Saturday, February 03, 2007

Citation du 4 février 2007

Une femme qui zozote est d'autant plus charmante que, quand elle réclame un bijou, on peut se contenter de lui offrir un bizou.

Anonyme

- Messieurs, la Saint-Valentin est proche. Si vous cherchez encore la tendre amie qui vivra ce jour à vos côtés, prenez une femme qui zozote, ça vous coûtera moins cher.

Est-ce pour avoir un prétexte hypocrite à dire une goujaterie que j’ai choisi de parler des « zozoteuses », ou parce que c’était le dernier mot dans mon encyclopédie des citations ?

Croyez ce que vous voulez, moi je veux vous parler d’autre chose : après l’exposé très technique donné récemment ici sur le baiser (1), je m’efforcerai de réfléchir sur le « bisou », ou plutôt les niveaux de langage et l’information que véhicule ce terme.

Le bisou ou la bise relèvent du langage enfantin : la zozoteuse est une femme enfant, c’est ce qui fait son charme. L’enfance, c’est l’age de l’apprentissage du langage, et surtout de l’apprentissage des comportements. On demande à l’enfant de nous « donner un bisou », tout simplement pour qu’il prenne à son compte cette opération. Le tout petit reçoit la baiser, il ne le donne pas spontanément, parce que ça ne fait pas partie de son équipement instinctif, comme l’est le fait de téter. Pourquoi apprendre le baiser à l’enfant ?

Je ne sais si on embrasse dans toutes les civilisations, ce qui est sûr, c’est que chez nous sa signification est multiple. Puisque nous parlons du « bisou », observons qu’il est souvent l’occasion d’un jeu où le baiser simule la morsure : le petit enfant est bien tentant pour l’ogre qui l’embrasse. Le bisou est-il autre chose qu’on simulacre de dévoration ? En particulier le bisou dans le cou qui fait tant rire le petit, n’a-t-il pas quelque chose de troublant ? D’ailleurs, Freud considérait l’anthropophagie comme l’un des désirs partout répandu et partout réprimé (ou : canalisé) chez l’enfant. Le fait que l’anthropophagie rituelle ait servi à s’approprier les vertus de celui qu’on mangeait n’empêche pas que celle-ci ait été d’abord un désir (2).

Si vous êtes choqué par l’idée que le bisou soit un symbole anthropophagique, dites-moi, si vous deviez manger un petit enfant, par quelle partie vous commenceriez ? Hein ? Vous voyez…

(1) 9 novembre 2006

(2) A commencer par celui de la gourmandise - voir à ce propos la Chronique des Indiens Guayakis de Pierre Clastre, où en plus vous trouverez des recettes…

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