Thursday, October 06, 2016

Citation du 7 octobre 2016

La sculpture consiste à prendre un bloc de marbre et à enlever tout ce qui est inutile.
San-Antonio
Pour savoir ce qui est inutile dans un bloc de marbre à l’état brut, il suffit de penser l’œuvre qui doit en sortir. Si on doit copier une statue existant déjà, il suffira en effet d’avoir une machine correctement réglée sur ce modèle et on verra la forme surgir de la matière (1).
Seulement voilà : où la Vénus de Milo existait-elle avant d’avoir été sculptée ? Dans l’esprit du sculpteur ? On l’admet sans peine si l’on imagine qu’il sculpte en contemplant une très belle femme qui pourrait servir de modèle pour représenter une déesse. Mais comment une femme réelle pourrait-elle donner une idée de ce que doit être le corps d’une déesse ?
Les sculpteurs antiques ne se sont pas livrés à un exercice aussi incertain : devant réaliser une statue d’Aphrodite, certains ont convoqué les femmes les plus belles de la région et on choisi sur chacune d’elle une partie du corps particulièrement parfaite et ont réalisé leur statue à partir de ce patchwork (2). De leur côté, certains philosophes comme Platon disaient que la beauté est une forme intelligible, donc non sensible, quelque chose comme des proportions géométriques (les canons de la beauté) : le ciseau du sculpteur a donc en effet pour rôle de raboter tout ce qui dépasse.
Mais de nos jours, l’idée d’art est solidaire de celle de création, donc d’invention, de soumission de l’œuvre à l’imagination de l’artiste. La statue ne surgit pas du marbre comme le sous-marin apparaît à la surface de la mer : elle s’invente d’instant en instant, elle devient à partir de la source jaillissante du génie de l’artiste. Finalement, dans l’antiquité, les muses inspirant l’artiste étaient ce qui se rapproche le plus de cette conception, sauf qu’on supposait l’artiste passif et non actif.
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(1) Il existe des tours à bois qui fonctionnent comme cela. On met d’un côté la pièce à reproduire, de l’autre un morceau de bois, et la machine fait le reste.

(2) On sait que les publicitaires font de même pour leurs images de magazine : il y a des mannequins spécialisés pour les mains, d’autres pour le visage, les fesses, les seins, etc.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

chapeau philosphe sublime article encore et antonio cité et on parle de sculture aussi pour le travail psychanlitique

je vous embrasse un regal
tendresse.
françoise