Sunday, April 23, 2017

Citation du 24 avril 2017

Les hommes sont des moutons. Ce qui rend possible les armées et les guerres. Ils meurent victimes de leur stupide docilité (Gabriel Chevalier - La Peur).
Jacques Tardi – C'était la guerre des tranchées, 1914-1918 –
Votre volonté, notre fierté.
Slogan de l’armée de terre

Si les hommes étaient des hommes, jamais ils n’iraient faire la guerre et encore moins se faire tuer comme des bestiaux à l’abattoir. C’est ce que disent les soldats revenus de la tuerie entre 1914 et 1918. Là dessus, on entend encore aujourd’hui le même discours à propos de ceux qui, justement ont refusé d’y aller et ont mis la crosse en l’air : ceux-là ont été fusillés et ce n’est que justice. Ne pas le faire serait injurier la mémoire ce ceux qui, justement ont eu le courage d’y aller – et d’y rester.
Oui, vous avez bien lu, c’est cela que disent effectivement les élus de la Nation au moment de réhabiliter les mutins de 17 (1). Mais aussi lisons bien ce que disent les recruteurs militaires : ce qui importe chez le soldat, ce n’est pas son courage ni ses passions à lutter contre les ennemis ; c’est la qualité de sa volonté : c’est elle qui est honore la nation. D’ailleurs le « brav’soldat » d’aujourd’hui aussi bien celui qui est sur le théâtre des opérations extérieures que celui qui aide la défense civile à sauver les habitants inondés d’un village. Finies donc les charges à la baïonnette pour enlever la position ennemie en étripant ses défenseurs ;  finis ces hommes qui foncent dans la mitraille sachant qu’ils ne feront pas trois pas avant de finir hachés menu. La sécurité est devenue le maitre mot du soldat, sécurité des civiles mais aussi celle des compagnons engagés dans le même bataillon.
C’est que la façon de tuer elle aussi a changé, avec ces drones pilotés au joystick depuis un bureau du Pentagone pour frapper en Afghanistan. Les tueurs sont devenus paisibles, et les tués n’ont plus rien à choisir : ça leur tombe comme ça, sur la tête, sans même qu’ils s’en aperçoivent…
La façon de mourir a donc changé… mais on meurt quand même – toujours aussi bien qu’avant.
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(1) Par exemple, en 1998 Jacques Chirac qui refuse la proposition de Jospin, alors premier ministre : « Le président de la République juge "inopportune" l'invitation du premier ministre à réintégrer dans la mémoire nationale, quatre-vingts ans après, les soldats français fusillés "pour l'exemple". » (L’humanité.fr). Aujourd’hui encore ce n’est pas le cas, même si l’opinion a évolué.

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