Tuesday, April 25, 2006

Citation du 26 avril 2006

« Pactes sans sabres, ne sont que palabres » [Covenants, without the sword, are but words]

Hobbes - Léviathan,II, XVII

Autrement dit, la diplomatie ne sert à peu près à rien, sauf à mettre au point les Traités qui seront de toute façon imposés par la force. Mais alors, à quoi bon négocier, si à l’arrivée on voit le plus fort imposer sa volonté par la force justement ? On serait dans le cas d’un procès stalinien où l’accusé ne peut que s’imposer à lui-même la sentence que le Tribunal va prononcer contre lui.

Notons toutefois que Hobbes ne dit pas que la force doit être toute du même côté ; on peut admettre que chaque signataire impose à l’autre par la force le respect de sa signature. Dans ce cas c’est l’équilibre de la terreur qui va garantir la paix, comme on l’a bien vu pendant la Guerre Froide : chaque partie n’agit que conformément à son intérêt bien pesé, et respecte sa signature lorsqu’elle considère qu’il y a plus d’inconvénients que d’avantage à violer le pacte.

En revanche Hobbes montre à quel point la morale (le respect de la parole donnée) est étrangère à la politique internationale (et nationale ?). Seul le résultat immédiat est garanti, car il est estimé par chaque partie pour ce qu’il vaut au moment où il est signé. Exemple : le pacte Germano-Soviétique, qui permet aux nazis d’envahir la Pologne sans crainte d’être attaqués par les soviétiques, les quels sont assurés en retour, par une clause secrète, de recevoir une partie du territoire de celle-ci. La clause de non-agression durant 10 ans restera soumise, quant à elle, à la règle énoncée ici : elle n’est que palabre dès lors que l’un des deux signataire à intérêt à la violer.

Epargnons-nous les discussions stériles sur la moralité des Etats - et cessons de parler d’« Etats voyous » - car ce qui vaut pour les rapports entre les individus ne vaut pas entre les Etats. Qu’est-ce donc qu’un Etat, s’il n’est pas un individu comme vous et moi ? Là encore, c’est Hobbes qui répond. L’Etat, dit-il est un « Dieu mortel » (« auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection. »).

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