Thursday, March 31, 2011

Citation du 1er avril 2011


Donne un poisson à un homme, il mangera un jour. Apprends-lui à pêcher, il mangera toute sa vie.
Maïmonide
Donne un poisson à un homme et il mangera une journée. Apprends à un homme à pêcher et il passera ses journées dans une barque à boire de la bière.
Marie-Lyse Aston
Image issue du Blog de Doudou.
Donne un poisson à un homme…
La Citation du jour a décidé de s’associer à La Journée Mondiale de la mer et des poissons qui a été décrétée par les Nations Unies le 1er avril.
En ce 1er avril 2011, nous aurons une pensée pour les pauvres pêcheurs japonais : le tsunami a non seulement détruit leurs bateaux et leurs ports, mais il est entrain aussi de détruire les poissons en rendant la mer radioactive…
Mais, cela ne suffit pas. La Citation du jour a aussi une pensée pour tous ceux qui sont fatigués de ces proverbes porteurs de la sagesse ancestrale, celle que les sentencieux nous assènent à longueur de prêches, celle qui s’autoproclame immarcescible (1) principe de la morale universelle…
--> Si vous êtes dans cet état d’esprit alors, n’hésitez plus : faites comme moi appel à Marie-Lyse Aston, dont les phrases-cultes font les beaux jours de la Toile. A défaut de plonger dans un puits de sagesse, vous passerez sûrement un bon moment.
Plus sérieusement, Marie-Lyse Aston nous apprend que les pécheurs ne sont pas forcément des gens qui assassinent les poissons, tout comme les chasseurs, selon Pascal (2), ne sont pas forcément des viandards.
Voilà qui devrait nous les rendre plutôt sympathiques, ne trouvez-vous pas ?
Mais Marie-Lyse Aston, la pêche et les pêcheurs, elle n’aime pas ça ; dans la pêche, elle ne voit que des hommes trouvant prétexte à boire de la bière loin des regards désapprobateurs de leurs épouses. On voit bien que Marie-Lyse Aston n’était pas une morue un poisson. Car moi, si j’étais un petit poisson, j’apprécierais que les pécheurs restent toute la journée dans leur barque à picoler.
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(1) Mot du jour – Immarcescible : (adj.) qui ne peut se flétrir ; impérissable (Source : TLF).
(2) On aime mieux la chasse que la prise (Pensées – Fragment 142) – Cité ici.

Wednesday, March 30, 2011

Citation du 31 mars 2011

La plaisanterie sert souvent de véhicule à la vérité.

Francis Bacon – De dignitale et augmentis scientiarum


Je sais… Le 1er avril, ce n’est que demain !

Oui, mais voilà : demain il sera trop tard pour mijoter un poisson s’avril qui fera bien rire vos amis. Donc connectez-vous sur le site du poisson d’avril, qui va vous expliquer comment bidouiller l’ordi de vos amis : toutes sortes de galéjades dont les plus innocentes sont :

- De bloquer leur police de caractère en blanc (sur blanc, c’est du plus joli effet).

- Ou bien d’introduire des corrections automatiques un peu étranges et qui ne manqueront pas de les divertir.

- Et bien d’autres encore que je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-mêmes.

Alors, voilà que vos amis se fâchent et laissent croire qu’ils sont près à couper tout ce qui dépasse du corps de celui qui a malencontreusement trafiqué leur machine ?

Consolez-vous ! Leur réaction vous révèlera les quels sont vos vrais amis.

C’est que : La plaisanterie sert souvent de véhicule à la vérité.

Tuesday, March 29, 2011

Citation du 30 mars 2011


Le Lion, terreur des forêts,

Chargé d'ans, et pleurant son antique prouesse,

Fut enfin attaqué par ses propres sujets

Devenus forts par sa faiblesse.

Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied,

Le Loup, un coup de dent ; le Bœuf, un coup de corne.

Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne,

Peut à peine rugir, par l'âge estropié.

Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes,

Quand, voyant l'Âne même à son antre accourir :

Ah ! c'est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir ;

Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.

Jean de La Fontaine – Le lion devenu vieux

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Il était un Président, terreur de la politique.

Ses dents longues et acérées avaient bien des fois

Déchiquetées ses ennemis, et ses amis parfois.

Son nom était craint et respecté :

Dans la lointaine Lybie, de valeureux soldats

Promettaient de donner à leurs enfants le nom

Glorieux de Sarkozy.

De son torse bombé il défiait les chefs de la planète,

Les chinois n’étaient pour lui que tigres de papier,

Et les républicains en Amérique des éléphants de peluche

Mais le malheureux Président est aujourd’hui languissant, morne, et triste.

Il ne peut qu’à peine rugir, par le suffrage estropié,

Ses propres sujets le brocardent et se moquent de lui.

Il espère en 2012 meilleur destin,

En attendant il reçoit le coup de dent de Dominique, le coup de corne de Jean-Louis, le coup de pied de François.

C’est là que Notre-Président a craqué :

Voyant François à son antre accourir et lui décocher ce fameux coup de pied :

- Ah ! c'est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir ;

Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.

