Saturday, December 17, 2016

Citation du 18 décembre 2016

Cette manière d’aimer (= passionnément) s’atténue chez les jeunes qui, ne voulant appartenir qu’à eux-mêmes, tolèrent l’instabilité des corps et des couples.
Boris Cyrulnik – Les nourritures affectives (à lire ci-contre – Cliquez sur l’image pour lire)

De la jalousie –
Voici une vraie question que pourtant on ne pose pas aussi souvent qu’elle le mériterait : la
jalousie existe-telle toujours, à l’époque des relations papillonnantes et des applis Smartphone permettant de localiser dans les environs qui donc est disponible pour une petite détente coquine ? On lira soigneusement la réponse de Boris Cyrulnik dans le texte ci-contre ; je résume son analyse :
            1 –  De nos jours la jalousie est perçue comme une pathologie et non plus comme un effet de la passion.
            2 – Simultanément, la fidélité se relativise : « Si ce n’est qu’une aventure physique, je veux bien lui pardonner » dit l’épouse de l’homme infidèle (ou l’époux de la femme etc.)
            3 – Mais au-delà de ça, il y a une vérité plus fondamentale : si les jeunes tolèrent l’instabilité de corps et des couples, c’est qu’ils ne veulent appartenir qu’à eux-mêmes.

--> Voici qu’on trouve ce qu’on ne cherchait pas : l’amour narcissique comme passion de soi. On retrouve une intuition entrevue grâce à Shakespeare : « J’aimerais mieux être un crapaud et vivre des vapeurs d’un cachot que de laisser un coin de l’être que j’aime à l’usage d’autrui ! » dit Othello (Voir ici). Si cette jalousie est délire, elle est un délire de possession, c’est en ce sens que Desdémone doit lui appartenir, elle est comme valorisée par cette appartenance par la quelle elle accède à ce statut d’être unique au monde : Othello aime Desdémone à condition que Desdémone aime Othello. La jalousie n’est autre qu’un « effet boomerang » de l’amour
Il résulte de tout cela que le singulier employé pour parler de l’amour est trompeur : l’amour est multiple, il peut résulter de toutes sortes de passions, spirituelles, sexuelles, psychiques ; du coup son échec peut entrainer toutes sortes d’effets, fureurs, délires, effondrement psychique. La jalousie n’est qu’un effet parmi d’autres de cet échec, et il faut la ramener à son origine pour en découvrir le sens.

L’amour comme aventure sans cesse en quête de nouvelles frontières aurait-il donc aujourd’hui succédé à l’amour colonisateur ?

1 comment:

Ariaga said...

Je crois que, même si il peut être destructeur, que le besoin d’absorber l'autre est très enraciné en l'être humain. la "civilisation" essaie de nous en détourner mais cela se reporte sur d'autres objets. (pas très bien exprimé mais c'est dimanche ...)