Sunday, May 08, 2016

Citation du 9 mai 2016

Le cœur excède  le cœur.
Maylis de Kerangal – Réparer les vivants (p.244)
(Maylis de Kerangal poursuit : « Il (= le cœur) est l’origine centrale du corps, le lieu des manifestations les plus cruciales et les plus essentielles de la vie. (…) Autrefois le cœur était le membrum principalissimum, le roi du corps … placé au centre de la poitrine, comme le souverain en son royaume. » Idem. p. 269)

Il n’est pas indispensable de revisiter la symbolique du cœur pour comprendre ce que les transplantations cardiaques ont de troublant. Nous avons évoqué récemment la question vue du côté du « donneur » (cf. Post du 2 mai) ; on peut à présent envisager le sujet vu du côté du receveur. En recevant le cœur d’un autre, est-ce qu’on reçoit « simplement » un supplément de vie ? Ne s’agit-il pas aussi d’une partie de sa personne, de sa psychologie, de ses émotions qui venant se bouturer dans la poitrine va modifier la personnalité ? Dans le roman de Maylis de Kerangal, le personnage qui reçoit ce cœur cherche à savoir qui le possédait : un homme ou une femme ? Bien sûr les informations données sur le sujet sont strictement contingentées, réduites à presque rien du tout, sans doute pour ne pas alimenter les fantasmes.

Les Témoins de Jéhovah refusent toute transplantation, comme toute transfusion sanguine parce que, disent-ils, ce serait une forme de cannibalisme, ce qu’ils refusent absolument (1). On hausse les épaules devant tant d’obscurantisme, mais on devrait peut-être considérer avec plus de sérieux cette attitude. Que fait le cannibale sinon chercher à posséder une part de la force et de la vaillance de celui qu’il mange ? Et ferions-nous autre chose en intégrant à notre corps un organe prélevé dans le corps d’un autre ? Alors bien sûr on n’y songe guère quand on reçoit du sang venu d’un autre (quoique certains voudront savoir si ce sang vient d’un bras blanc ou d’un bras noir…) ; par contre le cœur, siège du courage et de la vaillance, le cœur, dont Platon faisait la demeure de l’âme irascible, peut-on impunément recevoir celui qui battait dans le poitrine d’un autre ?
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(1) On peut voir ici que cette position n’est pas exempte de contradictions.

On a dit que Prince serait peut-être mort d’une dose trop forte du calmant qu’il prenait depuis plusieurs mois en raison d’intolérables douleurs à la hanche nécessitant une opération qu’il refusait  en raison de son adhésion à cette secte.

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