Monday, March 28, 2011

Citation du 29 mars 2011


Celui qui a plongé son regard au fond de l’univers devine très bien quelle profonde sagesse il y a dans le fait que les hommes sont superficiels. C’est leur instinct de conservation qui leur enseigne à être fugaces, légers et faux.
Friedrich Nietzsche – Par-delà le bien et le mal (§59)
De quoi la superficialité nous protège-t-elle ? Pourquoi la réalité sous-jacente aux apparences serait-elle une vision insoutenable ? Quelle crainte nous la fait fuir ?
Je laisse mes lecteurs lire la réponse de Nietzsche dans le paragraphe 59 de Par-delà la bien et le mal, que je cite in extenso en annexe (mais qu’on peut retrouver avec l’œuvre intégrale ici). Je retiens que selon Nietzsche il y a deux espèces particulièrement efficaces de maquilleurs de réalité : les artistes et les hommes religieux. Eux, ils savent nous faire oublier le dégoût profond que nous inspire la vie : les premiers en nous faisant jouir des fausses apparences qu’ils produisent, les seconds en suscitant la croyance en une vie au-delà de la vie, une vie en Dieu plus vraie que la « vraie » vie. Telle est la piété qui nous fait aimer dans notre prochain, si laid, si difforme, si odieux soit-il, l’image même de notre Dieu.
Et nous-mêmes ?
Ne préférons-nous pas la femme maquillée à la même femme au saut du lit, dans le grisâtre du petit jour ?
Notre époque, si soucieuse de l’image que nous donnons aux autres, au point qu’il existe des gens qu’on paye très cher pour nous conseiller afin de donner la meilleure possible, ne dit-elle pas exactement la même chose que Nietzsche ?
Pour lui, c’est une question d’instinct de conservation.
- Et l’actrice qui fait retendre sa vieille peau et qui nous dit que c’est par respect pour son public – dit-elle autre chose ?
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Annexe
59 – Celui qui a plongé son regard au fond de l’univers devine très bien quelle profonde sagesse il y a dans le fait que les hommes sont superficiels. C’est leur instinct de conservation qui leur enseigne à être fugaces, légers et faux. On trouve çà et là un culte, passionné et plein d’exagération, pour les « formes pures », chez les philosophes comme chez les artistes. Personne ne doutera que celui qui a ainsi besoin d’un culte de la surface, n’ait fait quelque expérience malheureuse au-dessous de la surface. Peut-être y a-t-il même une sorte de hiérarchie parmi ces enfants qui craignent le feu parce qu’ils se sont une fois brûlés, artistes nés qui ne savent jouir de la vie que lorsqu’ils en faussent l’image (ce qui est une sorte de vengeance sur la vie). On pourrait connaître le degré de dégoût que leur inspire la vie, par la mesure où ils voudraient en voir fausser l’image, voir cette image estompée, éloignée, divi­nisée. De la sorte, on pourrait compter les hommes religieux parmi les artistes, comme leur classe la plus élevée. C’est une crainte ombrageuse et profonde, la crainte d’un pessimisme incurable, qui force de longs siècles à se cramponner à une interprétation religieuse de l’existence, la crainte de cet instinct qui pressent que l’on pourrait connaître la vérité trop tôt, avant que l’homme soit devenu assez fort, assez dur, assez artiste... La piété, la « vie en Dieu » ainsi considérées apparaîtraient comme la dernière et la plus subtile création de la crainte en face de la vérité, comme une adoration et une ivresse d’artiste devant la plus radicale de toutes les falsifications, la volonté de renverser la vérité, la volonté du non-vrai à tout prix. Peut-être n’y eut-il pas jusqu’à présent de moyen plus puissant pour embellir l’homme que la piété. Par la piété, l’homme peut devenir artifice, surface, jeu des couleurs, bonté, au point que l’on ne souffre plus de son aspect.

Sunday, March 27, 2011

Citation du 28 mars 2011


Jupiter, caché sous l’apparence d’un Satyre, rendit d’un seul coup deux fois mère la fille, si belle, de Nycteus.
Ovide – Les métamorphoses, VI-110
Hendrick Goltzius (1558-1617) – Cupidon, Jupiter et Antiope.
La fille de Nycteus est la belle Antiope que Jupiter a séduite pendant son sommeil en prenant pour l’occasion l’apparence d’un satyre. Et tant qu’à faire, il lui fit des jumeaux : deux fois mère d’un seul coup.
Les peintres ont exploité à fond cette histoire, prenant ce prétexte pour montrer un Satyre voyeur, soulevant le drap qui voilait le beau corps entièrement nu d’une superbe jeune femme.
Seulement, voilà : Goltzius nous raconte une histoire sensiblement différente.
Cupidon, le fils de Vénus vient réveiller Antiope pour l’avertir de l’arrivée du Dieu. De son sein qu’elle presse de la main, jaillit des jets de lait, préfigurant peut-être la maternité que son union avec Jupiter va provoquer.
Cette scène improbable d’une femme qui fait jaillir du lait de son sein alors même qu’elle dort encore trouverait-elle son explication dans le désir du peintre de satisfaire un penchant fétichiste pour la lactation maternelle ? C’est à mon avis improbable.
Par contre on peut imaginer qu’il s’agit de rendre manifeste que l’union qui va se réaliser avec le Dieu le plus puissant de l’Olympe va se conclure par la procréation de deux beaux enfants (Amphion et Zéthos) dont le lait jaillissant est le symbole.
On aurait alors un saisissant raccourci qui nous conte l’histoire du début (arrivée de Jupiter) à la fin (l’existence des petits enfants) en évitant de nous montrer ce qui s’est passé entre les deux.
Ah ! Si Picasso avait été au chevalet à la place de Hendrick Goltzius …