Monday, May 16, 2016

Citation du 17 mai 2016

Au lieu de pleurer sur les ruines de leurs chaumières, ils se battront pour défendre leurs bordels.
Commentaire de Sade – Adresse aux français – La philosophie dans le boudoir (Cf. Post du 7/11/2013)
Entendez-vous dans les campagnes / Mugir ces féroces soldats ? / Ils viennent jusque dans vos bras / Égorger vos fils, vos compagnes / Aux armes, citoyens !
Rouget de Lisle – La marseillaise
Après Olympe de Gouges (hier), donnons (aujourd’hui) la parole à l’autre partie : Sade et son « Adresse aux français » de 1795, dans la quelle il demande aux Constituants de libéraliser les lois sur la prostitution, permettant aux filles et aux femmes de se prostituer « librement ». Je laisserai de côté cet oxymore insupportable qui lie la liberté à la prostitution et je ne retiendrai que l’aspect politique : cette liberté des vices est bénéfique à la société où elle est accordée. Un peu comme l’envie et la jalousie étaient des ressorts utiles à tous dans la fable des abeilles, la luxure et l’orgie donnent aux citoyens selon Sade plus de forces pour lutter contre les ennemis qui menacent le pays.
- Le citoyen de Sade n’est pas un philosophe ; il ne raisonne pas pour arbitrer entre ses projets et le bien public. Non : le citoyen de Sade est un impulsif, son corps est parcouru par les molécules furieuses que la nature a mises dans ses veines – et il agit d’autant plus énergiquement qu’elles sont d’avantage agitées.
- Rouget de Lisle quant à lui nous décrit dans la Marseillaise le citoyen-soldat se battant pour défendre sa famille menacée par les soudards ennemis. Certes les couplets suivants nous le montreront défendant les lumières de la raison et la liberté ; mais pour le moment, dans ce premier couplet, il s’arme pour défendre sa famille. Or, voici que Sade met un bémol à cet enthousiasme : il s’armerait bien mieux s’il fallait défendre ses bordels et les catins qui lui font mille gâteries que sa compagne lui refuse. Plus de nobles sentiments ; plus de principes héroïques ; rien que les basses pulsions, celles que l’humanité partage avec les animaux. Car ce sont elles qui sont les plus fortes, elles, qui donneront le plus d’ardeur au combat. Quand des mercenaires arrivent devant une ville qu’il faut prendre d’assaut, la promesse du pillage et du viol est le meilleur excitant au combat.

Voilà le message de Sade. Faut-il lui demander de réécrire notre Hymne National ? Qu’en pensent nos ministres que Cupidon taquine ?

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