Le désir de l'homme trouve son sens dans le désir de
l'autre ... parce que son premier objet est d'être reconnu par l'autre.
Jacques Lacan –
Ecrits
Récemment, nous découvrions à la suite de Miss.Tic la
joie d’être désiré. Poursuivons aujourd’hui avec Lacan.
J’ai entendu un psy dire à la radio (dans une émission de
confession publique) que le fait de ne plus être aimé, ne devrait pas être
traumatisant : après tout si le désir qui s’était fixé sur nous est parti
musarder ailleurs, ce n’est pas trop grave, parce qu’être désiré, c’est être
l’objet d’un fantasme, rien de plus.
Eh bien non – être désiré, ce n’est pas rien :
c’est être reconnu par l’autre.
Inutile de convoquer l’Amour – avec un grand A – et ses
jeux si pervers. Etre désiré, c’est être reconnu comme désirable, c’est-à-dire
comme quelqu’un qu’on aime sans doute, mais aussi qu’on peut envier, ou
admirer.
Être reconnu c’est recevoir d’autrui la confirmation de
la valeur que nous aimons en nous (1). La jouissance du désir est alors strictement
narcissique. J’aime être aimé parce que d’abord, je m’aime moi-même. On le voit
bien quand on considère la jalousie : je suis blessé que celui qui m’aime
en aime un autre plus que moi : le nouvel élu a donc plus de valeur que
moi ? C’est ainsi qu’on peut être jaloux même ce celui qui nous aime sans
qu’on l’aime en retour : si, lassé de notre froideur il va chercher
ailleurs, son indifférence est quand même une blessure.
Peut-on, comme certains, dire : « peu importe
qui nous aime, ce qui compte c’est qu’il serve de relai et qu’il nous renvoie
notre valeur en écho – un peu comme la lumière que nous recevons de la lune
n’est que le reflet de celle du soleil » ?
On l’a cru quand on considère que certaines sommités
intellectuelles se trouvent flanqués de femmes parfaitement idiotes – comme
Rousseau avec Thérèse (2).
Mais je crois que ces femmes n’étaient pas là pour le
désir ni pour l’admiration. Elles ne comblaient pas un désir narcissique, mais
plutôt un besoin : celui d’être materné.
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(1) Ah !... La déception de l’amant qui entend de sa
Dulcinée lui dire : « Je t’aime, mon amour, pour ce regard perdu
d’enfant abandonné, quand je peux te serrer contre mon cœur et te
consoler. » - lui qui s’imaginait qu’on l’aimait pour sa grosse
machine.
(2) Qu’on me pardonne cette injustice à l’égard de
Thérèse Levasseur : même déformée cette image recèle une part de
vérité : certains conférenciers venus pour un séminaire arrivent parfois accompagnés
de telles femmes.