Tuesday, July 31, 2007

Citation du 1er août 2007

Sur les chaînes nationales, on constate que le fait divers l'emporte parce que l'émotion prime sur l'analyse: à peu près tout ce qui paraît complexe est banni de l'information télévisée.

Christine Ockrent - Les dossiers de l'Audiovisuel

Il est de bon ton de critiquer les « média », responsables d’à peu près tout ce qui déraille ici ou là : c’est ainsi que les cas de dopage des cyclistes sont attribués à l’impact médiatique du Tour, comme on a jugé que les erreurs judiciaires d’Outreau n’étaient que la conséquence de la pression malsaine des journalistes pour découvrir et étaler du hideux et du répugnant (voir Post du 15 février 2006).

Christine Ockrent avec son sang froid habituel fait retomber la pression : ne croyez pas que cette tendance résulte systématiquement d’une passion des journalistes pour la fange ; ne croyez pas non plus que ce soit une réponse à une telle passion dans leur public (du moins s’agissant de l’info Télé nationale). Non. La recherche de l’émotionnel est tout simplement la recherche de ce qui est le plus facile à faire passer.

Tout ce qui est analyse ou réflexion est valorisé et fui dans le même mouvement : c’est intéressant, mais qu’est-ce que c’est chiant ! Arte : chiant. France-Cul. : chiant. Emission d’analyse et de débat : après 23 heures pour endormir les insomniaques.

Paresse ? Solution de facilité ? Désir d’avoir quelque chose à dire même quand on n’a pas grand chose à dire ?

On peut le dire… Mais peut-être faudrait il mettre en cause une certaine forme de narcissisme. Le raisonnement est impersonnel : il n’est mon raisonnement que dans la mesure où je viens de le produire ; maintenant, que quiconque le reprenne et le redise, et il ne sera plus le mien - ni le sien d’ailleurs. Pas plus que le Théorème n’est à Pythagore, ce que je viens de démontrer n’est à moi. En revanche, mon émotion, mon indignation devant ces salopards de cyclistes ou de pédophiles, là, oui : ce n’est pas seulement à moi. C’est moi.

Citation du 31 juillet 2007

Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres. (1)

Nicolas Sarkozy - entretien avec El Watan - 10 juillet 2007

Repentance : manifestation publique du sentiment de repentir pour une faute. C’est un concept religieux, illustré dans l’histoire récente par Jean-Paul. II, faisant acte de repentance pour les fautes commises par l’Eglise envers les Juifs.

Au sens stricte, la repentance est en effet religieuse, là où sont codifiés des actes précis de contrition, visant à la réconciliation avec Dieu. On relie la repentance à son origine biblique par l’intermédiaire du terme grec qu’il traduit : <metanoia> qui signifie une mutation de la pensée, ou plutôt à son retour en arrière. Faire acte de repentance, c’est revenir sur ses fautes (ou péchés) pour modifier sa conscience ("change of mind and heart" dit Wikipedia).

Bref, si on récapitule, la repentance suppose que ce soit l’auteur de la faute qui se repent ; et qu’il soit possible de faire « marche arrière ».

1 - On voit qu’en matière de repentance publique - entendez collective pour un pays entier - celle-ci doit être l’œuvre de ceux-là mêmes qui ont commis la faute. La repentance pose donc un problème plus historique que moral : par exemple, la République française ne peut faire repentance de la rafle du Vel d’hiv qu’à condition d’être solidaire de l’Etat français. Il faut une institution permanente à travers les siècles comme l’Eglise pour demander pardon aux Juifs des misères qu’elle leur a occasionné depuis le moyen-age.

2 - En suite, la repentance est clairement un concept religieux et non moral : en effet le pardon suppose la réversibilité de la faute, qui elle même suppose un Dieu capable de pardonner. Dans les exemples cités, la faute, quand elle appartient au passé, est irrécupérable, parce qu’il n’y a plus personne pour pardonner.

3 - En matière de politique, le pardon n’a guère de sens ; seule la réparation matérielle peut avoir un sens. Allons nous indemniser les victimes de l’esclavage ? Autant dire qu’on ne parle plus du tout de la même chose…

(1) Je laisse de côté la « concurrence des mémoires » : un gros problème, ça me suffit.

Une question au passage : c’est qui la plume de Sarkozy ? Glucksmann ??

Sunday, July 29, 2007

Citation du 30 juillet 2007

Les mots font l'amour.

André Breton - Les Pas perdus

Oui, je sais : comme moi vous avez cru qu’il s’agissait d‘un aphorisme accompagnant un pochoir de Miss.Tic. Hé bien non, c’est au Pape du Surréalisme en personne que nous devons cette formule. N’empêche : j’aimerais bien voir le pochoir que la Miss inventerait pour l’occasion…

Alors vous croyez que André Breton veut dire que pour séduire il faut baratiner ? Que c’est la tchache qui va faire basculer la minette dans votre lit ? Quel petit bourgeois vous faites ! Heureusement que je suis là pour vous remettre dans le droit chemin.

Je vous l’accorde, votre erreur est excusable. On pourrait dire en effet que les mots sont un élément de séduction indispensable : qu’on songe à Cyrano, prêtant le pouvoir de son verbe à Christian pour séduire la belle Roxane… Mais c’est encore insuffisant pour rendre compte de la formule de Breton.

Pas de doute : Les mots font l'amour, c’est d’abord l’affirmation d’un créateur qui a placé le pouvoir de l’imagination au dessus de tout autre. Les mots créent, ils créent par leur propre puissance, ils enfantent du sens en se culbutant les uns sur les autres. Ce sont bien les surréalistes qui ont inventé l’écriture automatique : est-ce que c’est autre chose que de l’accouplement de mots ? Parce que voyez-vous, les mots, si vous les tenez en captivité, comme des fauves dans une cage de cirque, jamais ils ne vous feront des petits. Il faut les lâcher en liberté, c’est à dire les libérer du contrôle de la raison, pour qu’enfin à leur tour ils libèrent toute leur puissance créatrice.

Encore un exemple ? Voyez le jeu du « cadavre exquis » : le hasard seul est à l’œuvre ; le sens qui en résulte ne doit rien à une intention signifiante.

Dans le jeu de l’opposition entre la philosophie et la poésie, chez les Surréalistes c’est la raison - la rationalité - qui se trouve au banc des accusés. C’est elle qui empêche l’invention et la création, c’est par elle que s’institue la censure quand les mots se mettent à faire l’amour.

Les mots ne feraient donc pas l’amour chez les philosophes ? Lisez plutôt Nietzsche.

Saturday, July 28, 2007

Citation du 29 juillet 2007

La liberté et la fraternité sont des mots, tandis que l'égalité est une chose.
Henri Barbusse
- Voyez l’injustice : qu’un élève écrive ça dans sa dissert de philo, et je lui mets un gros point d’interrogation en rouge dans la marge. Quand c’est Barbusse qui écrit : «l'égalité est une chose », je comprends tout de suite qu’il veut dire : « l’égalité est un rapport entre les choses » …
Barbusse nous dit donc que la liberté est un simple mot, la fraternité aussi - supposons que ce soit parce que chacun en a une définition particulière. Mais l’égalité, c’est clair et net : c’est - par exemple - autant d’argent dans mon porte monnaie que dans celui de mon voisin, et du voisin de mon voisin. Façon de dire que la devise de la République Française devrait être réexaminée et retaillée pour que l’essentiel soit préservé : d’abord l’égalité, ensuite le reste.
- Mais au fond, peut-être que c’est là un mauvais procès : l’égalité débouche sur la liberté, dans la mesure où dans une démocratie, personne n’étant au-dessus des lois, la liberté est préservée.
- Soit : mais il s’agit alors de l’égalité de droit. Mais ce dont parle Barbusse, c’est l’égalité de fait. Et ce qu’il faut dire alors, c’est que l’égalité n’est en soi ni un bien, ni un mal : puisque ce n’est qu’un rapport, sa valeur dépend des termes entre les quels il y a rapport.
Exemple : nous sommes tous égaux devant la mort, c’est la seule certitude que nous ayons. N’y aurait-il pas quelqu’un pour dire «Crevez si vous voulez ; moi, j’aimerais mieux être immortel » ?
Ou bien : le nivellement social peut s’opérer par le bas, comme dans le bidonville de Calcutta où le seuil de la pauvreté passe largement au dessus des revenus de la majorité de la population. Allons nous écrire sur nos drapeaux : « Egalité dans la misère ! ».
Mais foin de tout cela… Nous vivons à l’époque du libéralisme triomphant, où l’égalité (économique) est justement synonyme de misère. Ne demandez pas l’égalité, demandez la prospérité… des riches, en espérant que les miettes de leur fortune retombera en pluie d’or sur tous les pauvres.
Alors, Notre Président, tant qu’à faire de rompre avec le passé, devrait mettre au concours une refonte de la devise de la République Française (5 ou 6, ou 5bis, peut importe). J’attends vos propositions.
- « Enrichissez-vous » : ça vous irait ?

Friday, July 27, 2007

Citation du 28 juillet 2007

La cécité aux inégalités sociales condamne et autorise à expliquer toutes les inégalités, particulièrement en matière de réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de dons.

Pierre Bourdieu - Les Héritiers (1964)

Commentaire 2

inégalités sociales… inégalités naturelles…

Après la pédagogie, la politique.

