Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
Marcel Proust – Le
Temps retrouvé
1 – Il ne nous appartient pas de vivre dans un paradis
quelconque.
2 – Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
3 – On a donc déjà vécu au paradis, mais on l’a quitté.
--> Qu’est-ce donc que ce paradis perdu ?
Plusieurs hypothèses sont susceptibles d’être avancées,
par exemple
- que ce Paradis est celui des mythes et que nous n’y
avons été que par ancêtre mythique interposé.
- Ou alors (toute autre hypothèse) que l’amour de
jeunesse a été sans qu’on le sache le moment où notre vie a été le plus proche
du paradisiaque.
- Ou encore que si nous l’avons perdu, ce paradis, c’est
simplement parce que nous ne savons pas y demeurer, nous sommes toujours en
mouvement, toujours à chercher autre chose, jamais content de ce que nous
avons.
Cela, c’est la thèse des stoïciens : alors que notre
vie est la meilleure possible, puisque l’ordre de la Nature est à la fois bon
et immuable nous sommes toujours
instables et en mouvement comme disait Sénèque, trouvant dans cette
agitation de ses contemporains en quête d’un « toujours-plus »
l’explication de leur malheur.
Pour ma part, je pencherais plutôt pour la thèse
suivante : si le Paradis appartient au passé, c’est parce que son lieu
naturel est dans la mémoire. Le paradis est fait de souvenirs, et qui plus est
de souvenirs infidèles : il est ce qui reste quand on a oublié tout le
reste.
Le Paradis, c’est l’enfance avec ses senteurs de foin ses
tartines de confiture, et les histoires que racontait Grand-mère pour s’endormir
(1).
Le Paradis, c’est le parfum de la femme que nous avons
pour la première fois tenue serrée dans nos bras.
Le Paradis, c’est quand la baguette de pain ne coutait
que quelques centimes, du temps où le franc existait encore…
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(1) A noter : ça marche aussi avec les tartines de Nutella
et le club Dorothée.