Tuesday, December 31, 2013

1er janvier 2014

L’impitoyable temps qui vieillit toute chose, / Chassez mille neuf cent trois deux mille treize qui retourne au néant, / Et la nouvelle année, ainsi qu’un bébé rose / Que l’on chérit déjà, vient en nous souriant.
(Texte figurant à gauche de la carte)

Hé bien voilà une année qui commence bien !

Merci La-citation-du-jour !

Monday, December 30, 2013

Citation du 31 décembre 2013



Quelque chose que l'un des amants fasse à l'autre, celui-ci doit lui rendre la pareille : baiser pour baiser, caresse pour caresse, coup pour coup.
Vatsyayana – Kâma-Sûtra
Dévergondage de fin d’année (suite et fin… provisoire !)
Allez, c’est la Fête ! on va se lâcher : à nous la picole, les fumettes – et puis les petites femmes, et les plaisirs plus ou moins défendus !
Quoi ? Je vous sens un peu las : vos sens sont émoussés par une trop longue période de fête, trop d’excitants, trop d’ivresses suivies de trop de gueules de bois. Ne vous inquiétez pas – j’ai de quoi vous réveiller : vous allez essayer le plaisir dans la douleur
o-o-o
Le plaisir dans la douleur… Attention : nous ne parlons pas du masochisme, mais de ce plaisir si particulier qui accompagne certaines douleurs physiques (ce qu’on appelle algolagnie).
Certains haussent déjà les épaules : Ah bon ? S’il s’agit de flanquer une fessée à ma copine, c’est même pas la peine d’y penser : elle m’aura mis dehors avant même d’en parler. 
Voilà bien où mène l’ignorance : il va falloir vous documenter un peu pour arriver à maitriser la chose : on ne fait pas de jouissance avec n’importe quelle douleur. Et d’abord, comment reconnaitre celle qui sera érotique de celle qui n’est que souffrance ?
La réponse se trouve dans le Kâma-Sûtra : il on y apprend à reconnaitre les coups bénéfiques au son qu’ils produisent et aux gémissements qui les accompagne.
--> Là je vous sens perplexe : vous n’aviez sûrement jamais observé une telle chose – mais, qu’il puisse y avoir une typologie des gémissements, voilà qui suscite peut-être votre curiosité.
Lisons donc le texte qui énumère les diverses sortes de plaintes (1)  « Des coups produisant de la douleur, il en résulte le son sifflant, qui est de diverses sortes, et les huit sortes de plaintes, savoir :
            - Le son Hinn.
            - Le son tonnant.
            - Le son roucoulant.
            - Le son pleurant.
            - Le son Phoutt.
            - Le son Phâtt.
            - Le son Soûtt.
            - Le son Plâtt. »
Compris ? Alors, rangez donc votre attirail S.M. : fouet, martinet, menottes etc… à la poubelle !
Allez-y à main nue (2) et écoutez le son de la jouissance. C’est quand même un peu plus raffiné.
Joyeux réveillon !
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(1) Il s’agit de la seconde partie, chapitre 7. A lire ici.
(2) De même qu'il y a 8 sortes de plaintes, il y a (selon le même chapitre) 4 manières de frapper : Frapper avec le dos de la main. Frapper avec les doigts un peu contractés. Frapper avec le poing. Frapper avec la paume de la main ouverte.

Sunday, December 29, 2013

Citation du 30 décembre 2013


En effet, il est de bon augure de déguster les mets les plus raffinés et les plus luxueux car c'est une façon d'envisager avec confiance la nouvelle année et de la mettre sous le signe de la prospérité… beaucoup de gens s'ingénient à faire varier le menu du nouvel an, avec une seule constante : la recette doit faire appel à des ingrédients rares et réputés.
Je vous sens un peu désemparé(e) : que faire pour le réveillon de demain soir – que faire qui soit raffiné, luxueux, rare et réputé ? Fini le foie gras, finies les huitres – et le saumon fumé ? Pareil : tout ça c’est bien trop ordinaire.
Moi, je vous propose d’essayer le cannibalisme : ça au moins c’est rare et réputé (enfin, ça dépend de qui on mange). En plus c’est un bon moyen de se faire une renommée : voilà dira-t-on de vous quelqu’un qui sait recevoir !
Je sais que parfois on fait la grimace : le cannibale c’est quelqu’un de barbare et de dégouttant : manger de la chair humaine, c’est le pire le péché qui soit – pire que de croquer la Pomme.
Mais rappelez-vous de Lady Gaga paraissant aux MTV dans sa robe de Barbaque : n’était-ce pas pour nous inviter à la dévorer – et pas seulement des yeux ?