Les inégalités naturelles sont des écarts irrécupérables entre les individus. Exemple : à chaque fois que vous construisez une bibliothèque, vous donnez plus de chance à celui qui est capable de lire et vous accroissez l’écart qui le sépare de celui qui en serait, à tout jamais, incapable.

Admettons, comme Bourdieu, que les inégalité « naturelles » résultent en fait d’inégalités sociales (voir là dessus le Post d’hier et celui du 22 août 2006). Alors, chaque fois qu’on laisse en friche les dons de nos bambins, c’est Mozart qu’on assassine. La casse sociale, ça fait aussi de la casse chez les enfants.

Normalement, la politique, ça sert à ça : éviter la casse sociale, et sauver le petit Mozart à chaque fois qu’on en trouve un. Malheureusement, chacun sait qu’il n’en est rien.

… Mais les politiques, pour pouvoir se regarder dans la glace en se rasant le matin (1), ont trouvé la parade : faute de savoir éviter la casse sociale, ils ont eu l’idée de demander aux éducateurs de la réparer, ou du moins de la rendre moins voyante.

On a donc mis en place des stages de formations pour les profs, instits, éducateurs de tout poil. On a appelé ça : « Gérer l’hétérogénéité ». Et pour bien montrer que ça marche, on a valorisé la filière unique, disant aux les jeunes enseignants qui, effarés des enfants qu’on leur confie, réclament le rétablissement des filières : « C’est parce que vous ne savez pas faire. Ne baissez pas les bras. Venez vous former, vous verrez que ça marche. D’ailleurs on va vous montrer un de vos collègues qui réussit parfaitement dans le 9-3 ».

J’arrête là, parce que je sens que je vais m’énerver.

(1) Ajouter : « ou en se mettant du fond de teint » (correction du Ministère de la Parité)

Thursday, July 26, 2007

Citation du 27 juillet 2007

La cécité aux inégalités sociales condamne et autorise à expliquer toutes les inégalités, particulièrement en matière de réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de dons.

Pierre Bourdieu - Les Héritiers (1964)

Commentaire 1

"…réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de dons…"

- Alors ça y est ? Votre petit dernier va entrer à la grande école en septembre ? Oui, je sais vous êtes anxieux de voir comment il va s’adapter. Mais un enfant qui sait déjà pratiquement lire à l’entrée du CP - même qu’il a appris tout seul n’est-ce pas ? - vous n’avez pas de souci à vous faire : c’est un surdoué, c’est sûr…

Vous êtes comme moi sans doute : vous en connaissez des enfants qui ont été définis par leurs parents comme des petits génies. J’en ai même connu qui cherchaient à leur faire ignorer leur génialité : « c’est lourd à porter… » disaient-ils. Ce qui était le plus lourd à porter, pour le malheureux enfant, c’était le choc de l’échec (par exemple en arrivant en seconde au lycée) : en découvrant qu’il n’était pas ce que ses parents lui avaient fait croire, il n’était plus rien.

Vous avez exactement le même problème avec le cancre, l’imbécile qui ne comprend rien, l’idiot de la famille comme Flaubert : identifié à un néant, le pauvre enfant cherchera peut-être dans la violence le moyen de s’affirmer là où son intelligence le met en échec.

Bien sûr, l’enseignant est en première ligne dans ce combat pour l’égalité. Je dirais même qu’il ne peut enseigner qu’à la condition de souscrire à la formule de Bourdieu : ce qui lui demande du courage parce qu’en cas d’échec, c’est son échec et pas celui de l’intelligence de l’élève.

Par précaution de méthode comme disait Descartes, considérons que nos élèves sont capables d’apprendre ce que contiennent les programmes scolaires. A partir de là, tout n’est question que de métier… et de personnalité. C’est d’ailleurs peut-être la même chose : c’est bien Clemenceau qui disait : « on n’enseigne pas ce qu’on sait, on enseigne ce qu’on est » ?

Mais ça, ce n’est pas ce qu’on enseigne dans les IUFM. Mais c’est comme ça que ça marche.

Wednesday, July 25, 2007

Citation du 26 juillet 2007

De grâce, monsieur le bourreau, encore un petit moment.
Jeanne Du Barry - Lors de son exécution le 8 décembre 1793
Ancienne prostituée, on a dit que la future comtesse Du Barry avait racolé sur tous les ponts de Paris avant de parvenir à la couche royale et de refiler la vérole à Louis XV : les auteurs des "histoires d’amour de l’histoire de France" en ont fait leurs choux gras et ils n’étaient pas les premiers. Faudrait-il revenir sur le jugement sévère qu’on porte sur ces « historiens » qui se bornent à conter des histoires au lieu de donner à comprendre la vie et l’évolution de notre société à travers le temps ?
Pourtant l’histoire pitoyable de madame Du Barry s’humiliant devant son bourreau pour «un petit moment » de vie en plus, a tellement choqué, a tellement ému, qu’on se dit qu’il ne s’agit pas seulement de la petite histoire.
Pourquoi mépriser madame Du Barry ? Lui fallait-il, en plus de mourir, mourir héroïquement ? D’où provient l’émoi qu’elle suscite lorsqu’on l’imagine, frêle oiseau, entre les mains de Samson ? Se représenter la mort comme imminente, ou simplement « certaine » - entendez : celle dont le moment est daté avec certitude - c’est un moment de vérité qui nous parle de nous tout autant qu’il nous parle de la duchesse.
Ni le soleil, ni la mort ne peuvent se regarder en face disait La Rochefoucauld. Et sans doute on contestera cette sentence au nom de la « belle mort », qu’au XVIIème siècle justement, on considérait comme l’issue d’une lente et inexorable agonie au cours de la quelle, voyant la mort venir, le moribond avait le temps de demander à Dieu pardon pour ses péchés. Non, La Rochefoucauld n’en a cure : mourir, c’est s’anéantir, et personne ne peut se représenter le néant (1), sauf à se dire qu’il s’agit de la négation de nous-mêmes. Les orientaux ont résolu ce problème en niant la personne : dès cette vie, nous sommes tous sous le voile de Maya (Post du 25 septembre 2006) ; revenir au brasier dont nous ne sommes qu’une étincelle, voilà qui rend la mort très supportable.
Mais madame Du Barry n’était qu’une coquette. Elle a peur de la mort par narcissisme.
Et nous ?
(1) Là dessus voir Heidegger. (Post du 19 août 2006)

Tuesday, July 24, 2007

Citation du 25 juillet 2007

Sont désormais prohibés, dans les établissements d'enseignement public, «les signes ou tenues qui manifestent ostensiblement l'appartenance religieuse des élèves.»

Loi Ferry sur les signes religieux, adoptée le 15 mars 2004

Loin de moi l’intention de rallumer une controverse qui a d’ailleurs fait long feu, peut-être moins par la force de la loi que par le manque de combativité des intéressé(e)s.

Non, ce Post a pour objet la notion de signe, telle que révélée par la formule « signe ostensible ».

Tout le monde en a discuté, proposant de la remplacer par « ostentatoire », « visible », ou autre encore. Pas un seul n’a demandé au philosophe ce qu’il en pensait (1).

Si cela avait été le cas, le philosophe aurait peut-être pris la voix de Socrate pour demander : « Dis-moi mon bon, ce que tu appelles « signe ostensible », est-ce que ce ne serait pas un signe qui se reconnaît de loin, comme une grande croix, alors qu’une petite serait « discrète » ? Et si c’est le cas, est-ce que par hasard tu ne voudrais pas dire que le signe est ostensible quand il fait signe par lui-même sans que personne ne vienne te dire que c’en est un ? »

Et là, plein de suffisance, vous allez répondre : « Bien sûr Socrate, tout le monde la sait : la loi du 15 mars 2004 le dit : « le législateur a précisé la notion d’«ostensible» : elle concerne «les signes et tenues dont le port conduit à se faire reconnaître immédiatement par son appartenance religieuse», comme «le voile islamique», «la kippa» ou «une croix de dimension manifestement excessive». Les signes «discrets» ne sont pas interdits ». (lire)

Mais en réalité vous êtes tombé dans le piège, parce que ce démon de Socrate n’attendait que ça : « Mais par Zeus, ne voudrais-tu pas dire alors qu’il existe des signes qui n’ont pas besoin d’être institués, ni appris, pour signifier quelque chose ? Est-ce que le voile religieux est comme la pâleur du visage quand tu es en colère ? Et dis-moi encore, ta grand-mère, quand elle faisait le ménage, elle ne mettait pas un foulard sur ses cheveux pour les protéger de la poussière ? »

Alors, vous vous mettez en colère contre Socrate qui fait semblant d’ignorer la différence entre le signe et l’objet réel, pris dans sa relation utilitaire avec le reste de la réalité. Mais vous avez perdu d’avance, parce qu’au fond vous le savez déjà, Socrate a raison : ce qui est ostensible, c’est qui s’impose dans l’épaisseur massive de l’être, et que ça c’est l’objet qui le possède, pas le symbole.

(1) Mille excuses : j’oubliais que l’auteur de la loi était justement un philosophe… Comme quoi ça ne sautait pas aux yeux.

Monday, July 23, 2007

Citation du 24 juillet 2007

L'Amérique a inauguré une tradition où les plus riches consommateurs achètent en fait les mêmes choses que les plus pauvres.

