Tuesday, April 30, 2013

Le 1er mai 2013


« Conformément à sa règle, La Citation du jour suspend son activité le 1er mai pour cause de fête du travail. »

STOP !!!

La France est en danger – C’est la mobilisation générale, contre le chômage galopant, contre la baisse du niveau de vie, etc…

Aujourd’hui 1er mai, à titre d’exemple, et puis ensuite tous les jours, vous avez deux devoirs patriotiques :

- premièrement travailler durement pour gagner un maximum d’argent (aujourd’hui, faute de mieux faites-vous vendeur de muguet ou bien lavez les parebrises aux feux rouges).

- deuxièmement vous aller prendre tout cet argent et vous allez le dépenser en achetant français : pour en être sur achetez du roquefort – et puis du vin de bourgogne et du saucisson de Lyon ? Oui, ça marche aussi.

Défense de paresser et défense de porter vos sous à la banque – même chez l’écureuil.

o - o - o

J’apporte donc ma contribution à la défense de la France :

Citation du 1er mai 2013

… le Père fut sage / De leur montrer avant sa mort / Que le travail est un trésor.

La Fontaine – Le laboureur et ses enfants

Monday, April 29, 2013

Citation du 30 avril 2013



Il y a un pays merveilleux qui, avec la Grèce, est le paradis de la pédérastie, c'est l'Italie. Et cela pour plusieurs raisons: une jeunesse nombreuse, une grande liberté, et un phénomène à moitié admis, car les Italiens sont essentiellement bisexuels.
Roger Peyrefitte – Propos secrets (1977)
(Ce Post s’est documenté largement sur l’article
 pédérastie de Wikipédia. Belle enquête lexicologique et iconographique)
La Grèce antique a présenté par rapport à l’homosexualité masculine deux particularités :
            - d’abord elle l’a tolérée voire même encouragée entre adulte et jeune adolescent.
            - ensuite elle l’a reliée à des rapports pédagogiques entre maitre et élève (ce dernier devant subir les assauts du premier).
Bref, tout ce qui nous fait horreur et constitue un crime aujourd’hui parait avoir été sinon vertu, du moins conciliable avec une bonne réputation.
Faut-il lever les yeux au ciel et citer Pascal : Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ?
Ce relativisme serait bien malvenu de nos jours. Il est vrai que notre tolérance à l’égard de la pédérastie est tombée à zéro : déjà beaucoup d’entre nous ont tendance à avoir des spasmes phobiques en présence du fait homosexuel (masculin, je le répète). Mais si en plus on ajoute la jeunesse du partenaire, on a vite fait d’appeler la police – de l’adolescence on passe à l’enfance, le pédéraste devenant du coup un pédophile.
--> Cette citation de Roger Peyrefitte pour rappeler qu’il n’y a pas si longtemps (disons : les années 70), on pouvait avouer des relations avec un jeune garçon (Peyrefitte a eu un amour passionné non-platonique et public avec un jeune garçon de 12 ans et demi (1)). Aujourd’hui on l’aurait trainé devant les tribunaux. C’est ce qu’on a cherché à faire à l’encontre de Dany Cohn-Bendit quant on retrouva le livre où il racontait avoir été l’objet d’avances sexuelles de jeunes garçons durant son activité dans un jardin d’enfant – en 1975
Oui, après tout : le balancier, après avoir été très loin en direction de la tolérance revient vers l’intolérance. Les actes homophobes actuels sont là pour en témoigner. Jusqu’où ira le balancier ?
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(1) C'est au cours du tournage en l'abbaye de Royaumont que Roger Peyrefitte tomba amoureux d'Alain-Philippe Malagnac, qui avait alors douze ans et demi. Leur liaison passionnée dura plusieurs années et fut le sujet, entre autres, des récits Notre amour et L'Enfant de cœur. (Wikipédia)

