Wednesday, July 29, 2015

Citation du 30 juillet 2015

Une des plus grandes erreurs est de croire nécessairement faux ce qu'on ne comprend pas.
Gandhi – Lettres à l'Ashram (1937)
Sous la plume de Gandhi, cette phrase signifie sans doute qu’il faut être tolérant et que bien des vérités qui nous échappent n’en sont pas moins vraies. Encore heureux si leur existence méconnue ne remet pas en cause l’édifice de notre savoir (voir Post d’hier).
1 – On doit alors considérer cette intuition de la vérité qu’on appelle l’évidence ne garantit nullement son existence : je peux croire vrai ce qui est faux, ce qui nous arrive principalement en raison des préjugés de l’enfance comme le soutient Descartes. Simplement, suivant Gandhi, l’intuition erronée n’est pas seulement celle de la vérité mais aussi celle de l’erreur ; admettons toutes fois qu’il s’agit de la même : ce que je crois vrai rejette dans l’erreur toute autre affirmation qui lui serait contraire. On devrait alors réécrire la règle cartésienne : « Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle » (Disc. méth. 2ème partie), de la façon suivante : « Ne recevoir jamais aucune chose pour fausse que je ne la connusse évidemment être telle ».
2 – Du coup, la démonstration de l’erreur communément nommée réduction à l’absurde (1), est une démarche absolument recommandable et pas seulement en mathématique : faute de pouvoir établir une démonstration directe, il nous reste à examiner les conséquences de la vérité proposée pour vérifier qu’elles ne mènent pas à une absurdité.
Ce faisant, on retrouve la tolérance prêchée par Gandhi : au lieu de dire à votre contradicteur : « Tu as tort parce que j’ai raison », vous lui dites : « Supposons que tu aies raison, voyons quelles conséquences il s’ensuit. ». On peut supposer que votre proposition sera bien mieux accueillie.
3 – Toutefois, si cette attitude assure la paix dans le débat, il n’empêche que la charge de la preuve vous incombe. Si votre contradicteur a tort, il faut lui monter que l’une des conséquences de son principe conduit à une absurdité manifeste, ce qui n’est pas si simple.
J’ai un exemple qui vous fera réfléchir (si ce n’est déjà fait) : il s’agit du revenu universel de base (pour la définition, voyez ici), dont la Finlande pourrait se doter. Supposez que vous vouliez dire que ce revenu est une absurdité, comment ferez-vous ?
Vous direz qu’il est absurde parce qu’il va contre la malédiction biblique « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » ?
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(1) Les amateurs liront cet exposé dans les Premiers analytiques d’Aristote ; les autre se contenteront de Wiki.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

bonjour très cher Jean pierre Hammel,
je deguste votre citation du jour et la fin innattendu dans le propos mais nous devons être philosophe pour aller et imposer cela . Je vous suis et m'instruis un peu chaque fois.
en attendant bel été.
Je vous embrasse françoise dans le civile