Andy Warhol - Ma philosophie de A à B et vice versa

Vous qui êtes en ce moment sur la plage, au milieu de gens tous plus à poil les uns que les autres, vous savez combien il est difficile de montrer la classe enviable à la quelle vous appartenez, étant donné que la BMW est garée un peu loin, et que la chevalière en or ça fait « m’as-tu-vu ». Que faire ?

Pas de panique ! La solution est simple : tendez une cordelette sur la plage, mettez une pancarte : « Plage privée », installez des transats et des garçons de plage body-buildés, et surtout louez vos emplacements à un prix exorbitant (1). Le tour est joué : vous créez «les plus riches consommateurs » qui vont « acheter en fait les mêmes choses que les plus pauvres », le même sable, le même soleil, le même air, la même mer, le même paysage…, mais pas au même prix.

Alors, à quoi bon un tel gaspillage, si la différence ne tient que dans le prix ? Faut-il que, chez Lidl, en passant à la caisse j’exige de payer la bouteille de vin deux fois son prix parce qu’elle n’est pas assez chère pour mon standing ? Absurde.

Pas tant que ça : Andy Warhol parlait de ce qu’il connaissait bien, lui qui vendait à prix d’or des photos de Marilyne juste coloriées (2). Entre la photo et le portrait, pas de différence, sauf la signature. Autrement dit, il faut un signe ostensible de distinction sociale, et le luxe sous sa forme économique en est un (3). Il y a certes d’autres signes de distinction sociale : la culture, si possible délimitée à un domaine socialement valorisé ferait tout aussi bien l’affaire. Mais il faut que ça fasse signe, et si nécessaire signe ostensible.

… signe ostensible…ça ne vous dit rien ?

Un peu de patience, c’est le sujet de demain…

(1) J’oubliais : mettez une ou deux barmaids brésiliennes ; il en faut pour tous les goûts.

(2) Oui, moi aussi je suis capable d’apprécier le talent créateur de l’inventeur du pop art (pop art : signe ostensible de culture)

(3) Certes le luxe répond à des besoins un peu plus complexes, que nous avons déjà évoqués (Post du 15 janvier 2007). Mais le rôle le plus courant du luxe est de marquer la distinction sociale par un critère économique.

Sunday, July 22, 2007

Citation du 23 juillet 2007

La littérature n'est pas un produit de consommation.

Pavel Hak - Interview sur Evene.fr - Septembre 2006

Madame, Monsieur,

les éditions Cogito vous annoncent le lancement de leur nouvelle collection Philo 2.0.

Vous qui êtes abonné à notre site d’édition en ligne, vous ne manquerez pas d’être sensibles aux avantages d’une telle formule.

En effet, avec le web 2.0 - là où les nouvelles pratiques se développent le plus - nous voyons se créer des communautés d’un genre tout à fait nouveau d’usagers-créateurs. Blogs, Encyclopédies, sites d’Enchères autocontrôlés, la ligne de démarcation entre auteurs et consommateurs s’efface progressivement.

C’est la raison pour la quelle nous proposons l’édition d’ouvrages de philosophie téléchargeables avec les commentaires des lecteurs. L’œuvre va évoluer ainsi avec le temps : au fur et à mesure les lecteurs pourront créer ainsi, pour eux-mêmes et pour les autres, des ouvrages renouvelés, enrichis de leurs commentaires.

Nous pensons faire ainsi droit à l’exigence, née avec Platon, d’une philosophie en dialogue qui ne laisse pas l’esprit se reposer dans les certitudes, mais qui le lance plutôt sur la piste de la réflexion.

A l’époque de Platon, le dialogue philosophique relevait plus d'un genre littéraire que de la transcription d’un échange réel. Avec Descartes apparaît une première tentative véritable d’un ouvrage interactif ; avant de publier ses Méditations, il attend d’avoir les objections de quelques philosophes et théologiens renommés pour faire paraître simultanément l’œuvre, les objections et les réponses aux objections. Mais le lecteur assiste à ce débat sans pouvoir y prendre part.

Voilà pourquoi notre édition électronique en ligne est radicalement nouvelle. Nous offrons pour un modeste abonnement non seulement des œuvres nouvelles, mais aussi une large part du corpus philosophique en langue française, avec Forums modérés par des spécialistes qui auront aussi pour tâche de répondre aux observations des lecteurs.

Dans des développement ultérieurs nous proposerons d’autres formules, telles que la présentations de systèmes philosophiques interactifs : vous pourrez par exemple prendre le système cartésien, et voir ce qui se passe si vous supposez que Dieu n’existe pas. Ou avec Kant, ce que devient sa théorie transcendantale si l’on considère les catégories logiques comme des acquis relatifs et culturels.

Fidèles à ces principes qui, nous en sommes sûrs, sont aussi les vôtres,nous attendons avec intérêt vos remarques et propositions.

Les éditeurs

Nous vous annonçons une prochaine création de nos éditions Cogito : des œuvres vendues par chapitre. Vous pourrez télécharger seulement les chapitres que vous voudrez lire, dans l’ordre que vous choisirez. Finis ces gros livres qu’on achète pour n’en lire que 20 pages. Lorsque Gallimard a édité l’Etre et le néant, un lot de livres est sorti avec une erreur de brochage : un cahier en moins - 50 pages manquent, on saute de la page 200 à la page 250 - Gallimard s’attendait à des réclamations… mais elles ne sont jamais venues. Avec cette nouveauté, une telle mésaventure ne pourrait plus se reproduire.

Saturday, July 21, 2007

Citation du 22 juillet 2007

Toujours un problème pour moi, réunir toute les adresses dans un même endroit. Je viens de racheter un agenda avec Miss-Tic dessus (ça marche pour elle).
J'aime bien la phrase qui l'accompagne:
"L'avenir a une excellente mémoire"

Blog de SyCoFlo

Ça c’est de la pub, et gratuite encore !

Quoi ?! Vous ne connaissiez pas encore l’Agenda Miss.Tic ? Tenez, comme c’est mon jour de bonté je vous donne sa photo :


Miss.Tic – Agenda 2007-2008

Quoi encore? Vous n’êtes pas encore content ? Ah… Je vois : vous voulez qu’on vous commente encore une fois la pensée missticienne, celle qui vous interpelle sur la couverture de l’agenda… Quel feignant vous faites. Je ne sais pas si c’est vous rendre service que de répondre à votre demande. Enfin admettons : mais c’est la dernière fois, après il faudra vous débrouiller tout seul (Sapere aude, hein !)

Alors, voilà :

- un agenda voyez-vous, c’est ce qui vous permet de vous rappeler de l’avenir. Dit comme ça, ça fait bizarre, mais si vous y réfléchissez un peu, c’est évident : l’avenir existe dans votre passé sous forme des projets que vous avez conçus (un rendez-vous galant, l’heure pour récupérer les gosses à la sortie de l’école, la date de votre anniversaire de mariage…). Et bien sûr votre agenda est là pour vous rappeler ce que vous ferez tout à l’heure (merci Miss.Tic)

- mais… cet agenda ne serait pas missticien s’il n’avait pas un deuxième sens, dans le tiroir du premier.

L’avenir a une excellente mémoire : ça veut dire que pour exister, l’avenir doit tenir compte du passé, ou plutôt que nous ne produirons dans l’avenir que ce qui tient compte du passé. Voyez l’importance de l’histoire dans la vie des nations : on ne fera rien de nouveau si nous ne tenons pas compte du passé historique. Du point de vue négatif, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs (dans un registre intime : vous n’offrirez plus de fleurs à votre Dulcinée parce que vous vous rappelez qu’elle est allergique aux pollens).. Mais aussi parce qu’on doit utiliser ce qui existe pour produire ce qui n’existe pas encore. Ça, c’est le rôle positif de la mémoire par rapport à l’avenir. Si on ne tient pas compte de tout ça, alors c’est l’échec : l’avenir qui a une excellente mémoire, rejettera votre projet. Notez le passage du présent (a) au futur (rejettera) : entre les deux, l’action.

Reste que l’avenir s’il a de la mémoire, ne s’y réduit pas : l’avenir implique un effort pour s’arracher à ce qui a été, ou pour le reproduire dans des circonstances toujours nouvelles : en tout cas, l’avenir n’est pas passif.

Seul le passé est passif.

Friday, July 20, 2007

Citation du 21 juillet 2007

Le lait est l'essence même de l'intimité maternelle.
Gilbert Durand - Les Structures anthropologiques de l'imaginaire
L’allaitement ne suppose pas seulement la transformation de la nourriture en substance humaine (cf. Post du 17 février 2007). Il crée un lien particulier entre la mère et l’enfant (1). C’est la force de ce lien qui a servi pour la représentation du lien mystique entre Bernard de Clairvaux et la Vierge Marie.