Donnez donc à vos convives un bouillon de jolie fille, un râble de bombasse, une salade de vertu-de-la-vierge…
Alors, c’est vrai : vous risquez de vous attirer des reproches : quoi vous dira-t-on ! C’est tout ce que tu as trouvé à faire des jolies filles qui rôdaient dans le quartier avant que tu n’y arrives ? Mais ce sont les sauvages qui mangent les pucelles. Les hommes civilisés eux, savent en faire un autre usage.
Comme ici :


La soupe à la gazelle.
(J’emprunte cette ravissante image au Blog de  mon amie Frankie Pain)
Que va faire l’homme au casque colonial de cette ravissante gazelle ? Chevaleresque, va-t-il la raccompagner à son campement ? Peu probable. Viril, va-t-il lui faire beaucoup de bien – du genre de bien qu’un monsieur convenablement outillé peut faire à une jeune et jolie dame ? Possible.
A moins qu’il ne se propose d’en faire justement cette délicieuse soupe à la Gazelle qui pourrait bien faire la gloire de votre table de Réveillon…
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P.S. Si vous avez une « gazelle » sous la main mais que vous en ignoriez la recette demandez-là à Frankie…

Saturday, December 28, 2013

Citation du 29 décembre 2013


Le socialisme aux États-Unis diffère totalement du socialisme européen. L’idéal du travailleur américain est de devenir patron, alors que l’ouvrier latin rêve surtout la suppression du patron.
Gustave Le Bon –  Les incertitudes de l'heure présente (1923) p. 51 de l’édition électronique
Dans ces aphorismes, Le Bon dégorge un peu de sa haine du socialisme en général et du bolchevisme en particulier : car ce sont, selon lui, des gens pour qui il s’agit de nier les élites ; au mieux, c’est pour prendre leur place : être patron à la place du patron ; mais il y a pire : vouloir abolir totalement la hiérarchie
Et aujourd’hui ? 90 ans après ce commentaire quel serait le nôtre ? Les exemples si nombreux de fermeture d’usines et de luttes véhémentes contre les licenciements nous donnent un tableau assez nouveau de la situation. Logiquement, les ouvriers mis à la porte par des patrons devraient toujours vouloir leur place. De nos  jours c’est parfois possible : ça s’appelle fonder une SCOP. On sort ainsi de l’utopie et en même temps de la violence révolutionnaire. Des élites, il y en a partout – et même chez les ouvriers, ce que Le Bon niait farouchement – mais on n’a pas pour autant trouvé la solution aux misères des travailleurs ravalés au rang d’outil de production.
C’est qu’aujourd’hui, qui est le patron ? Qui décide et qui commande ? On disait autrefois : le Roi règne mais il ne gouverne pas. Eh bien aujourd’hui, dans l’entreprise, les actionnaires règnent et ils ne gouvernent pas. Seulement, régner, ça veut dire donner des ordres à celui qui gouverne.
Et les ouvriers ? Vont-ils séquestrer le patron dans son bureau ? Inutile, puisqu’il n’est finalement qu’un salarié comme eux. Vont-ils manifester devant le siège de l’entreprise ? Bof… Mieux vaudrait aller assiéger les fonds de pensions qui possèdent le vrai pouvoir.
Occasion de faire un beau voyage aux Bermudes ou aux Iles Caïmans…

