Thursday, April 06, 2017

Citation du 7 avril 2017

Et alors il peut arriver que la cité se soumette volontairement; mais si elle résiste, de même qu'il (= l’homme tyrannique) maltraitait naguère son père et sa mère, il châtiera sa patrie, s'il en a le pouvoir; il y introduira de nouveaux compagnons, et, leur asservissant celle qui lui fut autrefois chère, sa matrie, comme disent les Crétois, et sa patrie, il la nourrira dans l'esclavage. Et c'est là qu'aboutira la passion du tyran.
Platon République livre 9


 W. Bouguereau – La mère patrie
La Patrie était originellement la terre natale du père. Et puis, un peu plus tard, elle s’est transformée en mère – mieux vaudrait dire « matrie » comme dit Platon, si ce changement ne venait pas choquer l’usage. Bref, la patrie qui d’abord porte secours à ses enfants en les aidant à s’éduquer, à se soigner, à se défendre etc…, est en même temps cette mère que l’on doit défendre contre les envahisseurs.
D’où ce crime dénoncé par Platon du chef corrompu qui corrompt ses concitoyens et qui du coup porte lui-même le danger au sein même de la Cité qui l’a engendré (1). Y a-t-il pire crime que celui-ci ? Sous l’ancien régime le crime le plus abominable était, après le régicide, celui de parricide – et de « matricide ».

Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous n’irons pas jusqu’à la trahison du chef pour évoquer notre époque, mais il est tentant de réfléchir à ce crime de corruption des citoyens, qui jusqu’à présent était resté sans exemple – mais, si Platon avait raison, si en politique la corruption des dirigeants consistait aussi à vouloir répandre partout leur vice ? Qu’on doive avouer que le vice ait pour nature non seulement de chercher sa satisfaction, mais aussi d'envahir partout où il le peut ? N’oublions pas Sade qui voulait (2) que les lois autorisent ces débordements au lieu de les réprimer ?
Exemples puisés dans les « affaires » mettant en cause nos politiques ? Nous avons le débauché qui se vautre dans la luxure : ne souhaiterait-il pas faire des lois libéralisant la prostitution et permettant de rouvrir les maisons closes ? Et ce ministre, fraudeur du fisc et spéculateur, n’en arriverait-il pas, si on le laissait faire, supprimer les impôts sur la fortune, les taxes sur les capitaux etc… ? Et si ceux qui aiment l’argent au point de le considérer comme ayant un lieu naturel dans leur portefeuille voulaient nommer des juges corrompus et libéraux avec ceux qui « tapent dans la caisse » et les escrocs ?
D’ailleurs ce sont ces gens-là qui se considèrent en toute bonne foi innocents ; « François Fillon, plus on fouille plus on sent la corruption, la triche, ce sont des bonshommes qui nous expliquent qu’il faut la rigueur, l’austérité alors qu’ils piquent dans les caisses », s’écrie Philippe Poutou, lors du débat des candidats à l’élection présidentielle.
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(1) Lire ici (au début à partir de 571a) cette description de l’homme tyrannique
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/rep9.htm
(2) Sade – « Français encore un effort si vous voulez être républicains ! » Adresse aux français inséré dans la Philosophie dans le boudoir (à lire ici)

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

la passion du tyran