Lactation de saint Bernard de Clairvaux (détail) - Vers 1480 -Musée Notre-Dame - Strasbourg
Voici comment le conservateur du Musée strasbourgeois décrit la scène : « La scène de la lactation de saint Bernard de Clairvaux présente ce chantre réputé de Marie en prière devant la Vierge à l’Enfant. Celle-ci presse son sein découvert d’où jaillit un jet de lait, qui vient atteindre le saint sur la bouche (l’œil ou le front selon d’autres représentations). Cette inscription dans sa parenté spirituelle le désigne comme possible intercesseur entre elle et les hommes. » (2)
Pour ceux qui n’ont pas accès à la dimension symbolique, la scène est choquante (voir le Post du 12 juillet 2007). Pourtant, cette symbolique est si transparente qu’il faudrait beaucoup de naïveté pour espérer y trouver quelque message dissimulé.
Comme le dit si bien notre citation, « Le lait est l'essence même de l'intimité maternelle » ; disons pour faire court, que le lait (maternel) est l’essence de l’essence de la mère (= la Vierge Marie). La représentation du tableau de Strasbourg est originale en ce que l’Enfant Jésus au lieu de faire don du lait de sa Mère (voir la gravure du site mentionné ci-dessous), semble voir avec étonnement cette giclure lui passer au dessus de la tête : qu’en pense-t-il ?
Je vous laisse méditer l’image avec pour dernière remarque que si Saint Bernard est considéré comme possible intercesseur entre [la Vierge] et les hommes, la Vierge quant à elle est considérée comme intercesseur entre les hommes et Jésus. Quant à Jésus Christ il est l’intercesseur entre les hommes et Dieu le Père.
On ne peut pas dire que la communication soit directe.
(1) Ce lien déborde même cette relation puisque des enfants ayant eu la même nourrice sont « frères de lait »
(2) D’autres « lactations » encore plus étonnantes à l’adresse suivante

Thursday, July 19, 2007

Citation du 20 juillet 2007

Les labourage et pastourage sont les deux mamelles dont la France est alimentée et les vraies mines et trésors du Pérou.

Sully

Voilà encore une citation à inscrire dans le Livre d’Or de la Nation Française que notre Ministère de l’Identité Nationale ne manquera pas, j’en suis certain, de collationner et d’envoyer dans toutes les écoles.

Car, c’est à l’école Jules Ferry que cette citation est devenus célèbre. C’est là que tous les petits écoliers en blouse grise l’ont apprise, l’écrivant dans leurs cahiers avec leur petits doigts tachés d’encre violette…

Bon, ça vous suffit comme séquence nostalgie ? Parce qu'en vérité, on vous a menti. Oui, le brave instit’ à blouse grise, il a oublié la fin de la citation : «et les vraies mines et trésors du Pérou ». A la trappe !

Ce que ça change ? Ça change que Sully nous donne en fait un cours d’économie, et non une image de la France éternelle.

Les deux sources de la richesse sont :
- le travail qui transforme la nature : agriculture (labourage) et élevage (pastourage).
- la création de monnaie (mines et trésors du Pérou).

Conclusions ?

- Le travail est une source de richesse aussi abondante que les mines d’or supposées inépuisables du Pérou.
- Mais si on lit un peu attentivement, on constate que « les vraies mines » d’or ne sont pas celles du Pérou, mais le travail. A l’époque de Sully on connaît déjà l’effet inflationniste de l’importation des métaux précieux d’Amérique du Sud ; on sait qu’il doit y avoir équilibre entre les marchandises et la masse monétaire qui ne fait que les représenter. On sait donc que le véritable enrichissement résulte de la production économique et non de la production monétaire.

On croyait avoir l’image un peu pétainiste de la France éternellement rurale. Et on se retrouve avec l’apologie du travail (1).

Travaillez, prenez de la peine : / C’est le fonds qui manque le moins…

Gratos la citation = offerte par l’Elysée.

(1) Notez qu’il n’y a pas des kilomètres entre les deux




Wednesday, July 18, 2007

Citation du 19 juillet 2007

Ce que l'homme a au-dehors, la femme l'a au-dedans, tant par la providence de la nature, que de l'imbécillité d'icelle, qui n'a pu expeller et jeter dehors lesdites parties, comme à l'homme.

Ambroise Paré

Petit cours d’anatomie : les testicules sont à l’extérieur de l’abdomen, dans un petit sac appelé « bourse ». Les ovaires sont à l’intérieur de l’abdomen.

Et maintenant, quelle différence entre un savoir préscientifique (Ambroise Paré) et un savoir scientifique ?

Pour la science, ce qui est étrange ce n’est pas la position des ovaires mais bien celle des testicules. C’est que c’est fragile ces petites choses, et elles risquent bien des traumatismes à être ainsi exposées aux mauvais coups. Mais la science physiologique explique cette situation très simplement: la spermatogenèse se bloque au-delà de 37°, température couramment dépassée à l’intérieur de l’abdomen. Si vos testicules sont à l’extérieur, c’est donc pour les garder au frais.

Par contre Ambroise Paré, bien qu’anatomiste rigoureux, est encore dans le savoir préscientifique : avec lui on n’est pas seulement dans le domaine de la recherche de la vérité mais aussi dans celui du sens et de la valeur. C’est ainsi qu’il évoque à propos des organes de la génération féminins, la providence et l’imbécillité de la nature (1). Providentiellement, la nature les a conçus là où ils peuvent être utiles, c’est à dire dans le corps et protégés pas lui. Mais elle n’a pu éviter l’« imbécillité ». En effet, le « sens » des organes sexuels, c’est qu’ils sont la honte de l’humanité dont ils sont les parties honteuses. Ce que la nature a voulu pour l’homme, c’est éloigner le plus possible ces parties honteuses de son corps - c’est à dire de lui-même - en les mettant dehors. Mais elle n’a pas su - et donc pas pu - en faire autant avec la femme.

Alors là, vous êtes libres de continuer ; si la nature de l’homme risquait d’être polluée par la proximité des ses organes reproducteurs, la nature de la femme ne l’est-elle pas du fait de cette « imbécillité » de la Nature ?

Moi, si j’étais vous, je n’irai pas sur ce chemin. Mais il y en a un qui y a été sans hésiter : c’est Freud. La femme, dit-il, est incapable de refouler ni de sublimer ses instincts ; c’est d’ailleurs ce qui fait d’elle une éternelle enfant.

(1) C’est du moins ainsi que je lis le démonstratif « icelle », qui renvoie à la nature et non à la femme. Si quelqu’un veut critiquer cette interprétation, je suis intéressé par ses arguments.

Tuesday, July 17, 2007

Citation du 18 juillet 2007

Le secret d'une originalité efficace en publicité, ce n'est pas la création d'images ou de mots nouveaux et astucieux mais l'identification de nouvelles relations entre des images et des mots familiers.

Léo Burnett

Les publicitaires sont comme les illusionnistes : ils ne devraient jamais révéler le secret de leurs tours.

Quand Jacques Ségala nous avoue que ce que vend la pub, c’est du rêve (façon de dire qu’avec elle, on n’est pas volé : on a ce qu’on désire le plus !), on se prend à penser qu’on est bien capable de rêver tout seul.

Quand Léo Burnett (créateur du Géant vert et du Cow-boy Marlboro) nous explique que les créateurs publicitaires (ou « créatifs » tout court puisque c’est comme ça qu’ils souhaitent en toute modestie être appelés) se contentent de bidouiller des métaphores, on pense que dans ces conditions il n’est pas glorieux d’être un cœur de cible.

Mais bof… A quoi bon s’énerver pour ça ? Ce qui est réellement scandaleux dans cette définition, c’est plutôt dans la formule « originalité efficace » qu’on le trouvera. Parce que, compte tenu de ce qu’il faut entendre par « efficacité » en publicité, on voit bien que l’originalité n’y a pas sa place.

L’originalité, la vraie, c’est la création. Elle est nécessairement en rupture avec le donné présent, sans quoi elle ne serait pas originale. A la limite, si le message est radicalement nouveau, on ne peut absolument pas le comprendre (voir les artistes « maudits » de l’avant-garde). Et pourtant, c’est elle qui nous apporte vraiment quelque chose de neuf (1).

Moi, j’aime les publicités honnêtes. Ça existe, oui. Par exemple les spots qui vous expliquent qu’on ne peut vraiment pas vous décrire la nouveauté indescriptible du produit (à ne pas confondre avec ceux qui mettent en scène un pauvre crétin qui n’arrive pas à croire à l’offre mirobolante de la promo du jour) ; et que donc vous êtes prié de l’acheter pour le découvrir (2). Bref, c’est une pub qui pour vous prouver qu’il y a tant à dire, ne vous dit rien. Une sorte de « théologie négative »…

Subtile !


(1) Conformément à la théorie de l’information, plus le contenu transmis est nouveau, plus il est « improbable » (= imprévisible), et plus il comporte d’information. Mais en même temps moins il est compréhensible (voir Shannon - et citation du 31 mars 2006)

(2) Suite à un regrettable trou de mémoire, je n’ai pas retrouvé trace de ce spot : l’aurais-je rêvé ? En fait je crois que c’était une pub VW

Monday, July 16, 2007

Citation du 17 juillet 2007

Les maisons de notre rue, voyez-vous, elles sont comme les gens. Vous voyez la façade, vous ne pouvez pas deviner ce qu’il y a derrière.

Anonyme

Voilà un « Anonyme » dont je peux vous révéler l’identité : c’est mon voisin. Mon voisin est maçon, : les maisons ça le connaît. Mais il est aussi philosophe à ses heures : ce qu’il présente comme une évidence, c’est qu’il y a un secret de la nature humaine. Ce sont des secrets qu’on ne révèle pas, qui ne doivent pas l’être, ou qui ne peuvent pas l’être.

On voit qu’il y a bien des façons de considérer l’inaccessibilité du secret. La quelle choisir ?

Puisque nous avons commencé avec une métaphore, continuons.