Friday, December 27, 2013

Citation du 28 décembre 2013


Sur Internet il suffisait d’inscrire un mot clé pour voir déferler des milliers de sites , livrant en désordre des bouts de phrases et des bribes de textes qui nous aspiraient vers d’autres dans un jeu de piste excitant, une trouvaille relancée à l’infini de ce qu’on ne cherchait pas. Il semblait qu’on pouvait s’emparer de la totalité des connaissances, entrer dans la multiplicité des points de vue jetés sur les blogs dans une langue neuve et brutale. S’informer sur les symptômes du cancer de la gorge, la recette de la moussaka, l’âge de Catherine Deneuve, la météo à Osaka, la culture des hortensias et du cannabis, l’influence des Nippons sur le développement de la Chine, — jouer au poker, enregistrer des films et des disques, tout acheter, des souris blanches et des revolvers, du Viagra et des godes, tout vendre et revendre. Discuter avec des inconnus, insulter, draguer, s’inventer. Les autres étaient désincarnés, sans voix ni odeur ni gestes, ils ne nous atteignaient pas. Ce qui comptait, c’est ce qu’on pouvait faire avec eux, la loi d’échange, le plaisir. Le grand désir de puissance et d’impunité s’accomplissait. On évoluait dans la réalité d’un monde d’objets sans sujets. Internet opérait l’éblouissante transformation du monde en discours. Le clic sautillant et rapide de la souris sur l’écran était la mesure du temps.
Annie Ernaux –  Les années
Ami surfeur, ce texte est pour vous!
Certes il est un peu long mais avouez qu’il faut quand même ça pour rendre justice à votre pratique solitaire et délicieuse de l’Internet.
Il est inutile de revenir sur l’énumération de tout ce qu’on peut faire au gré de ces errances, la part de hasard et de rencontres jouissives car improbables. Nous éviterons même d’évoquer ces sites de vente où vous refilez vos cadeaux à peine déballés : car c’est mal.
Nous serons par contre plus attachés à la leçon philosophique énoncée dans ce texte : On évoluait dans la réalité d’un monde d’objets sans sujets. Ça c’est fort ! Si on ajoute que la prouesse d’Internet est de transformer le monde (et les rapports humains) en pur discours (1), alors on comprendra que ce qui est parfois dénoncé comme faiblesse du réseau est en réalité sa force.
Nous renforcer comme sujet désirant et nous débarrasser de l’encombrement des autres.
Houlà ! Certains vont crier très fort : « Mais c’est une pratique masturbatoire ! »
Ben oui – c’est normal, puisqu’Internet nous permet de tout acheter, des souris blanches et des revolvers, du Viagra et des godes,
Les autres diront que – quand même ! – on y fait des rencontres qui égalent bien en richesse celles qui nous attendent au coin de la rue. Certes ; mais avouez quand même que vous y mettez pas mal de votre imagination. Voire de fantasme.
o-o-o
Je relis ce billet : on a l’impression que je ronchonne contre les nouvelles relations nouées dans la blogosphère. Pas du tout ! Dans la réalité aussi nous fantasmons, sauf que ceux sur qui nous le faisons risquent bien de nous décevoir un jour ou l’autre. Eh quoi ? Même si les gens que j’aime ne sont pas exactement comme je les imagine, faut-il donc que j’en sois avisé ? Alceste est lucide et il part se réfugier dans un désert… où il n’est même pas connecté !
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(1) Oh ! ces bisous, tendres baisers etc. que nous échangeons avec nos relations virtuelles, sans même penser à quoi ça pourrait ressembler – Et alors ? Un baiser de discours ne peut-il parfois être supérieur à un baiser dans le cou ?

Thursday, December 26, 2013

Citation du 27 décembre 2013


[...] choisir, c'était renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste et la quantité nombreuse de ce reste demeurait préférable à n'importe quelle unité.
Gide – Les nourritures terrestres, p.66
Deux idées + une conclusion :
1 – Choisir c’est renoncer à ce qu’on aurait pu choisir, mais qu’on n’a pas choisi. Spinoza : Omnis determinatio negatio est. (Toute détermination est négation : la statue dégagée par le sculpteur du bloc de marbre exclut toute les autres qui auraient pu l’être également)
2 – Choisir, c’est assurer une certaine unité entre le choisi et le choisissant. En choisissant, ne je n’effectue pas un choix au hasard, mais en fonction de ma volonté et ma personnalité.
3 – Conclusion : mieux vaudrait garder ce que j’exclue plutôt que de le rejeter pour m’établir dans l’unité de ma personne.
--> C’est là qu’on ne comprend plus très bien : car ne faut-il pas de toute façon éliminer ces autres possibilités quand on  se décide à agir ? Que j’aille à droite, ça exclut que j’aille à gauche. Et en même temps si je me complais dans le délice des possibilités d’avancer ou de reculer, je reste enraciné au même endroit.
Peut-être Gide pensait-il plutôt à ce choix aléatoire qui exclut quant à lui l’unité et la continuité par rapport aux choix antérieurs ? Que je me décide à apprendre à jouer du luth aujourd’hui, et puis que je l’abandonne pour me livrer à la danse classique, mais que le surlendemain je fasse mes bagages pour l’Amazonie, et que pour finir je tire au sort la direction de mon avion.
Oui, c’est bizarre, mais comme le dit Gide : ça demeure préférable à n'importe quelle unité

