Thursday, March 31, 2016

Citation du 1er avril 2016 (Rectificatif : 2 avril)

Je ne cherche pas à faire de blagues, je surveille ce que fait le gouvernement et je le raconte.
Will Rogers

A nos lecteurs : le gouvernement a décidé, cette année 2016 étant bissextile, de supprimer le 1er avril pour maintenir le nombre de jours à 365. Il souhaite limiter ainsi, à la demande des syndicats, le nombre de jour ouvrable au même niveau  que les autres années.

Oui, cette information est difficilement croyable, et pourtant elle est vraie.
Qu’est-ce que ça prouve, direz-vous ? Eh bien, ça prouve simplement que nos gouvernants produisent de façon parfois volontaire, mais le plus souvent sans le vouloir, des blagues, des vannes, voire même des  actes qui relèvent de l’humour le plus rigolard. Les humoristes qui chroniquent l’actualité ne peuvent dans ce cas que s’incliner et reproduire tels quels leurs déclarations.
Quelques exemples ?
- Les socialistes aiment tellement les pauvres qu'ils en fabriquent (Jacques Godfrain en 1993)
- La contraception doit avoir ses règles (Bernard Kouchner en 1998)
- Il doit bien rester un angle de tir pour la paix (Bernard Kouchner 2003
- C’est une bonne idée d’avoir choisi le référendum, à condition que la réponse soit oui (Nicolas Sarkozy 2005)
- Le pouvoir d’achat des Français s’est amélioré même s’ils ne s’en rendent pas compte (Michel Sapin 2015)


--> Voilà donc : à son tour François Hollande – et ce n’est pas une blague – vient de prendre une mesure surprenante : pour compenser le 29 février il décide de supprimer le 1er avril, se souvenant sans doute de la colère soulevée a contrario par le décision de J-P Raffarin instituant le lundi de Pentecôte journée férié non chômé. Nul doute que les français lui en saurons grée en le faisant remonter dans les sondages, lui permettant ainsi d’inverser sa courbe d’impopularité.

Wednesday, March 30, 2016

Citation du 31 mars 2016

Le mensonge est le seul privilège qui distingue l'homme de tous les autres organismes.
Dostoïevski / Crime et châtiment

L’homme seul possède le langage symbolique, donc il est le seul à savoir mentir.
Sauf que beaucoup d’animaux peuvent tromper leurs adversaires par un comportement approprié : même l’araignée qui fait la morte pour désintéresser son prédateur sait le faire.

- Le mensonge est habituellement interprété comme faisant appel à la fonction symbolique du langage : si, quand je touche le feu je retire ma main, ce mouvement peut bien signifier « chaleur » ; admettons que je ne ferai pas ce mouvement avec autant de vivacité si je ne me brûle pas. Maintenant si je crie « Au feu ! » alors qu’il n’y en a pas, je fais usage du langage sans y être amené par la réalité : c’est parce que les mots peuvent être déconnectés de celle-ci que le mensonge est possible, ce qui vérifie le jugement de Dostoïevski.

Le mensonge implique donc une déconnection entre la réalité et le comportement et c’est cela qui signe chez l’animal une capacité vraiment humaine. Car il écarte tout comportement « mensonger » stéréotypé et commun à toute l’espèce comme l’araignée dont nous parlions plus  haut. Il existe par contre une expérience qui montre que le singe accède à cette forme supérieure de mensonge : un singe voit à l’extérieur de sa cage deux pots retournés cachant l’un une friandise, l’autre rien du tout. Quand un opérateur arrive, le singe lui montre le pot à retourner pour trouver la friandise qu’il lui donne alors. Quand survient un nouvel intervenant (coiffé d’une casquette pour être bien reconnaissable) il emporte la friandise au lieu de la lui donner. Le singe refuse ensuite d’indiquer le lieu intéressant mais l’homme cherche et trouve par lui même. Alors le singe imagine d’indiquer le pot vide, et l’homme repart sans rien emporter. Le singe apprend donc à mentir en indiquant ce qu’il sait être la mauvaise réponse, ce qui n’est certes pas un comportement symbolique, mais qui montre quand même qu’il accède à un comportement intelligent c’est à dire adapté à la réalité.

Concluons donc que c’est moins le mensonge que le pragmatisme est le propre de l’homme … et du singe.

Tuesday, March 29, 2016

Citation du 30 mars 2016

Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. »
Asimov – 1ère des trois lois de la robotique (lire ici)


