Friday, July 15, 2011

Citation du 17 juillet 2011

Dans la jouissance, de la modération ; dans l'action de la diligence : une affaire finie est une excellente chose ; un bonheur passé est tout le contraire.

Baltasar Gracian – L’homme de cour (Maxime CLXXIV Ne se point hâter de vivre) – 1646

Lisez d’abord le chapitre entier de Gracian (1) pour jouir un peu de ce style si précis et si énergique en même temps. Prenez votre temps, ne soyez pas comme « les postillons de la vie », qui « voudraient dévorer en un jour ce qu’ils pourraient à peine digérer en toute leur vie » …

Baltasar Gracian est de bon conseil en ce qui concerne la politique (voir mes Posts récents) ; mais il est d’aussi bon conseil quand on est en vacances – trop courtes, cela va de soi – et qu’on se demande comment en jouir au maximum.

Je ne me permettrai pas de commenter ce joli texte : ce serait l’affaiblir. Je me contenterai de l’illustrer.

- Voici, je me présente : professeur Mc Gregor, Spécialiste en développement des loisirs (2). Je suis coach spécialiste des vacances. Le gouvernement ayant constaté qu’il est impossible d’en accroitre la durée a décidé de lancer un programme de coaching pour en améliorer le bénéfice. Je suis là pour vous conseiller.

- Professeur Mc Gregor, je suis un malheureux vacancier, épuisé par mon année de travail je gis sur le sable de La Tranche Sur Mer comme une vulgaire méduse échouée. Comment faire pour que mes vacances ressemblent à ce qu’elles étaient avant la crise – quand je pouvais partir 4 semaines ?

- Les vacances doivent pour être bénéfiques être des moments de joie et d’insouciance. Il faut pour cela savoir jouir de la vie. Le maître Gracian nous l’a expliqué il y a de cela bien longtemps : modérez vos projets, faites comme si vous aviez effectivement 4 semaines de congés sur le sable vendéen. Ne faites rien à la hâte en pensant à tout ce que vous voudriez faire ensuite. Evacuez ce souci de la performance qui vous habite le reste de l’année : jouissez à loisir, car le contentement qui dure est meilleur que celui qui finit.

-----------------------------------------

(1) Allez : voici le chapitre entier. Profitez-en, c’est cadeau – et en plus, vous trouverez le reste du livre ici.

CLXXIV Ne point vivre à la hâte.

Savoir partager son temps, c’est savoir jouir de la vie. Plusieurs ont encore beaucoup à vivre, qui n’ont plus de quoi vivre contents. Ils perdent les plaisirs, car ils n’en jouissent pas ; et quand ils ont été bien avant, ils voudraient pouvoir retourner en arrière. Ce sont des postillons de la vie, qui ajoutent à la course précipitée du temps l’impétuosité de leur esprit. Ils voudraient dévorer en un jour ce qu’ils pourraient à peine digérer en toute leur vie. Ils vivent dans les plaisirs comme gens qui les veulent tous goûter par avance. Ils mangent les années à venir, et comme ils font tout à la hâte, ils ont bientôt tout fait. Le désir même de savoir doit être modéré, pour ne pas savoir imparfaitement les choses. Il y a plus de jours que de prospérités. Hâte-toi de faire, et jouis à loisir. Les affaires valent mieux faites qu’à faire, et le contentement qui dure est meilleur que celui qui finit.

(2) Rien à voir avec le CDLS de nos cousins québécois.

No comments: