Friday, March 22, 2013

Citation du 23 mars 2013



La liberté c'est la sécurité, la sécurité c'est la surveillance, donc la liberté c'est la surveillance.
Jean-Christophe Rufin – Globalia
La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sûreté ; et pour qu’on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen.
Montesquieu - De l'esprit des lois – XI, 2 (cité le 15-12-2009)
De nos jours encore – plus encore qu’autrefois du fait des perfectionnements techniques – le comble du despotisme parait être illustré par le roman « 1984 » de Georges Orwell décrivant un dictateur qui exerce sur les citoyens une surveillance de tous les instants  par ses « télécrans » – sortes de caméras de vidéo-surveillance installées dans les appartements abolissant du coup l’intimité de la vie privée.
A l’heure où l’implantation de ces caméras s’intensifie, la déduction de Jean-Christophe Rufin prend un ton grinçant : au maximum de contrôle correspondrait le maximum de liberté ! Toutefois, comme le disait Rousseau : on vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s’y trouver bien ? (1) L’idée qui se dégage donc, c’est que pour identifier liberté et sécurité, il faut assumer un épouvantable sophisme.
Sauf que Montesquieu a très sérieusement identifié liberté et sécurité, étant entendu qu’aucune liberté ne pourrait exister si la sécurité n’était pas assurée. Du sophisme on passe à l’aporie (2), puisque la condition de possibilité de la liberté parait être en même temps liberticide.
Pour faire vite nous dirons que cette difficulté vient de ce qu’on n’a pas tenu compte du fait que Montesquieu parle ici de liberté politique, la quelle devrait être entendue à peu près avec le sens de liberté civile (= liberté garantie par les lois). On en conclura que celle-ci est le fonds sur le quel peut se développer la liberté individuelle que rien ne devrait limiter… sauf à déborder du cadre de la loi.
Bref : l’aporie en question consiste à admettre que la liberté n’existe qu’à la condition d’être limitée. Ce que les anarchistes refuseront avec la dernière énergie !
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(1) Rousseau – Du contrat social (Livre 1 ch.4)
(2) Mot du jour  - Aporie : l'aporie est une impasse dans un raisonnement procédant d'une incompatibilité logique.

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