Tuesday, October 31, 2017

Citation du 1er novembre 2017

La Toussaint est le jour où les morts de demain vont rendre visite à ceux d'hier.
Henri Duvernois
J’entendais récemment un « accompagnant » de personnes handicapées clouées dans leur fauteuil roulant dire : « Je vois dans leur regard l’expression d’une pensée un peu ironique : « Un jour tu seras peut-être comme moi. » Ce retournement de situation est caractéristique de la mort, lorsque le vivant se voit dans la situation du tombeau (on a récemment encore évoqué cette situation avec le poème de John Donne), encore que ce soit le vivant qui fasse ici parler le mort.
Mais notre citation-du-jour insiste sur un autre aspect : il s’agit de la boucle qui unit les morts et les vivants, un peu comme dans les Danses macabres où l’allégorie de la mort entraine les vivants vers la tombe.
Tout se passe comme si la mort était non seulement le destin du vivant, mais encore son chemin tracé depuis sa naissance : tout être vivant est destiné au tombeau. Ou selon l’étymologie fantaisiste ( ?) du mot « cadavre : Caro-Data-Vermibus » c’est à dire : de la chair destinée aux vers.


Ce qu’on disait encore (au 17ème siècle) de cette façon : « Songe que tu manges pour nourrir les vers qui vont te manger » Bon appétit !

De quoi devenir adepte des pesticides forts !

Monday, October 30, 2017

Citation du 31 octobre 2017

Femmes faciles… Femmes passives… Elles ont bon dos !
Miss.Tic – Expo Muses et Hommes (3 novembre-12 janvier –
galerie Lélia Mordoch rue Mazarine Paris)


Miss.Tic se devait de faire retour dans le scandale des « attouchements et plus si affinité » en soulignant le sort cruel fait aux femmes. Car non seulement elles sont agressées, non seulement on dit qu’elles l’ont bien cherché, mais encore on suggère qu’elles sont consentantes ou même que – pire ! – du fond de leur souffrance rien ne sort, qu’elles restent passives comme l’âne qui reçoit coup de trique sur coup de trique.

Oui, tel est le langage que tient la société bourgeoise, depuis des siècles, au point qu’on avait fini par le croire véridique.

Elles ont bon dos… Non ! C’est trop facile de croire qu’en les violant on fait du bien aux femmes et que la preuve, c’est qu’elles ne s’en plaignent pas. C’est pourquoi je ne m’insurge pas contre le vocable de « porc » utilisé par des femmes contre les violeurs, les attoucheurs, les harceleurs ; car il faut le savoir : les femmes ont cessé d’avoir bon dos et qu’aux coup de triques elles répondront désormais par des coups de pieds dans les c



Sunday, October 29, 2017

Citation du 30 octobre 2017

Le temps qui change tout / change aussi nos humeurs. Chaque âge a ses plaisirs, / son esprit et ses mœurs.
Boileau – L'Art poétique (1674), Chant III, 373
Oui, chaque âge a ses plaisirs : cette formule est devenue proverbiale, et c’est la raison pour la quelle il est bon de la resituer dans les vers de Boileau.
Car il ne s’agit pas tant de formuler cette sentence avec un soupir de résignation ; il faut observer que ce sont des désir nouveaux, des « humeurs » nouvelles qui ont éclos avec  le temps et qui gouvernent ces nouveaux plaisirs.

Or, voilà le « hic » : pour nous aujourd’hui, sorti de l’enfance, nous voudrions pourtant ne pas avoir franchi les frontières de l’âge, voire même qu’elles aient été effacées afin de rester les éternels adolescents que nous fûmes – qui dansaient toute la nuit avant d’aller contempler le lever du soleil,



 Il ne s’agit pas non plus de hausser les épaules : « Avec mes rhumatisme, comment voulez-vous que je tienne le coup jusqu’à l’aube ? Et en plus, pourquoi faire ? »
Là apparaît l’essentiel : ce qui nous faisait jouir étant jeune n’est même plus désiré aujourd’hui, quand nous fêtons nos 75 printemps. Mais soulignons-le fortement : tout a changé, ce qui nous faisait envie ne le fait plus ; et ce qui ne nous faisait pas envie, le fait à présent.

- Oui, mais quoi ?


Saturday, October 28, 2017

Citation du 29 octobre 2017

La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. [...] Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne.
Mahatma Gandhi - Lettre à l'âshram (texte complet en annexe)
Il y a cent à parier contre un, que le premier qui porta des sabots était un homme punissable, à moins qu’il n’eut mal aux pieds.
Rousseau - Dernière réponse (à monsieur Bordes)

Commentaire II
Après la notion de limite, prenons donc celle de civilisation sur la quelle nous avons buté hier.
« La véritable civilisation nous dit Gandhi, nous apprend à limiter volontairement nos besoins. »
Déjà, observons que les besoins dont nous parlons ne sont pas ceux dont la nature nous a dotés : ça n’aurait aucun sens de dire qu’il nous faut limiter nos besoins de nourriture, de boisson, d’abri et de sécurité – puisqu’il nous faut bien ça pour vivre ! Gandhi vise l’évolution des moyens de satisfaire ces besoins et qui deviennent à leur tour des besoins autonomes. Sont concernés les besoins qui naissent du fait des habitudes, de l’obéissance à des modes devenus tyrannies, d’imitation des voisins etc.