Sunday, April 28, 2013

Citation du 29 avril 2013



Ce sont les hommes qui font l’histoire, mais ils ne savent pas qu’ils la font.
Marx
Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux: ils la font dans des conditions directement données et héritées du passé.
Marx – Le 18 Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte
La seconde citation peut servir à commenter la première. Celle-ci d’ailleurs est de provenance douteuse : il se pourrait qu’elle ne soit qu’un « résumé » de la pensée de Marx ; en tout cas je ne me souviens pas de sa référence exacte – en a-t-elle une seulement ?
Bref : cette phrase me trotte dans la tête quand je vois l’effroi qui commence à saisir mes compatriotes devant la dégringolade de la France, tant au point de vue économique que social – quant au point de vue politique, soyons charitables : n’en parlons pas
Que faisons-nous pour sortir des difficultés qui sont les nôtres ? Entre volonté d’imiter les autres pays (de Scandinavie ou l’Allemagne), et la dénonciation du rôle du capitalisme financier, rien ne parait devoir nous freiner notre chute ; il est vrai qu’on veut des résultats tout de suite, alors que l’économie, si elle se redresse, ne le fait que peu à peu.
Alors, suivons Marx : tirons les leçons du passé pour inventer l’avenir. Et donc : même ce que nous allons inventer va interagir avec le passé et ne réussira que si le « mélange » est viable.
Un exemple ? Faut-il faire tourner la planche à billet pour rembourser nos dettes, comme le font les USA, et sans doute aussi le Japon ? L’Allemagne, tirant les leçons du passé (crise du mark de 1922) s’y oppose formellement. Faut-il apurer ces dettes par l’austérité même au risque de faire voler en éclat le pacte social ? La France ne saurait y souscrire, toute son histoire d’après-guerre étant construite à l’encontre de cela.
Et puis aussi, l’histoire c’est le lieu de ce qui n’est plus : la sidérurgie, l’industrie qu’elle soit petite ou grande, automobile ou textile… Faire l’histoire quand celle-ci se défait, voilà qui est vraiment difficile !

Saturday, April 27, 2013

Citation du 28 avril 2013



Dans une fille, quand on ne se souvient que d'un détail, c'est qu'on est tombé amoureux.
Daniel Picouly – L'Enfant léopard
Allongé sur mon lit, je faisais défiler sur mon plafond les moments de cette rencontre. Je m'arrêtais sur chaque instant, en extrayais toutes les informations, toutes les émotions. J'avais tout aimé chez elle : ses gestes, son sourire, ses expressions, ses mots. Vision romantique, j'en étais conscient, car rien de tout cela n'avait été si unique. Mais j'étais heureux de m'abandonner à cette chaleureuse et mièvre approche qui consiste à humer tous ces détails avec la satisfaction d'y trouver toutes les raisons d'être amoureux.
Thierry Cohen – Longtemps, j'ai rêvé d'elle.

Supposons que vous écriviez un roman : votre héros tombe amoureux et vous allez décrire le moment où son regard s’attarde sur l’objet de son amour. Comment allez-vous faire ?
- Décrire objectivement ce corps pour en déduire l’émotion amoureuse ? Sûrement pas : ce serait d’une confondante platitude !
- S’attarder sur la silhouette qui revient en souvenir comme un rêve dans la nuit ? Pourquoi pas ? Mais on n’est vraiment pas dans la dimension du coup de foudre.
- Donner à voir la nuque de la belle ou son profil aperçu pour la première fois au théâtre, dans le miracle de la musique qui s’élève dans la peine-ombre d’une ouverture d’opéra…
Trop élitiste ? Alors évoquons son regard quand elle porte son smartphone à l’oreille et qu’elle répond à l’ami qui lui parle ? Ou encore la couleur de son chemisier ? Ou le ceinturon de son jean ?
Non ? Toujours pas ? Alors sa cheville nue  portant une fine chainette en or ?
Bref : de toute façon, l’amour se vit intensément dans des infimes détails et c’est comme cela qu’on peut le faire goûter en évitant le flou d’une évocation du charme, de la beauté, de la virilité ou de la féminité – pris en bloc.
Votre roman peut aussi s’égayer d’un débat : l’amoureux se demandant si trop de détails ne détruisent pas le sentiment. Ne faudrait-il pas – comme le suggère Daniel Picouly qu’il ne s’émeuve que d’un seul détail, celui qui résume à lui seul l’être aimé tout entier ?
Mais voilà Thierry Cohen qui explique que ces détails, dans leur diversité, sont précisément ce qui donne de la chair à l’amour – même s’il n’est pas encore charnel. Les détails qui font le charme de l’aimé(e) sont ce qu’on ne consomme pas (à la différence de l’amour charnel justement) mais ce qu’on hume avec délectation.
--> Ce que le flirt fait avec plusieurs filles (ou garçons), l’amoureux (-se) le fait avec un(e) seul(e).