Wednesday, December 25, 2013

Citation du 26 décembre 2013

Philinte – Ah! qu'en termes galants ces choses-là sont mises !
Molière – Le misanthrope, acte I, scène II, vers 325
Roland Barthes dans Le plaisir du texte en évoquant le Marquis de Sade explique que le style relevé, quand il est utilisé pour évoquer des choses fort désagréables ou nauséabondes est source de plaisir : qu’un signifiant délicat serve d’enveloppe à un signifié grossier. De la merde dans un bas de soie aurait dit Napoléon…(1)
A ce jeu les philosophes gagnent à tous les coups : qu’on lise pour s’en convaincre l’édito de Beatriz Preciado dans Libé du 14 décembre :
Sous le titre : Droit des femmes au travail … sexuel
« … La question marxiste de la propriété des moyens de production trouve dans la figure de la travailleuse sexuelle une modalité exemplaire d’exploitation. La cause première d’aliénation chez la prostituée n’est pas l’extraction de plus-value du travail individuel, mais dépend avant tout de la non-reconnaissance de sa subjectivité et de son corps comme sources de vérité et de valeur : il s’agit de pouvoir affirmer que les putes ne savent pas, qu’elles ne peuvent pas, qu’elles ne sont pas des sujets politiques ni économiques à part entière… »
o-o-o
« les putes ne sont pas des sujets politiques » : c’est beau comme du Sartre… Mais je résiste au plaisir de citer la suite de ce texte qui pourtant est entièrement de la même encre : il faut bien que vous le sachiez : certains plaisirs ont un coût –  achetez donc le journal, sinon la presse va continuer à s’enfoncer. (2)
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(1) Il vaut la peine de citer en entier la tirade de l’Empereur à Talleyrand : « Vous mériteriez que je vous brisasse comme un verre, j'en ai le pouvoir mais je vous méprise trop pour en prendre la peine. Pourquoi ne vous ai-je pas fait pendre aux grilles du Carrousel ? Mais il en est bien temps encore. Tenez, vous êtes de la merde dans un bas de soie ! »
L’imparfait du subjonctif à lui tout seul confirme mon propos !
(2) On nous dit que le Monde à 2 euros c’est pour très bientôt.

Tuesday, December 24, 2013

Citation du 25 décembre 2013


We wish you a merry Christmas –
Air connu (« We wish you a merry Christmas » est un carol d'autrefois chanté dans la rue, par des chanteurs affamés qui venaient réclamer une part de pudding aux figues en échange de vœux de Noël et de bonne année)  – Tout ça à écouter et lire ici
Oui, Joyeux Noël : d’accord, mais lequel ?
- Celui des Bisounours ?

Bon : on a peut-être passé l’âge…
- Celui d’Hubert-Felix Thiefaine ?
« Givré dans la nuit de Noël / Un clocher balbutie son glas / Pour ce pékin dans les ruelles / Qui semble émerger du trépas / Il vient s'arrêter sur la place / Pour zoomer quelques souvenirs / Fantômes étoilés de verglas / Qui se fissurent et se déchirent »
Hubert-Félix Thiéfaine – Chroniques bluesymentales (1990), Villes natales et frenchitude
Brrrr !... Pas joyeux ! Tentons la synthèse :
- Celui de la Méchante en mode Bisounours ?


Eleonore Bridge – LeBlog de la Méchante
[La méchante en mode Bisounours : appréciez l’oxymore : !]
Oui mais voilà : c’est ça qu’il me faut. Que le jour de Noël quelqu’une me dise en me regardant dans  les yeux : Ouais, je suis pleine d’amour aujourd’hui… Profitez-en !