Monday, June 23, 2008

Citation du 24 juin 2008

N’importe quoi, sauf la vérité. Il n’y a que ça qui ne se vend pas.

Boris Vian

Ne jetez pas la pierre au vendeur soupçonné du coup d’être un fieffé charlatan qui vous trompe tant qu’il peut : si on mettait en vente la vérité, vous n’en voudriez pas.

Ecartons l’objection facile : si on achète ce dont on a besoin, la connaissance objective de l’objet acheté est indispensable. Car on n’achète jamais ce dont on a simplement besoin, ou plutôt cet acte d’achat est si inessentiel qu’il ne rencontre même pas notre conscience.

Supposez que vous teniez votre journal intime, au jour le jour. Vous marqueriez dedans : « Aujourd’hui, suis allé chez le boulanger acheter une baguette de pain. » ?

Non bien sûr. Vous pourriez écrie : « Aujourd’hui, j’ai trouvé une superbe revue sur les sports nautiques », ou bien : « Ai trouvé une paire de ballerines roses. Très choutes. »

Voilà donc l’idée simple : on n’achète jamais que ce qui fait plaisir, et la vérité ne fait pas plaisir. Au mieux elle satisfait un besoin ; on a besoin de vérité comme on a besoin de l’air qu’on respire. Alors, bien sûr, il peut se faire qu’on achète ce qui nous est nécessaire, et la connaissance qui peut aussi être nécessaire, peut aussi s’acheter.

Mais ça n’implique pas dans ce cas un vendeur. Le vendeur est là pour vous faire passer à l’acte d’achat ; il n’intervient que si vous n’êtes pas absolument déterminé à acheter. Il doit vous persuader que cet achat est bon, et pour cela il a deux possibilités : soit vous persuader que ce qu’il vous propose est loyal c'est-à-dire que votre besoin sera satisfait ; soit que votre bonheur ou votre plaisir est à ce prix.

Dans le premier cas, un comparatif d’achat ou un test de laboratoire ferait aussi bien – même mieux. Dans le second, c’est bien autre chose que la vérité qui est en cause, et là le talent du vendeur devra se déployer pour rencontrer votre désir secret.

« Désir secret » = celui qui nous fait croire qu’on peut acheter le bonheur.

No comments: