Monday, September 30, 2013

Citation du 1er octobre 2013



Le désir de l'homme trouve son sens dans le désir de l'autre ... parce que son premier objet est d'être reconnu par l'autre.
Jacques Lacan – Ecrits
Récemment, nous découvrions à la suite de Miss.Tic la joie d’être désiré. Poursuivons aujourd’hui avec Lacan.
J’ai entendu un psy dire à la radio (dans une émission de confession publique) que le fait de ne plus être aimé, ne devrait pas être traumatisant : après tout si le désir qui s’était fixé sur nous est parti musarder ailleurs, ce n’est pas trop grave, parce qu’être désiré, c’est être l’objet d’un fantasme, rien de plus.
Eh bien non – être désiré, ce n’est pas rien : c’est être reconnu par l’autre.
Inutile de convoquer l’Amour – avec un grand A – et ses jeux si pervers. Etre désiré, c’est être reconnu comme désirable, c’est-à-dire comme quelqu’un qu’on aime sans doute, mais aussi qu’on peut envier, ou admirer.
Être reconnu c’est recevoir d’autrui la confirmation de la valeur que nous aimons en nous (1). La jouissance du désir est alors strictement narcissique. J’aime être aimé parce que d’abord, je m’aime moi-même. On le voit bien quand on considère la jalousie : je suis blessé que celui qui m’aime en aime un autre plus que moi : le nouvel élu a donc plus de valeur que moi ? C’est ainsi qu’on peut être jaloux même ce celui qui nous aime sans qu’on l’aime en retour : si, lassé de notre froideur il va chercher ailleurs, son indifférence est quand même une blessure.
Peut-on, comme certains, dire : « peu importe qui nous aime, ce qui compte c’est qu’il serve de relai et qu’il nous renvoie notre valeur en écho – un peu comme la lumière que nous recevons de la lune n’est que le reflet de celle du soleil » ?
On l’a cru quand on considère que certaines sommités intellectuelles se trouvent flanqués de femmes parfaitement idiotes – comme Rousseau avec Thérèse (2).
Mais je crois que ces femmes n’étaient pas là pour le désir ni pour l’admiration. Elles ne comblaient pas un désir narcissique, mais plutôt un besoin : celui d’être materné.
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(1) Ah !... La déception de l’amant qui entend de sa Dulcinée lui dire : « Je t’aime, mon amour, pour ce regard perdu d’enfant abandonné, quand je peux te serrer contre mon cœur et te consoler. » - lui qui s’imaginait qu’on l’aimait pour sa grosse machine. 
(2) Qu’on me pardonne cette injustice à l’égard de Thérèse Levasseur : même déformée cette image recèle une part de vérité : certains conférenciers venus pour un séminaire arrivent parfois accompagnés de telles femmes.

