Sunday, May 15, 2016

Citation du 16 mai 2016

La prétendue supériorité de l'homme sur la femme et la despotique autorité qu'il s'arroge sur elle ont la même origine que la domination de la noblesse.
Gracchus Babeuf (1760-1797)
Avec Babeuf, nous sommes à la fin du 18ème siècle, en pleine révolution. Les députés de l’Assemblée Constituante écrivent les lois d’où sortiront les principes que la France va répandre sur la terre entière : les Droits de l’homme !
Et voilà que des femmes se lèvent pour dire : « Citoyens, si vous voulez que l’Egalité et la démocratie triomphent, vous devez accorder aux femmes les droits que la nature leur a donnés à la naissance, ceux que les hommes réclament pour eux mêmes ». Olympe de Gouges publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : la guillotine tranche le débat. (1)

Plus de deux siècles ont passé ; dans nombre de pays les femmes sont devenues citoyennes à part entière ; elles gouvernent des Etats et des entreprises capitalistes ; elles maitrisent leur fécondité ; elles choisissent librement leurs partenaires masculins. Bref : elles jouissent des droits dont la nature les a dotées.
Et pourtant : aujourd’hui encore, dans des pays civilisés des femmes sont victimes de harcèlement sexuel dont les hommes se rendent coupables à leur égard. Elles accusent les hommes de les considérer comme des objets – objets de jouissance, objets qu’ils peuvent manipuler, prendre ou  laisser selon leur bon plaisir. A quoi ont donc servi deux siècles de luttes pour la liberté de choisir, pour la reconnaissance de l’égale dignité des hommes et des femmes, pour la mise à l’écart de la violence sexuelle ?
Oui, Babeuf avait raison : les hommes qui usent des femmes comme l’étalon use de la jument utilisent non pas un droit mais un fait de nature : celui que la force donne sur le plus faible. Comme le seigneur d’autrefois pouvait abuser des paysans, le mâle d’aujourd’hui prétend au droit de forcer la femme à des faveurs sexuelles.
Il y a des tendances que l’éducation ne saurait détruire, tout juste peut-elle les juguler : il en va ainsi de l’appât du gain et de la jouissance sexuelle. C’est pour cela qu’il y a encore aujourd’hui des paradis fiscaux et, dans les officines politiques, des couloirs sombres mal fréquentés
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(1) Lire ici. A noter qu’Olympe de Gouges ne croyait pas à l’égalité hommes/femmes : selon elle, la femme était par  nature supérieure à l’homme. Ajoutons qu’il s’agit toujours d’un droit de nature, et non d’un principe abstrait du droit.

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