Pour vous en persuader, il suffit de comparer le Salle de bal du Palais de Catherine de Russie avec la Danse paysanne de Brueghel.

Seulement, voilà : comment la civilisation fait-elle pour délimiter ainsi nos besoins ? Selon notre seconde Citation-du-jour, cette limite était pour Rousseau radicale : nos pieds n’ont besoin de rien pour marcher, pas même de sabots : ceux-ci sont donc un luxe dont il convient de se passer. Mais en même temps, Rousseau admettait que nous étions sortis de façon irréversible de l’état de nature et que la vie en société était aussi impérative – quoique corruptrice : on le sait Rousseau, est un pessimiste Du coup, c’est toujours une négociation un peu délicate à la quelle nous devons nous livrer pour savoir de quels « besoins » nous pouvons nous passer. Il ne suffit pas toujours de prendre en compte notre tranquillité ; l’écologie moderne nous soumet à une rude pression pour revenir aux toilettes sèches et à la douche à l’eau de pluie.

Friday, October 27, 2017

Citation du 28 octobre 2017

La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. [...] Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne.
Mahatma Gandhi - Lettre à l'âshram (texte complet en annexe)

Commentaire I
Je commencerai par la seconde partie de cette citation : idée d’une limite au-delà de la quelle tout s’inverse : ce qui était bien fait devient méfait, ce qui était confort devient gêne.
Nous avons déjà rencontré cette idée que l’argent était jusqu’à une certaine somme source de satisfaction – voire de bonheur ; et qu’au-delà une augmentation était indifférente. Mais ici on va plus loin : plus de confort n’est pas indifférent, mais souci.
On rencontre la théorie de cette limite dans la thermodynamique : lorsque la pression monte dans une chaudière un rien de plus et c’est la catastrophe. « Catastrophe » : justement une branche des mathématiques en a fait l’étude sous le nom de « théorie des catastrophes », où le terme de catastrophe désigne le lieu où une fonction (mathématique) change brusquement de forme (Art. Wiki). On vérifie cela tous les jours, ne serait-ce que par les inquiétudes soulevées par les innovations techniques censées nous faciliter la vie mais qui en réalité nous confrontent à des complications nouvelles, et – surtout – à des menaces nouvelles quoiqu’encore éloignées : on pense ici à l’intelligence artificielle (I.A.). Le tout est de savoir s’arrêter à temps, ou si l’on veut savoir reconnaitre quand le temps est venu.

Car si un petit progrès donne une brusque rupture, peut-être n’est-ce que du fait de nos habitudes que cette rupture surgit. René Thom, l’initiateur de la théorie des catastrophes écrit : « l'essence de la théorie des catastrophes c'est de ramener les discontinuités apparentes à la manifestation d'une évolution lente sous-jacente. Le problème est alors de déterminer cette évolution lente qui, elle, exige en général l'introduction de nouvelles dimensions, de nouveaux paramètres. »
C’est alors l’histoire qui devient le pilote pour ce genre de science quand elle sort du domaine des mathématiques pour entrer dans celui des civilisations.
La suite à demain… si vous le voulez bien.
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« La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. C'est le seul moyen pour connaître le vrai bonheur et nous rendre plus disponible aux autres [...] Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne. Vouloir créer un nombre illimité de besoins pour avoir ensuite à les satisfaire n'est que poursuivre du vent. Ce faux idéal n'est qu'un traquenard. » Mahatma Gandhi - Lettre à l'âshram

Thursday, October 26, 2017

Citation du 27 octobre 2017

La folie ce n'est pas quand on parle aux murs ; c'est quand les murs vous répondent.
Anonyme
Les idées fortes sont souvent celles qui se disent simplement. Ainsi de celle-ci qui caractérise la folie non par le délire mais par l’hallucination. Notons au passage que nous aurions beaucoup de mal à rendre pathologique le fait de « parler aux murs » ; car, n’est-ce pas, ça doit nous arriver bien des fois sans même qu’on le sache : le cas du professeur devant sa classe, ou du conférencier dans une salle bondée de personnes  d’âge mûr à 14 heures sont trop connus pour être commentés. Mais, au moment où ces murs nous répondent autre chose que ce qu’on aurait imaginé – c’est là qu’on prend conscience qu’il y a déphasage par rapport au réel. Toutefois, comme le souligne notre Citation-du-Jour c’est cette prise de conscience qui prouve qu’on n’est pas fou, entendez que notre discernement n’est pas altéré.
o-o-o
L’idée que les murs pourraient bien un jour nous répondre reste troublante. Qu’auraient-ils à dire ?
- Chers camarades, soyez Insoumis !
- Insoumis, soumis…
- Ecoutez ma parole, et suivez mon index vengeur qui pointe l’ennemi de classe
- Ennemis de classe, de casse…
- Nos ennemis, ce sont les riches. Allons-y : il y a encore des châteaux à brûler
- Brûler, hurler…
- Marchons contre le capitalisme qui exploite notre travail.
- Travail qui vaille…



Bon – il n’y a pas de quoi appeler l’ambulance des fous. Après tout, ce que je viens décrire, je l’ai tout simplement imaginé à partir du modèle de laudi coelum des Vêpres de Monteverdi