Sunday, September 29, 2013

Citation du 30 septembre 2013



Nous ne savons pas en vérité ce que sont les mondes. Mais nous pouvons guetter les signes de leur fin.
Jérôme Ferrari – Le sermon sur la chute de Rome (éd. de poche Babel, p. 198)
On perçoit plus facilement le changement que l’immobilité. C’est ainsi que nous ne connaissons pas vraiment le monde que nous habitons, mais  nous pourrons savoir quand et comment il s’abîmera dans le néant.
Il y a plusieurs façons de concevoir les signes à guetter :
- la façon Apocalypse : éclairs, tremblements de terre, trompettes du Jugement dernier, cavaliers semant la maladie et la mort, etc… (1)
- et puis il y a la façon « forêt tropicale », avec son lent pourrissement dans la touffeur humide et pestilentielle de l’air. La mort y est lente mais assurée. On meurt en croupissant.
Brrrrr ! Ça, c’est la façon Jérôme Ferrari : dans son village Corse, point de touffeur humide, pas de serpents ou de scorpions insinués dans la chaussure du matin. Mais de l’immobilité, de la solitude, et surtout la certitude que rien ne changera sinon par l'effet d'une inexorable décrépitude : ce monde est vieux, et il ne risque pas de rajeunir.
Autrement dit et pour corriger ce que nous disions plus haut, il peut se faire que l’immobilité devienne perceptible, mais alors elle a l’aspect de la mort.
Question : la Corse de Ferrari n’est-elle pas l’image de la France dans son ensemble ? Cessant d’être une ile, n’est-elle pas en train de conquérir de l’espace, jusqu’aux frontières de l’Hexagone ?
Re-Brrrrrrr…. Comment échapper au désespoir ?
Réponse : grâce à saint Augustin et à son Sermon sur le sac de Rome. Augustin reprend le stoïcisme en remplaçant la Nature par Dieu : inutile de nous révolter contre ce que Dieu a voulu de toute éternité. Il nous a voulu périssables, certes, mais il veut aussi que le monde dans lequel nous vivons soit également périssable : reconnaissons-le, et louons Dieu de nous permettre, par les souffrances qu’il nous inflige,  de racheter nos péchés (2).
Re-Re-Brrrrrrrrrrrr… Comment notre époque moderne qui délaisse Dieu et le péché parviendra-t-elle à éviter ces effrois de fin du monde ?
Réponse : en changeant, en bougeant, autrement dit : en réformant.
Et nous revoilà en plein discours politique : ça au moins, ça ne change pas.
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(1) Voir la gravure de Dürer ici.
(2) Saint Augustin répond ainsi au sentiment de révolte des fidèles : « Pourquoi Dieu frappe-t-il la Rome chrétienne alors qu’il a laissé intacte en son temps la Rome païenne ? »

Saturday, September 28, 2013

Citation du 29 septembre 2013



Etre l’objet du désir, pas sa chose.
Miss.Tic – Exposition Les Uns et les Unes (Du 26 septembre au 20 octobre 2013 Vernissage le 3 Octobre 2013 Galerie W 44 rue Lepic Paris)


7 Citations : choisissez la vôtre ! Pour moi c’est vite fait, car je sais que Miss.Tic est une Grande prêtresse de l’Amour.
Etre la chose du désir, c’est lui être soumis, comme une marionnette qu’il manipulerait. Celui qui est devenu la « chose » du désir, est gouverné par son propre désir, disons comme dans la passion, quand celle-ci s’est emparé de la volonté et qu’elle conduit le passionné à sa perte.
Etre l’objet du désir, c’est être désiré. Le désir habite l’autre, et c’est lui qui fait de nous l’objet désirable que nous sommes devenus (peut-être seulement pour lui). Alors certes, nous ne gouvernons pas plus ce désir que lorsque nous sommes sa chose, mais on considère généralement qu’il est bon d’être aimé, et qu’on est bien à plaindre quand le désir dont nous étions l’objet est allé voir ailleurs ; et nous plaignons encore plus ceux qui vivent sans êtres désirés.
Maintenant, regardons un peu les 6 autres devises réunies sur ces  « Unes » :
- A la une de Glamour, la Muse en Louboutin ruse – dangereuse dans ses rapports : elle séduit avant de tuer. Etre l’objet d’un tel désir, c’est jouir d’être victime de l’amour…
- Mais heureusement, il y a la Miss de marie claire, qui se borne à découcher – faute d’avoir pu délocaliser son mari. Elle, elle ne tue pas : si elle devient objet d’amour, c’est une ruse de séductrice – car la séduction c’est donner à croire qu’on est objet passif alors qu’on est sujet actif.
Oui, en effet, Miss.Tic est maitresse en séduction, tout comme Diotime de Mantinée auprès de la quelle Socrate lui-même ne rougissait pas de prendre des leçons.