Intelligence artificielle (AIBOT) /avant le forum/ pol ; après /le forum/ pol

On l’a sans doute deviné avec ce dessin : je voudrais mettre en regard des lois d’Asimov le robot Tay, « l’intelligence artificielle qui déraille à cause de la bêtise humaine ».
Petit rappel pour ceux qui ont loupé l’information : Tay est un robot-logiciel censé figurer une internaute qui dialogue avec les humains, notamment les ados, et perfectionne ainsi ses capacités d’échanges verbaux. Malheureusement … des « trolls » l’ont inondée de blagues sexistes ou racistes. Au bout de quelques heures, Tay s’est mise à tenir elle-même des propos infâmes. (1)
Je devine que ce robot est une création d’ingénieurs naïfs qui ont fabriqué une sorte de machine-perroquet dénuée de conscience qui ne fait que reproduire ce que son environnement produit ; et si cet environnement est criminel, le robot, contredisant allègrement aux lois d’Asimov, le devient à son tour.
Certes, si Tay n’a pas de conscience morale (les ingénieurs de Microsoft vont essayer de parer ce défaut en installant dans sa mémoire des mots-clés interdits) il n’a pas non plus la volonté de nuire. Mais, est-ce une chance ? Est-ce que le guerrier le plus féroce n’est pas moins dangereux que la machine qui n’a pas besoin de faire cet effort supplémentaire pour passer à l’acte : je veux parler de la décision. Oui, il y aura toujours une différence entre l’homme et la machine : c’est l’absence d’acte machinal. Bien sûr cet acte peut aussi exister, mais il est un affaiblissement dans le comportement humain, le moment où justement, il n’est plus qu’un robot.
Bref, Asimov en parlant de robots, les décrits déterminés à secourir un humain menacé par un danger. Ce faisant il imagine les robots doués de volonté – montrant qu’il les confond avec les humains.
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(1) Lire ici

Monday, March 28, 2016

Citation du 29 mars 2016

La plus grande campagne de publicité de l’histoire de l’humanité… avec un logo admirable : la croix.
Olivero Toscani



Au sortir de cette semaine de célébration de la Passion du Christ, quoi de plus blessant et de plus choquant que cette citation d’un célèbre publicitaire ? (1) Ces gens-là ne respectent rien, ils sont prêts outrager la foi religieuse pour retenir l’attention des clients potentiels. Et pourtant je voudrais disculper ces publicistes en plaidant l’inconscience et l’irresponsabilité
- Oui, mesdames et messieurs les jurés, mon client n’a pas voulu offenser les fidèles qui nous trainent aujourd’hui devant ce tribunal. C’est vrai, il le confesse, il a bien profané la Sainte-Croix instrument du supplice de Notre-Seigneur Jésus-Christ en imaginant qu’elle ne servirait qu’à diffuser le message des Evangiles. Mais ce crime n’en est pas un, car la volonté de blasphème n’existe pas.
Car mon client ne vit que pour la publicité : tout ce qu’il voit, il le voit sous cet angle. Ainsi, il se dit non pas : « Qu’est-ce que je pourrais faire pour choquer », mais : « Si j’avais inventé la croix, qu’est-ce que j’en aurais fait ? ». Andy Warhol considérait la Joconde comme un simple support publicitaire. Eh bien pour mon client, la croix c’est la même chose.

… Relisant ce Post, je me dis que l’enfer est pavé de bonnes intentions : car voulant disculper un publicitaire, je l’enfonce dans une aliénation pire encore dans la mesure où je lui attribue un monde illusoire où rien de ce qui serait étranger à la publicité ne pourrait exister. Ne vaudrait-il pas mieux qu’il fut un blasphémateur méritant la lapidation ?
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(1) Publicitaire sulfureux, puisque connu pour avoir conçu les publicités Benetton.

Sunday, March 27, 2016

Citation du 28 mars 2016

Il y avait eu ce mois-là vingt et un jours fériés en Bavière, grâce aux nombreuses naissances et morts de princes Wittelsbach et d'archiducs zu Bayern. On pouvait prévoir que si la famille continuait à vivre et à mourir au même rythme, les jours de travail seraient bientôt supprimés pour son bon peuple...
Giraudoux – Siegfried et le Limousin., 1922, p. 87
Aujourd’hui, jour férié. Occasion de se lamenter : les jours fériés sont un mal français ! Il y en a plus que partout ailleurs – il y en a trop !
Alors, avant de maudire notre pays qui se traine par paresse en queue de peloton des pays civilisés, suivons un peu le regard de Giraudoux : en Bavière, 21 jours fériés en un seul mois ! et tout ça par la grâce de je ne sais quel prince dont le pouvoir régalien semble bien être caractérisé par son aptitude à distribuer les jours sans travail. On me dira peut-être que c’est là une fiction qui n’a pas à être confondue avec la réalité. Mais je voudrais bien qu’on se rappelle combien de jours chômés pour cause de fête religieuse il y avait autrefois. Rien que pour Pâques qui nous offre aujourd’hui une seule journée de paresse, il y avait je crois une semaine complète sans travailler, une semaine consacrée à louer le Seigneur. Alors, qu’on ne vienne pas nous dire qu’on abuse !

D’ailleurs on va pouvoir vérifier que les jours fériés ne changent pas fondamentalement les performances économiques. En effet, en 2016 nous n’aurons que très peu de jours fériés chômés : le 1er, le 8 mai : tombent un dimanche. Idem pour Noël et le jour de l’an. Alors, nous ferons le bilan en 2017 : la production économique aura-t-elle augmenté, ou bien aurons-nous simplement reconduit les performances des année à fort taux de jours fainéantés ?


La vraie raison du discrédit que certains jettent sur ces jours sans travailler est qu’ils semblent ne fonctionner que comme des stimulateurs de paresse, au lieu qu’autrefois le jour férié était un jour où l’on devait louer le Seigneur, ce qui était plus important que de travailler pour un patron.