Friday, April 26, 2013

Citation du 27 avril 2013



La bise de Grignan [= qui règne à Grignan, en Provence] ....  me fait mal à votre poitrine.
Marquise de Sévigné – Lettres (1646-1696), à Mme de Grignan (sa fille), 29 décembre 1688 (Lettre 274 à lire ici – attention aux coquilles !)

Les mamandises… On en parlait hier comme de ces préceptes péremptoires de nos mamans qui ont fini par se mêler si intimement à notre mémoire que notre personnalité les intégrées comme un constituant personnel.
Il est temps maintenant d’en donner un exemple. Il y a peu de mamans qui ont donné tant de preuve de leur tendresse maternelle que madame de Sévigné. Ici elle écrit à sa fille, partie loin d’elle à Grignan (dans la Drôme) région exposée au vent de bise (ce que l’on appelle aujourd’hui le mistral)
La bise de Grignan … me fait mal à votre poitrine : on pense à cette phrase (citée dans la définition en bas de page du document publié hier) qui parait recouper celle de Madame de Sévigné : Couvre toi, j’ai froid.
De quelle mamandise s’agit-il aujourd’hui ? D’un interdit ? Non, certes. D’un précepte moral ? Pas plus. Il s’agit de cette certitude de la maman de ressentir en elle ce que doit ressentir son enfant. La douleur est sans doute l’une des plus intimes expériences que l’on puisse faire de son propre corps. Et voilà qu’elle s’éveille en survenant d’un autre corps, un corps tellement proche de soi qu’on ressent en soi les souffrances en lui : entre celui-ci et celui-là, la frontière s’est effacée. Plus encore que de l’empathie, c’est un état fusionnel.
Mais c’est aussi un état que les psys nomment le transitivisme – non pathologique il est vrai (1).
Comme le disent les psys il s’agit pour la maman de faire que son savoir se transforme en demande du petit. (Voyez en annexe un extrait de l’article de Bergès et Balbo en introduction à Lacan)
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 (1) Transitivisme pathologique : « Transfert d'une sensation ou d'un sentiment sur un objet ou une personne extérieure, reposant sur la perte des limites strictes entre le sujet et le monde extérieur »
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Annexe :
Du côté de la mère : il est … d’observation commune qu’à la vue de son enfant en danger de tomber, par exemple, ou qui vient de faire une chute et n’en manifeste rien, elle s’en trouve affectée et n’hésite pas à lui exprimer son affect de douleur, de manière certes démonstrative, mais surtout parfaitement articulée et démontrée dans la parole. Et ce qu’elle éprouve et exprime par-là est une certitude parce qu’elle soutient son affect d’un réel. …
[Traduction ] : Le transitivisme n’est pas seulement ce que la mère éprouve et démontre, c’est aussi ce processus qu’elle engage, quand elle s’adresse à son enfant parce qu’elle fait l’hypothèse d’un savoir chez lui, savoir autour duquel son adresse va circuler comme au tour d’une poulie, pour lui revenir sous la forme d’une demande, demande qu’elle suppose être celle d’une identification de son enfant au discours qu’elle lui tient.
Jean Bergès et Gabriel Balbo – En quoi consiste le transitivisme?