Lorsque vous cherchez un restaurant, vous consultez le menu affiché sur la vitrine : votre imagination, votre mémoire se mettent en route. Vous entrez. C’est alors que vous rencontrez la réalité : les plats décrits dans le menu deviennent aliments dans votre assiette. Bon ou mauvais, ce n’est pas notre sujet. Mais il y a encore un lieu que vous n’explorerez pas, sauf exception, c’est la cuisine, arrière boutique sans la quelle rien de ce que vous avez mangé n’aurait existé, mais dont on dit qu’il vaut parfois mieux éviter de la découvrir.

Bien sûr ça fait une heure que vous m’avez entendu venir avec mes gros sabots : la nature profonde de notre être est cause de ce que nous sommes, mais nous ne la connaissons pas, et il ne faut surtout pas chercher à la connaître. D’accord ?

Ici, plutôt qu’à mon voisin, c’est à Nietzsche que je penserai - Nietzsche n’est pas maçon : il est l’homme qui « philosophe à coups de marteau » (1). Ce qui est secret en nous, c’est tout ce qui nous dégoûte, ce qui relève du malsain, du mal propre, du mal. Mais ce que nous ne voulons pas admettre c’est que, précisément, c’est cela qui est l’origine de ce que nous sommes et dont nous sommes si fiers. Ce qui ne veut pas dire que tout est bon ; mais que le bon et le mauvais doivent être réévalués, en tenant compte du principe suivant : il n’y a pas de rapport nécessaire entre la nature de la cause et celle de l’effet.

S’il y a des maladies honteuses, ce n’est pas le secret qui est honteux, c’est la maladie qu’il cache. Si la maladie est honteuse, c’est parce qu’elle est morbidité (2). Seule la vie est bonne.

Ce qui ne doit pas rester secret, c’est alors tout ce qui stimule la vie. Tous les excitants de la vie.

Je n’en dirai pas plus.

(1) Cette métaphore constitue le sous-titre du Crépuscule des idoles : ou comment philosopher à coups de marteau. C’est d’ailleurs non pas le marteau du forgeron, mais plutôt celui du médecin qui ausculte les réflexes : c’est l’instrument d’un diagnostique. Voir la suite

(2) Bien sûr, ce n'est pas la morbidité qui est honteuse, c'est la valorisation de la morbidité: voir l'idéal ascétique.

Sunday, July 15, 2007

Citation du 16 juillet 2007

Ils ne savent pas ce qu'ils perdent / Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin / La messe nous emmerde

Georges Brassens - Tempête dans un bénitier

Georges, si tu étais encore de ce monde, tu pourrais retourner à la messe, même les jours où il ne pleut pas. Grâce soit en rendue au Très Saint Père, qui par un décret (motu proprio) autorise les fidèles à demander à leur prêtre de célébrer la messe en latin selon le rite issu du Concile de Trente au XVI siècle… (rite « tridentin » : plus de détail ici)

Mais qu’est-ce que ça peut nous faire, à nous aujourd’hui ? Il n’y a que les Juifs pour s’en émouvoir, parce qu’il paraît qu’on pourrait, toujours suivant la remise en vigueur des rites tridentins, prier tous les vendredis saint pour qu’ils se convertissent au catholicisme. Quel fichu caractère…

Mais soyons un peu sérieux. Le latin est une langue dont l’usage ne manque pas d’intérêt : langue sacrée, ou langue scientifique, elle a eu une diffusion exemplaire jusqu’au XXème siècle.

1 - Langue de la religion catholique, elle fut le lien de cette communauté humaine composée de peuples parlant différents idiomes et qui ne se seraient pas compris sans elle.

2 - Moyen de communiquer, le latin est en même temps la langue du pouvoir. Une langue : un pouvoir absolu : celui du Vatican; plusieurs langues = langues nationales = des prises de décision nationales. Quand Martin Luther a supprimé l’usage du latin à la messe - au profit donc des langues nationales - il a en même temps refusé le pouvoir centralisé incarné par le Pape.

3 - Mais surtout, la latin a été une langue savante (entendez : la langue utilisée par les savants). On se rappelle des médecins de Molière, mais plus proche de nous, quelqu’un comme Bergson a encore rédigé sa thèse complémentaire en latin (1) : à la communauté des savants, le latin apportait là encore une langue commune.

Alors certes, l’anglais fait ça très bien aujourd’hui. Mais le latin est une langue morte, c’est à dire que chacun de ses mots n’ayant pas d’usage courant, ne peut avoir d’autre sens que celui qui sera fixé par l’usage savant. Voyez par exemple combien nous avons du mal à comprendre la notion de force en physique, parce que nous sommes sollicité par le sens courant. Par contre si nous employions le terme d’impetus, alors nous serions débarrassé de la pollution par les gros biceps.

Seulement, voilà : ce qui favorise la communication du savoir dans un cercle d’érudits, empêche sa diffusion à l’extérieur.

1637 : ça vous dit quelque chose ? Non, ce n’est pas une marque de bière, bande d’ignares ! C’est l’année de la publication du premier ouvrage scientifique en français (langue vulgaire). Et cet ouvrage, c’est le Discours de la méthode. Et pourquoi Descartes publie-t-il en français ? Pour être lu et donc compris de tous - même des femmes.

Me tapez pas, c’est lui qui l’a dit.


(1) La thèse de Bergson en latin date de 1889 ; elle porte sur la notion aristotélicienne de lieu .

Saturday, July 14, 2007

Citation du 15 juillet 2007

"Guy Roux, héros du travail senior

Il n’a fallu qu'une mise à la retraite hâtive pour que le débat sur l'emploi des seniors soit relancé…"

Jean-Yves Ruaux - Juillet 2007 - notretemps.com


Avez-vous été invité à la Garden Party de l’Elysée? Si vous êtes - entre autre - un héros du travail, alors vous aviez vos chances.

Il y en a un qui a dû être invité, c’est Guy Roux. Je propose même qu’il soit désigné comme notre nouveau Stakhanov…


… parce que, pour ce qui est d’aller au charbon, il en connaît un bout ! Et en plus d’être un modèle de productivité, il est un modèle pour les « seniors » aux quels il montre la voie : travailler plus vieux pour coûter moins cher aux caisse de retraites.

Je souhaite à Guy Roux la longévité d’Alexis Stakhanov (72 ans pour un mineur de charbon, c’est déjà beau). Parce qu’on montrera alors aux esprits chagrins qu’on ne va pas travailler plus (longtemps) pour vivre moins (longtemps). Non, on va travailler plus pour toucher moins - de retraite - Et comment vous espérez vous en tirer autrement ?

Mais glissons sur ces remarques que certains pourraient considérer comme démoralisantes (et ce sera sans doute bientôt un délit - comme aux armées en temps de guerre).

Je relèverai plutôt la tendance du pouvoir actuel à réactiver les leçons de morale du genre école primaire d’autre fois (la seule, la vraie, la Jules Ferry). Les bons sentiments (« Maman, je t’aime »), l’affirmation de la valeur du travail («C'est plus la règle qui est vieille que Guy Roux », avait estimé Notre Président), les cas exemplaires (retour à la Garden Party).

La religion de la morale laïque n’est pas loin.

Nous allons enfin pouvoir à nouveau blasphémer.

Friday, July 13, 2007

Citation du 14 juillet 2007

Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir.

Ernest Renan - Qu'est-ce qu'une nation ?

14 juillet, fête nationale, fête de la Nation… A l’heure de la mondialisation vous vous demandez peut-être à quoi ça rime de célébrer ainsi une nation, alors que de plus en plus de décisions ne dépendent plus que de Bruxelles…

La fête nationale n’est-elle pas une ringardise de plus, tout juste bonne pour les gros beaufs qui plantent un drapeau tricolore à leur fenêtre et qui saluent le défilé militaire en agitant leur canette de Kro ?

Le discours de Renan (à lire ici) répond de façon éclairante (même pour nous en 2007).

D’abord, la Nation c’est un peuple sur un territoire. Ce qui unifie ce peuple, ce peut-être l’appartenance à ce territoire, ou l’appartenance de ce territoire à ce peuple (voir les autochtones de Platon). Mais la vérité est que seule l’identification à une histoire commune (ou à des mythes communs) crée cette communauté. Exemple : la prise de la Bastille, évènement historique lié à la volonté du peuple de Paris de s’emparer des armes de l’arsenal de la forteresse, réinterprété mythiquement comme une lutte contre l’arbitraire des emprisonnements sur lettre de cachet (1).

C’est donc sur de telles interprétations de l’histoire que nous construisons notre conscience collective.

Mais Renan voit plus loin : « Ce qui constitue une nation ... c'est … de vouloir en faire encore (=de grandes choses) dans l'avenir ». Autrement dit, l’histoire n’est qu’une trajectoire qu’il nous appartient de prolonger vers l’avenir. Ce qui revient à dire que le passé même mythique ne constitue qu’une base sur la quelle doivent s’élever les projets de l’avenir.

Si la fête nationale a encore un sens, c’est simplement dans la mesure où nous avons, en tant que pays, un avenir autonome et homogène avec nos valeurs.

Tout ça c’est bien exigeant… C’est quant même plus simple de se souder contre un ennemi commun : la perfide Albion, le Boche, le Bolchevique…

Sauf que aujourd’hui, l’ennemi, ça manque (2) ; va-t-il falloir revenir aux valeurs communes ? Attendez un peu… et les Chinois, ils ne feraient pas l’affaire par hasard ?


(1) Le marquis de Sade faillit bien être de la fête, lui qui fut transféré de la Bastille à Charenton le 2 juillet 1789

(2) Pour mémoire, les troupes de 26 nations européennes défilent aujourd'hui, 14 juillet, sur les Champs-Elysées.

