Vot' pip', vot' cœur, vot' flageoulet, (bis) /
Je refus' tout vous et's trop laid. (bis) / Car il gnia qu'm'n'amant, qui peut
m'donner / Qui peut m'donner queq'chos'
qui m'plaise,
Mossieu gnia qu'm'n'amant, / Qui peut m'donner
ben d'l'agrément.
L’pied qui
r’mue - Rengainenormande.
C’est un beau monsieur qui courtise une jolie
demoiselle. Seulement le cœur de la belle est déjà pris : elle a un amant.
Le soupirant ne se décourage pas : il tente de la séduire en lui
faisant toute sorte de cadeaux : une
pipe, un cœur, un flageolet (dans l’ordre) : auront-ils raison de sa
résistance ?
Non – mais pourquoi ? La jolie demoiselle
nous donne des pistes pour le comprendre :
- D’abord, le monsieur est trop laid. C’est un argument majeur,
évidemment. Ajoutons quand même que parfois les petits cadeaux suffisent à
compenser. Et si ce n’est pas le cas, alors il suffit d’en faire de plus
grands. Quoi donc ? Je ne sais pas, moi : une jolie bague, un séjour
aux Seychelles, un vison… Enfin, quand même : offrir à une jolie demoiselle
une pipe ! et un flageolet ! Ne parlons pas du cœur, car on se doute
que c’est une autre partie de son corps que le monsieur souhaite offrir à la
femme de ses rêves. C’est vraiment trop nul.
- Ensuite : pourquoi cette jeune fille
irait-elle chercher ailleurs ce que son amant lui offre déjà – et mieux
que quiconque ? Car dit-elle, gnia
qu'm'n'amant, / Qui peut m'donner ben d'l'agrément, et on suppose qu’elle
en a déjà fait l’essai : elle sait de quoi elle parle.
Bon… on devine qu’il y a dans mon commentaire
quelque sous-entendu coquin. Certes, mais pas seulement. Car on peut aussi
admettre que si son l’amant ne lui offrait « qu’une pip’, un cœur, un flageoulet », elle le recevrait avec
ravissement. Telle est l’injustice de l’amour qui fait des différences là où il
ne devrait pas objectivement y en avoir.
On a écrit des tonnes de roman là-dessus.
No comments:
Post a Comment