sera ce qu’il sera et basta ! En revanche que faire de mieux que rendre plus joyeux le moment présent ? Trouvez donc du bon champagne et invitez des copines qui n’ont pas froid aux yeux.

Wednesday, December 28, 2016

Citation du 29 décembre 2016

L’oubli n’est pas seulement une vis inertiae, comme le croient les esprits superficiels ; c’est bien plutôt un pouvoir actif, une faculté d’enrayement dans le vrai sens du mot, faculté à quoi il faut attribuer le fait que tout ce qui nous arrive dans la vie, tout ce que nous absorbons se présente tout aussi peu à notre conscience pendant l’état de digestion (on pourrait l’appeler une absorption psychique) que le processus multiple qui se passe dans notre corps pendant que nous assimilons notre nourriture.
Nietzsche – Généalogie de la morale
Oubli. –
Laissons de côté l’analyse des phénomènes physiologiques qui opèrent durant la digestion : nous en avons parlé abondamment, et il y a mieux à faire à partir de cette citation de Nietzsche.
Car, concernant l’oubli, voilà ce qui importe selon lui : ce n’est pas une « force d’inertie » (entendez une passivité), mais bien au contraire un pouvoir actif, une faculté d’enrayement, qui fait disparaître de notre conscience tout ce qui pourrait s’opposer au déroulement de notre vie.
Selon Nietzsche, tout pourrait devenir souvenir ; tout ce qui se passe, tout ce qui nous arrive, tout ce que nous ressentons en nous-mêmes : mais il faut dire – Hélas ! Car alors cet encombrement de la conscience par l’inerte et le mort venu du passé empêcherait le vivant et le vivace de sortir de l’inconscience et de se projeter vers l’avenir. Pour vivre il faut oublier, c’est une obligation qui se révèle à tout temps : par exemple, le temps que j’écrive ces lignes je ne pense plus du tout à ce qui vient de se passer autour de moi et en moi, à ce que je viens de faire – ou alors, si j’y pense, je ne peux plus écrire comme je le ferais normalement. 

Il y a deux remarques à faire ici :
            - l’une c’est que le passé est mort. C’est même à cela qu’on le reconnaît. "L’homme qui n’en finit jamais avec rien" passe son temps à reprendre le "déjà avalé" pour le remâcher, comme un ruminant. (1)
            - l’autre c’est que le présent coupé du passé est le lieu de la création, de l’invention, de l’innovation… Bref, tout ce qui surgit quand on ne l’attendait pas, tout ce que nous produisons et qui nous étonne, tout cela c’est la vie. (2)
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(1) Nietzsche parle de ceux « qui n’en finissent jamais avec rien » par comparaison avec les ruminants qui remâchent et digèrent indéfiniment les mêmes choses.

(2) On retrouve la même idée chez Bergson pour qui l’homme d’action se caractérise surtout par le fait de filtrer les souvenirs pour ne laisser accéder à la conscience que ceux qui seront utiles à l’acte.

Tuesday, December 27, 2016

Citation du 28 décembre 2016

Ce qui tuera l'ancienne société, ce ne sera ni la philosophie, ni la science. Elle ne périra pas par les grandes et nobles attaques de la pensée, mais tout bonnement par le bas poison, le sublimé corrosif de l'esprit français : la blague.
Edmond et Jules de Goncourt – Journal 30 juin 1868

Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloges flatteurs.
Beaumarchais – Le mariage de Figaro.
La blague. –
Chaque matin sur les grandes radios généralistes – et aussi quelques autres que je ne connais pas – au milieu d’un fleuve d’informations, et sans doute pour réveiller l’auditoire, on nous propose une brève intervention de chroniqueurs humoristes ou d’imitateurs du même calibre qui viennent « vanner » les hommes politiques, souvent de façon répétitive et monotone, mais toujours en les ridiculisant. Peu importe que ces comiques soient talentueux et qu’ils délassent effectivement un esprit déjà fatigué de la journée qui commence, car l’essentiel n’est pas là : il est dans la réduction des gouvernants politiques à la taille de la caricature qui en est faite.
Bien sûr, les démocraties peuvent s’enorgueillir de cette liberté laissée aux citoyens ; bien sûr on citera Beaumarchais en agitant la menace révolutionnaire devant l’interdit dont l’éventualité ne nous viendrait d'ailleurs même pas à l’idée. Et c’est tant mieux. Mais qu’on ne prenne pas à la légère cette condamnation des Goncourt : il se pourrait que la blague soit un peu plus corrosive qu’il n’y paraît.

Relisons notre Citation-du-jour à travers le commentaire qu’en fait Robert Kopp (1) : « [Pour les Goncourt, la blague] c’est l’irrespect généralisé qui se moque de tout ce qui est grand, héroïque, sacré. C’est l’esprit des démocraties modernes qui n’aspirent qu’à la médiocrité. » Et on pourrait écrire à peu près la même chose à propos de Flaubert. Selon eux, cette liberté laissée par les démocraties permet juste de dévoiler la nature même du peuple : le ridicule qu’il affectionne tant est avant tout  le signe de sa médiocrité.

En sommes-nous là ?
Certains politiques se plaignent et disent qu’il y a aujourd’hui quelque chose de corrompu et de mauvais dans les persiflages et les billets humoristiques qu’on entend en permanence et qui visent systématiquement tous les hommes politiques (2). Certes, on l’a dit, le droit à rire de tous est institutionnel et les politiciens ne sont pas à mettre à part. Mais ce qui pèche – et c’est bien ce que disaient les Goncourt – la blague qui diffuse l’irrespect n’a d’autre légitimité que de faire rire, et dès lors on ne se demande même plus si ce qu’on dit est vrai : la distinction vrai/faux n’est plus opérante : seule compte la vanne qui-fait-rire opposée à celle qui-ne-le-fait-pas.

A force de prendre les décisions politiques pour des actes dérisoires dont on peut rire, il est devenu normal d’élire un bouffon, comme l’ont fait les italiens en élisant Beppe Grillo. La boucle est bouclée.

Question : Quel bouffon pourrions-nous prendre comme prochain Président ?
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(1) Robert Kopp, dans la préface de l’édition complète du Journal des Goncourt chez Laffont-Bouquins

(2) Autre fois les « chansonniers » faisaient métier de ridiculiser les gens qui ont du pouvoir. Il n’y a plus de chansonnier aujourd’hui, sans doute parce que tout le monde l’est devenu.