Thursday, July 12, 2007

Citation du 13 juillet 2007

Bénie soit la Providence qui a donné à chacun un joujou: la poupée à l'enfant, l'enfant à la femme, la femme à l'homme, et l'homme au diable.

Victor Hugo - Marie Tudor (1833), I, 2

La fatalité, la providence : quelle différence ? Aucune et pourtant nous avons l’habitude de classer la fatalité dans les causes de malheur et la providence dans celles de la bonne chance.

Victor Hugo est un peu plus rigoureux : la Providence c’est ce qui met de l’ordre dans la Création, et pas n’importe quel ordre. Il s’agit de l’ordre des fonctions. Que chaque chose créée ait une fonction par rapport à un autre élément créé, de sorte que se construise ainsi une pyramide dont chaque étage soit nécessaire pour l’existence de l’étage supérieur. Ainsi on a le triple avantage que :

1 - L’ensemble soit autosuffisant ;

2 - Que tout ayant une fonction ait un sens ;

3 - Que l’homme, placé au sommet de la pyramide puisse tirer avantage de la Création toute entière sans avoir à s’en justifier.

Encore que ce soit difficile à avaler, je passerai sur le fait qu’une telle conception nous oblige à bénir n’importe quoi, y compris que « l'enfant [soit le joujou de] la femme, la femme [celui de] l'homme, et l'homme [celui du] diable » (1).

En revanche, on a toujours eu quelques difficultés (et déjà au 17ème siècle) à admettre que tout ait un sens en raison d’un bénéfice apporté à la création - et plus encore à l’homme. Car disait-on, lorsqu’il pleut sur la mer, alors que d’effroyables et arides déserts font d’épouvantables conditions d’existence pour les peuples qui y vivent, comment la Providence peut-elle justifier cela ? Plus tard, avec le tremblement de terre de Lisbonne, la même question est réapparue (voir Post du 12 février 2006).

Mais le 3ème point, peut-être plus actuel pour nous qui voulons protéger la planète de nos industries, devrait retenir notre attention. On a dit bien des fois que les peuples « premiers », du fait de leur animisme étaient dans une attitude de respect vis-à-vis de la nature, et que, lorsqu’ils tuaient un animal pour vivre, ils ne manquaient pas de faire une offrande - à la nature, au Totem symbolisé par cet animal - pour compenser la perte qu’ils venaient de lui occasionner. Voyez la différence avec la conception « providentielle » (= providentialiste) : l’homme a le droit d’exploiter la nature car non seulement elle lui a été donnée par Dieu, mais encore parce qu’il lui est supérieur : c’est pour lui qu’elle existe.

Pour sauver la Planète, ensauvageons-nous !

(1) Victor n’est pas sérieux. La femme n’est pas la jouet de l’homme mais son auxiliaire, comme le prouve le texte de la Genèse :

2.20 Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui.
2.21 Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.
2.22 L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme.

Si vous n’êtes pas encore content(e) avec cette nuance, vous connaissez l’Auteur ? C’est à Lui que vous devez vous plaindre.

Citation du 12 juillet 2007

Couvrez ce sein que je ne saurais voir: - Par de pareils objets les âmes sont blessées, - Et cela fait venir de coupables pensées.

Molière - Tartuffe (1664), III, 2

Ingres - La source (voir ici d’autres habillages de nudités artistiques)


Que pensez-vous de cette transformation de ce célèbre tableau peint par Ingres ? Considérez-vous comme Tartuffe qu’il vaut mieux rhabiller cette jeune femme pour éviter de faire naître de «coupables pensées » ? Ou bien estimez-vous qu’une œuvre d’art n’a pas à être censurée au nom des instincts qu’elle réveillerait, parce qu’ elle est au-delà de ça ? Ou, plus simplement que ce tableau est une allégorie représentant la source, la nudité féminine n’ayant pour rôle que de signifier le jaillissement de la vie, la fécondité, etc..

Je ne vais pas régler ce problème ici, d’ailleurs il l’a été par d’autres. Si je prends cet exemple, c’est pour pointer l’écart entre l’image et le symbole.

L’image est une représentation, elle n’existe que par référence à une réalité (du moins ici). Si le tableau d’Ingres est une image, c’est celle d’une femme nue, dont on admettra qu’à quelques détails près, on ne nous cache rien de son anatomie. Peut-être même y a-t-il de quoi troubler cet obsédé de Tartuffe. La version « rectifiée » est aussi une image, qui nous montre une petite nana d’aujourd’hui, reversant une amphore sur son épaule.

Seulement, dans cette vision, il y a un déficit de sens : à quoi bon la cruche ? En réalité, nous n’avons pas affaire à une imitation (du corps féminin) mais à une substitution (le corps féminin mis à la place de la fécondité de l’eau vive). Le regard ne fait que prendre appui sur la représentation pour rebondir jusqu’au sens. Nous n’avons donc pas une image, mais un symbole. La distinction est ici évidente ; je ne dis pas qu’elle le serait pour le Bain turc du même peintre.

Le problème, et c’est sans doute ce qui est en cause depuis les Iconoclastes, c’est que certains ne parviennent pas à « oublier » l’image dans le symbole. Comment voir le symbole de la fécondité, sans voir la femme à poil ?

Finalement, les âmes blessées, ce sont celles des Bidasses…

Wednesday, July 11, 2007

Citation du 11 juillet 2007

Doncque, si de parler le pouvoir m'est oté, - Pour moi, j'aime autant perdre aussi l'humanité, - Et changer mon essence en celle d'une bête.

Molière - Le Dépit amoureux (1656)


Et qui est ce sot-là qui ne veut pas que sa femme soit muette? Plût à Dieu que la mienne eût cette maladie! je me garderais bien de la vouloir guérir.

Molière - Le Médecin malgré lui (1666)


L’homme est un animal parlant… La règle du silence dans les monastères est si sévère que bon nombre d’hommes - et de femmes - s’il avaient à choisir, lui préfèreraient celle de la chasteté (il est vrai qu’on leur imposerait les deux).

Et pourtant comme le montre le rapprochement de ces deux citations, à quoi bon parler ? Parler pour ne rien dire, remuer de l’air - flatus vocis (1) - ? Ou parler pour affirmer par l’expression de sa pensée son humanité ?

Il existe des pathologies de la parole. L’une consiste à parler seul, pour tromper sa solitude, pour susciter un interlocuteur fictif. Je la laisserai de côté : l’invention des téléphones cellulaires permet à chacun de trouver une oreille pour y épancher ses propos.

L’autre est ce qu’on appelle la logorrhée, que certains traduisent par « diarrhée verbal » (excusez la formule). Je prendrai ici le terme au sens moins psychiatrique de : pulsion irrépressible de parole, ou de bavardage pathologique.

Je donnerai ici une simple description du sentiment qui me prend en présence de ce dérèglement de la parole (2). Je crois que ces personnes n’écoutent pas leur interlocuteur : il est une oreille, pas une bouche. La parole sert alors de façon paradoxale à entrer en relation avec l’autre et en même temps à s’isoler de lui, en l’empêchant de prendre la parole à son tour. Pour ma part, j’observe que si j’impose une répartie (et c’est bien une forme de lutte), en face de moi c’est l’inquiétude, ou le courroux : je n’étais pas là pour ça.

C’est donc ça qui caractérise la logorrhée, sous sa forme bénigne : son rôle est de créer une forme de rapport à autrui qui, tout en maintenant le contact avec lui, soit en même temps un rapport à sens unique ; lui parler sans l’écouter, et donc parler tout le temps pour ne pas lui laisser la possibilité de placer un mot. Pour lui imposer l’écoute, on lui impose le silence.

Sous cette forme aussi l’exercice de la parole est un exercice du pouvoir.


(1) Flatus vocis

Expression qui littéralement signifie: "un souffle de voix". Elle est composée des substantifs flatus qui veut dire souffle, respiration, haleine et vox (génitif vocis) = voix. On emploie cette expression pour tourner en dérision un propos sans importance. Seul le souffle est perceptible, les mots étant sans grand intérêt pour celui qui les entend et qui les écoute à peine.


(2) Et je confirme avec Molière que je l’ai trouvé plutôt chez des femmes - mais … je n’insiste pas car « il ne me plairait pas d’être battu »…

Tuesday, July 10, 2007

Citation du 10 juillet 2007

Définition - Vacance(s)

Cessation d'activité d'un organisme officiel pour une période déterminée de l'année. C'était la dernière fois que ces personnages officiels se trouvaient réunis, avant de se séparer pour un long été, - car les vacances diplomatiques duraient de trois à quatre mois (MORAND, Londres, 1933, p. 53).
- DR. Vacances (judiciaires). Période pendant laquelle les audiences de justice sont suspendues, un service d'urgence étant toutefois maintenu. Synon. vacations (v. vacation II B). Les vacances du Palais étaient arrivées; à partir de ce jour le Barreau ne le vit plus (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 388).
- Vacances parlementaires. ,,Périodes pendant lesquelles le Parlement n'est pas réuni en session ordinaire (en France, 1er juill. au 1er oct., 21 déc. au 1er avr.)`` (DEBB.-DAUDET Pol. 1981).

Trésor de la langue française - Dictionnaire en ligne


Les vacances, c’est comme la paix : on n’en trouve pas de définition positive. La paix c’est la période où on n’a pas de guerre. Les vacances, c’est une période où on cesse son activité.