Friday, September 27, 2013

Citation du 28 septembre 2013



C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches.
Victor Hugo – L’homme qui rit (cité par le journal l’Humanité lors de l’annonce du budget 2014)
L’idée de Victor Hugo est on ne peut plus simple : on ne devient riche qu’en dépouillant les pauvres, non pas de leur argent – ils n’en ont pas – mais de leur travail, source de profits. Cette thèse a été largement popularisée par Marx : l’« enfer » du sur-travail est source du « paradis » de la plus-value empochée par le capitaliste. (1)
Reste qu’on peut tout de même émettre quelques doutes – et en particulier celui-ci : Arthur Young qui voyageait en France entre 1787 et 1789 (2) observait que la paysannerie y était tellement misérable qu’elle constituait un frein au développement économique et donc à la richesse des riches (notons que si la thèse évoquée par Hugo date du 19ème siècle, celle de Young quant à elle date du 18ème). A cette époque, les paysans des campagnes Françaises végétaient dans une misère inimaginable pour notre voyageur anglais.
Il n’y a de création de bien que quand les marchandises circulent, c’est à dire quand il y a un acheteur en face d’un vendeur. Selon Marx, les patrons capitalistes donnent un salaire juste suffisant pour maintenir en vie leurs ouvriers – afin qu’ils poursuivent leur travail à l’usine. Ce n’est certes pas par philanthropie que les patrons d’aujourd’hui leur donnent un peu plus, mais bien pour qu’ils puissent consommer ce qu’ils produisent : sinon qui donc les achèterait ?
Bon. – Traduisons en termes contemporains pour ceux qui s’interrogeraient encore : l’enfer des pauvres c’est l’austérité. Austérité qui est nécessaire pour rembourser la dette qui va gonfler les poches des riches banquiers. Sauf que : si l’austérité ruine les pauvres, ils deviennent insolvables et ne peuvent plus servir de vache à lait pour les riches. L’exemple de la Grèce est éloquent : les grecs ne sont plus bons à enrichir les riches qui doivent inverser le cours de l’argent pour les renflouer et qu’ils re-deviennent capables de cotiser au Grand Marché mondial des capitaux.
Encore une contradiction interne du capitalisme – que Marx n’avait pas connue en son temps…
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(1) Si j’en crois ce qu’on nous dit des conditions de travail des ouvriers népalais sur les chantiers du foot au Qatar, cet enfer subsiste toujours.
(2) Arthur Young – Voyages en France 1787-1789 (Réédité en Poche chez Texto)

Thursday, September 26, 2013

Citation du 27 septembre 2013


Quelle est la supériorité sur laquelle le Coran et la Bible sont d'accord? - - Celle de l'homme sur la femme. - - Vous partagez cet avis, monsieur Yanne? - - Non. Je trouve que pour faire la vaisselle la femme est meilleure!
Jean Yanne – J'me marre
Encore un préjugé bien machiste… Heureusement, La Citation-du-jour veille !
Dans un élan de justice, nous notions hier qu’il faudrait un contrat pour savoir si l’épouse aurait – ou non – à faire la vaisselle. Il pourrait comporter une clause comme celle-ci :
- Contre rémunération (à fixer ci-après) ou contre un échange de service, madame acceptera de faire la cuisine, la vaisselle, le ménage et l’entretien du linge.
… Mes lectrices elles ne manqueront pas d’observer qu’un contrat ça peut être réversible : l’époux pourrait accepter de rendre un service d’homme de ménage en échange d’une rétribution appropriée.
Oui mais, justement : en échange de quoi les hommes accepteraient-ils de faire la vaisselle à la place de madame ?
Les sociologues se sont penchés sur la question et ils l’ont découvert : les hommes qui font la vaisselle ont une meilleure vie sexuelle.
Vous ne me croyez pas ?
Allez sur ce site, et vous lirez que, selon monsieur Coleman, sociologue, « Les femmes disent ressentir plus d’attirance sexuelle et plus d’affection envers leurs maris s’ils participent aux tâches ménagères ».
Vous ne me croyez toujours pas ? Alors, regardez cette photo, issue du même site :


Le large sourire du monsieur ainsi que sa tenue d’homme-à-tout-faire vous le prouvent : effectivement, les hommes qui font la vaisselle doivent être prêts à éteindre le feu qu’ils sont en train d’allumer.