Thursday, March 11, 2010

Citation du 12 mars 2010

Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte.

La Fontaine – La chauve-souris, le buisson, et le canard – Livre XII (1693) – Lire ici

Jean de La Fontaine, notre contemporain – 1

Pourriez-vous me dire comment il se fait qu’on s’étonne de voir arriver ce qu’on a su prévoir depuis des siècles ?

Si on ne prête qu’aux riches, et si les pertes font les pauvres, alors il n’est que de paraître riche pour le devenir.

Ce sophisme, mes chers amis, comment s’étonner que les Grecs (= ceux d’aujourd’hui, car c’est d’eux qu’il s’agit) s’en soient inspirés, vu que la sophistique, c’est eux (= ceux d’autrefois) qui l’ont inventée ?

Reprenez en effet cette petite fable de La Fontaine qui a aujourd’hui plus de trois siècles. Vous y trouvez l’histoire de trois marchands spécialisés dans l’import-export qui voient leur cargaison dérobée par les Tartares. Leur perte fut si apparente qu’elle devint déconfiture.

--> Principe : on ne prête jamais d’argent à ceux qui l’ont perdus.

Comme nous le suggère La Fontaine, les Grecs ont eu la mauvaise fortune de voir leur comptabilité publique véreuse révélée par la crise financière – comme ce fut aussi le cas de ce pauvre monsieur Madoff.

- Les pertes : qu’est-ce que ce mot désigne ?

Les pertes, c’est en réalité ce qui fait perdre de l’argent. Entendez que si vous avez perdu au tiercé, vous trouverez encore à emprunter avec un crédit flash pour finir le mois malgré tout, du moins, tant que votre banquier espèrera récupérer son prêt. Mais du jour où vos pertes auront englouti votre maison, votre voiture et les bijoux de votre femme, ce jour-là on vous refusera tout crédit.

… Mais dites-moi, est-ce que ça ne vous rappelle pas quelque chose d’encore plus ancien ? Quelque chose de bien plus vénérable ?

Mais oui ! La parabole des talents… (1). C’est bien la Bible elle-même qui nous l’explique : on ne doit prêter qu’aux riches, car les pauvres n’ont que faire de l’argent – s’ils sont pauvres c’est qu’ils n’ont pas su s’en servir.

Si donc vous avez emprunté à votre banquier et si vous venez lui demander une rallonge de crédit, ne vous étonnez pas s’il prend l’air sévère et vous demande : Qu’as-tu fait de ton talent ?


(1) Pour ceux qui ont besoin d’une séance de révision, il y a ça.

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