Heureusement qu’il y a le Parlement. Les « Vacances parlementaires » sont une période où les députés, n’étant pas réunis en session ordinaire, peuvent se réunir en session extraordinaire. Autrement dit, les vacances sont un moment où le temps ordinaire se suspend, et où un temps extra-ordinaire peut s’ouvrir. Et en effet, quelle différence entre une session ordinaire du parlement et une session extraordinaire ? Aucune, si ce n’est qu’il s’agit d’un surplus, de quelque chose qui n’existerait pas sans cette faculté des vacances à s’ouvrir à toute activité, y compris à celles qui sont censées être suspendues.

Mais : attention.

Moi je crois que nos députés nous donnent bravement l’exemple : après les 35 heures travaillées 39, nous allons vers les 48 semaines travaillées 50. Deux semaines de vacances en travail extraordinaire - payées au tarif des H.S. ( pour commencer, bien sûr). Il reste encore deux semaines de repos, pour ceux dont la constitution physique est un peu fragile.

D’ailleurs il faut voir comment fonctionnent ces pays dont la croissance est à deux chiffres. Par exemple, les Chinois, vous savez combien ils en ont de vacances ?

A propos dites-moi si vous savez comment ça se dit « vacances » en chinois. Si ça se trouve, ils n’ont même pas de mot pour dire ça



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Pendant quelques jours - pour raison de vacances justement - La citation du jour assurera un service minimum ; il n’y aura donc pas jusqu’au 14 juillet inclus de commentaires aux commentaires.

Monday, July 09, 2007

Citation du 9 juillet 2007

Les vacances ne constituent pas comme la fête la crue de l’existence collective, mais son étiage.
Roger Caillois - L’homme et le sacré (p.162)

- Vous êtes peut-être entrain de charger le Monospace, d’y faire grimper le chien, la belle-mère et les gamins. Vous avez bien pris le GPS ? …
STOP !!! Démontez tout ça : vous ne partez plus ne vacances.
C’est décidé, cette année, vous allez faire la fête et rien d’autre.
- Et si on faisait la fête en vacances ?
- Attendez, je vous explique.
Les vacances sont des rituels organisés socialement, dilués dans le calendrier de telle sorte que la vie de la société n’en soit pas - trop - affectée. C’est de surcroît une période où l’individualisme est poussé au maximum, même si tout le monde fait la même chose au même moment.
Selon Caillois, la fête est au contraire une période de désorganisation sociale, une mise en œuvre de tout ce qui est habituellement interdit, un dérèglement généralisé et pourtant collectif. Le dernier avatar connu de la fête est le carnaval (genre Dunkerque - voir le film de Thomas Vincent) : dérèglement paroxystique, transgression des interdits (au minimum : travestissements), et pour certaines versions, création d’un roi issu du peuple (Sa Majesté Carnaval), souvenir des Saturnales (1). Il semble que ces pratiques, limitées dans le temps, aient eu pour but de régénérer l’ordre social en relâchant les instincts fortement refoulés par les contraintes collectives, permettant ainsi à un cycle de disparaître pour qu’un autre puisse advenir. Bref, la fête joue l’ordre social à l’envers pour que la société puisse renaître.
Caillois souligne que ces fêtes présentes dans les sociétés traditionnelles sont devenues incompatibles avec la complexité des sociétés industrielles. A la place de la fête, nous avons les vacances. Voilà pourquoi vous n’aurez jamais la fête (la vraie) et les vacances.
- Et est-ce qu’on gagnerait pas au change ?
- A vous de le dire… Mon avis est que les vacances, hormis leur fonction économique (vous êtes prié de ne pas trop compter vos sous quand vous allez au restaurant), n’ont de sens que par rapport au travail. Alors que la fête avait un sens sacré, les vacances ont une fonction laborieuse. Il s’agit de réparer la machine humaine pour la remettre en état de produire.
Métro-Boulo-Dodo-Boulo-Vacances- et ça repart…

(1) Pendant les Saturnales chez les Romains, les domestiques prenaient la place des maîtres, et ceux-ci servaient leurs domestiques.
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Sunday, July 08, 2007

Citation du 8 juillet 2007

"La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ; ce sont là les deux éléments dont elle est faite, en somme. De là ce fait bien significatif par son étrangeté même : les hommes ayant placé toutes les douleurs, toutes les souffrances dans l'enfer, pour remplir le ciel n'ont plus trouvé que l'ennui".

Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1819


Entre la souffrance et l’ennui, nous oscillons ; nous n’échappons à l’un que pour nous réfugier dans l’autre : le pessimisme de Schopenhauer est là.

Le paradis est-il plus désirable que l’enfer ? Oui, peut-être. Toutefois, on imagine habituellement un Paradis plus désirable encore. Mais celui qui pourrait exister est proportionné aux capacités de l’homme, et comme celui-ci n’a pas le pouvoir de jouir sans mélange et indéfiniment, le Paradis imaginé comme félicité éternelle n’est pas réellement possible.

Entre la souffrance et l’ennui, y a-t-il une troisième voie,?

Les Stoïciens imaginaient le sage comme celui qui ne souffre pas : il est impassible. L’apathie est sa vertu. Mais que fait-il de plus ? Agit-il ? Discute-t-il avec ses disciples ? Ecrit-il des traités de sagesse ? Peut-être, mais peut-être pas : Lao-Tseu, qui n’était certes pas un stoïcien mais qui incarne tout de même la sagesse disait : « Enseigner sans la parole, entreprendre sans agir / Voilà la vertu. » (Tao Tö King). Bref le sage médite et voilà tout.

La méditation nous met-elle au moins à l’abri de l’ennui ? N’est-elle pas une anesthésie de la conscience, quelque chose qui nous livre aux rêveries éveillées, qui relèvent des mécanismes inférieurs de l’esprit ? Lisons Descartes : il a écrit les Méditations métaphysiques, donc il sait ce que c’est que méditer. Or ce que nous y trouvons, c’est un dialogue, en style indirecte peut-être, mais un dialogue tout de même. Platon disait que la pensée était un dialogue de l’âme avec elle-même. Donc, méditer, c’est penser. Et penser c’est agir.

Que dirait de ça Schopenhauer? Qu’agir, c’est déjà souffrir, par l’effort à fournir, par l’inquiétude du résultat ? Peut-être, mais si l’action est création (l’œuvre et non le travail laborieux), alors elle est jouissance.

Reste que Valéry imaginait Socrate s’ennuyant au Paradis (cf. Post du 18 juillet 2006). Sans doute parce que sa pensée était sans enjeu.



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Pendant quelques jours - pour raison de vacances - La citation du jour assurera un service minimum ; il n’y aura donc pas jusqu’au 14 juillet inclus de commentaires aux commentaires.



Saturday, July 07, 2007

Citation du 7 juillet 2007

Mon mari m'a dit qu'il voulait passer ses vacances dans un endroit où il n'était jamais allé. J'ai répondu: «Et pourquoi pas la cuisine?»

Nan Tucket

- Ah ! Les vacances… La paix et la quiétude… Le luxe, le calme et la volupté…

- Stop ! Arrêtez toutes ces mièvreries. Comment jouir du calme et du repos, quand votre compagne - oui c’est à vous, monsieur que s’adresse ce Post - quand votre compagne, dis-je, part avec le mouflet à torcher, les courses à faire, la tambouille à préparer, le charmant petit T2-les-pieds-dans-l’eau à entretenir ?

Alors comme ça vous avez cru que les vacances c’est une affaire de calendrier ? Qu’il suffisait que votre boite ferme 15 jours pour que le monde entier soit en vacances ? Apprenez-le : il n’y a pas de vacances pour ceux qui ne travaillent pas, ou plutôt pour ceux qui n’ont pas un emploi (salarié ou non, ce n’est pas le problème). Quelqu’un a dit à propos du chômage « ce n’est pas le travail qui manque, ce sont les emplois ». Hé bien, votre épouse est - peut-être - une travailleuse sans emploi.

Alors, vous comprenez, vacances ou pas, pour elle, ça ne change pas grand chose

- Non, pas d’accord. Moi, monsieur le donneur de leçons, j’aide mon épouse quand on est en vacances. Même qu’elle se moque méchamment de moi parce que je ne sais pas passer l’aspirateur comme elle et que, quand j’épluche les carottes il n’en reste plus.

Mais je me suis vengé : l’autre jour en revenant des courses, je lui ai fait croire que j’avais pris autre chose que des Pampers. Z’auriez vu sa tête !

…Sacré Paul !


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Friday, July 06, 2007

Citation du 6 juillet 2007

La révolution, c'est les vacances de la vie.

André Malraux - L'Espoir (1937)


Qu’est-ce que la révolution ?

La réponse de Malraux - tirée d’un ouvrage intitulé L’espoir - ne manque pas de surprendre. Ni politique, ni événementielle, ni sociologique, ni économique, etc., la révolution est un certain style de vie.

Car c’est bien de la vie - plus que des vacances - qu’il faut parler ici. La vie c’est … mais répondre à cette question c’est déjà limiter la vie, c’est la prévoir, la mettre en caserne, c’est obliger les autres - sinon à faire comme nous - du moins à reconnaître qu’ils pourraient le faire. La vie, c’est la liberté, et les actions d’un homme libre sont absolument imprévisible : même si on peut admettre qu’au moment où il entre dans son nid d’amour, il va se jeter dans les bras sa Dulcinée plutôt que par la fenêtre, il reste qu’il pourrait le faire (1).

Alors pourquoi les « vacances de la vie » représenteraient-elle la révolution ? Je donnerais la parole ici à Eric Weil, qui expliquait comment comprendre l’idée d’une fin de l’histoire (entendez la période ouverte par la révolution prolétarienne selon Marx). Voilà disait-il : à la fin de l’histoire, il y aura certes encore du malheur ; il y aura encore des amoureux déçus et des désirs frustrés. Mais le malheur ne sera que l’œuvre des individus et non de la société politique. Il n’y aura plus de désespoir lié au travail ni au régime politique. Les vacances de la vie, c’est ça : être maître non seulement de son temps, mais aussi des instruments qui permettent d’en faire quelque chose. Et c’est être libre pas seulement tout seul comme l’égoïste qui part en croisière aux Seychelles.

Peut jouir tout seul d’un coucher de soleil aux Seychelles ? Dans une société libérée par la Révolution, on devrait pouvoir jouir de la vie tous ensemble (2)






(1) Cf. la liberté d’indifférence de Descartes.

(2) Si vous êtes indignés par ces propos, n’hésitez pas à dénoncer leur auteur. Voici l’adresse : Ministère de la délation


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Wednesday, July 04, 2007

Citation du 5 juillet 2007

Vous appelez ça des charters, mais ce ne sont pas des charters. Parce que des charters, c'est des gens qui partent en voyage, en vacances, avec des prix inférieurs. Là, ce sera totalement gratuit...

Edith Cresson

[Pour mémoire, rappelons qu'on parle ici des charters affrétés pas le Gouvernement pour "rapatrier" des migrants clandestins]

Qu’est-ce que l’humour ? Si la phrase d’Edith Cresson prête à sourire, il faut pourtant avouer que ses propos sont des propos sérieux, et on ne suppose pas qu’ils aient l’intention de faire rire. Alors supposez maintenant qu’un humoriste-imitateur tombe là-dessus. Il prend la voix de Brice Hortefeux : qu’est-ce qu’il aurait à ajouter à ça pour faire rire le public ? Pas grand chose.

S’agirait-il de caricature ? Même pas. Il n’y a même pas à faire répéter mécaniquement par le même personnage toujours la même phrase (procédé employé régulièrement par les Guignols de l’info). Il suffit de répéter ce qu’a dit un personnage, sans même le déformer, mais en le situant dans un autre contexte pour que ça devienne amusant, ou ridicule, voire même révoltant. Il y a alors l’émergence d’un sens nouveau rendu possible par ce déplacement.

Ici bien entendu, le comique consisterait à accentuer le cynisme de la situation : « Ceux qui partent en vacances sont content, et pourtant ils doivent payer leur charter. Et eux (=les clandestins), ils n’ont même pas à payer leur voyage. De quoi se plaignent-ils donc ? ».

Maintenant, l’humour ainsi entendu peut-il être pris au sérieux ? Puisque je parlais des Guignols, certains se sont émus de ce que « l’information » politique des jeunes ne viennent que de là.

Evidemment, ça ne fait pas beaucoup. Mais supposez qu’on considère que leur humour soit moins mensonger que l’intox diffusée au 20 heures ? C’est donc bien le problème du sérieux de l’humour qui est posé.

Je suis sûr que chacun a déjà sa réponse. Moi, je me contenterai de souligner que les procédés humoristiques n’ont pas pour fin de démasquer, mais d’amuser. Certes, ils peuvent amuser en démasquant. Mais les procédés destinés au comique supposent une déformation du réel, car ce qui est spontanément comique peut être insignifiant (voir l’exemple donné par Bergson de l’homme qui tombe sur le trottoir - Post du 8 janvier 2007).

« Qui est-ce qui va garder les enfants ? » Vous vous rappelez ? Quand un politicien fait rire intentionnellement, c’est toujours pour faire tomber l’autre.


P.S. Ce Post était rédigé avant que soit connu l’adjectif malsonnant employé par Patrick Devedjian à propos d’Anne-Marie Comparini (1). On s’en est à juste titre indigné. Mais on aurait pu tout de même demander à monsieur Devedjian s’il parlait sérieusement ou si c’était juste pour le fun ? Et au cas où il aurait été sérieux on aurait pu lui demander de préciser sa pensée. Moi, je veux bien qu’on dise que cette dame est une s… ; mais alors, je veux savoir pourquoi.


(1) La « mésaventure de Devedjian n’a rien d’exceptionnelle. Voir la cas du 1er ministre hongrois (post du 20 septembre 2006)


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Citation du 4 juillet 2007

J'dis pas que Louis était toujours très social, non, il avait l'esprit de droite. Quand tu parlais augmentation ou vacances, il sortait son flingue avant que t'aies fini. Mais il nous a tout de même apporté à tous la sécurité.

Michel Audiard - Les Tontons flingueurs (1963) de Georges Lautner

Ça vous rappelle rien ? Oui, bien sûr, pas la peine de préciser. Que Michel Audiard attribue ces propos à un truand d’opérette, c’est amusant. Mais ce qui est plus sérieux, c’est la date. 1963. Oui, en 1963 déjà, la restauration du respect du travail et l’amour de la sécurité étaient des thèmes liés et dominants.

Alors tout ce qu’on nous a dit sur les années 60, sur leur insouciance et sur leur inconsistance qui se seraient propagées jusqu’à nous sont des balivernes. En réalité la société de consommation était déjà en marche, avec son amour des loisirs et de la sécurité. Plus je travaille, plus je consomme. Plus je consomme plus je veux me protéger des fauchés qui n’ont pas autant que moi. Il n’y a pas de contradiction ici.

Quoique…

« Quand tu parlais augmentation ou vacances, il sortait son flingue avant que t'aies fini ». La vraie contradiction est là. Nous l’avons déjà évoquée (cf. Post du 21 avril 2006) avec Lafargue et son Eloge de la paresse. C’est que, si on travaille tout le temps, quand est-ce qu’on va jouir de l’argent qu’on a gagné ? (1). On nous dit que les Américains gagnent beaucoup d’argent parce qu’ils travaillent beaucoup. Et qu’est-ce qu’ils font avec tout ça ? Ils le placent en bourse ? Ils se payent des trucs très chers et très luxueux pour montrer aux autres combien ils ont bien travaillé ?

Alors, il y en a pour dire : les loisirs et la joie des vacances, ça ne nécessite ni le luxe, ni des investissements somptueux.

Ce qu’il nous faut ? Une canadienne (=camping) + une paire de boules (=pétanque) + un Bob (=pastis 51). Le bonheur est bien dans le pré.

Oui, je sais. Les types qui disent ça, il faudrait les rééduquer.

En camp de travail.

(1) Lafargue demandait : quand est-ce qu’on va consommer tout ce qu’on a produit ?

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Monday, July 02, 2007

Citation du 3 juillet 2007

La guerre préserve la santé morale des peuples.

Hegel - Sur l'étude scientifique du droit naturel

…Vous, les jeunes, vous avez besoin d’une bonne petite guerre !

Cette remarque de vieilles baderne, nous l’avons entendue bien des fois : un haussement d’épaule et on n’y pense plus. Mais quand c’est Hegel qui le dit, alors là on soulève le sourcil. Parce que Hegel développe. Et parce que ce qu’il nous explique nous concerne un peu. Je vous laisse lire un extrait de son texte (1). Je grappille dedans :

- la guerre nous délivre du désir de conserver les biens temporels. La guerre est donc spirituelle au sens où elle nous fait désirer quelque chose de plus fort, de plus haut que les biens matériels, et que la vie même.

- de ce fait, la guerre nous fait mépriser la sécurité des personnes. Elle bouleverse l’ordre établi et rend possible l’irruption de nouvelles formes de manifestation de l’Esprit. Elle est « l’accoucheuse de l’histoire ».

- par là dit Hegel, les gouvernements apprennent aux individus que la mort est leur maître. Ils donnent la main aux grands prêtres.

Alors, oui : quand je compare ce message de Hegel à celui de nos gouvernants, j’avoue que je préfère qu’on m’encourage à me crever la paillasse au boulot plutôt qu’à aller servir de chair à canon.

Quand je vous disais qu’il ne fallait pas laisser les clés du pouvoir aux philosophes.

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Pour se détendre : un peu de musique avec la vidéo de Los Campesinos (= tube de l’été 2007 ?) *******************

(1) "La guerre est un état dans lequel on prend au sérieux la vanité des biens et des choses temporelles "

« Pour ne pas laisser les systèmes particuliers s'enraciner et se durcir dans cet isolement, donc pour ne pas laisser se désagréger le Tout et s'évaporer l'esprit, le gouvernement doit ébranler de temps en temps les individus dans leur intimité par la guerre ; par la guerre il doit déranger leur ordre qui se fait habituel, violer leur droit à l'indépendance, de même qu'aux individus qui s'enfonçant dans cet ordre se détachent du Tout et aspirent à l'être-pour-soi inviolable et à la sécurité de la personne, le gouvernement doit dans ce travail imposé donner à sentir leur maître, la mort. Grâce à cette dissolution de la forme de la subsistance, l'esprit réprime l'engloutissement dans l'être-là naturel loin de l'être-là éthique, il préserve le Soi de la conscience, et l'élève dans la liberté et dans la force. »

Phénoménologie II

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