Thursday, November 12, 2015

Citation du 13 novembre 2015

La France a fait la France, elle est fille de sa liberté.
Jules Michelet – Œuvres complètes

Dissertation de philosophie. – Durée : 4h – Coeff. : 7
Sujet : Commentez cette sentence de Michelet en analysant la notion de liberté qui s’en dégage et en donnant un exemple historique.
(Introduction) – A l’heure où l’identité française est au centre de débats idéologiques, on se dispute pour savoir si cette identité inclue la race, la religion, un passé rempli de héros, etc. Faut-il prendre au sérieux ces débats, ou bien devrions-nous plutôt nous demander si cette identité ne transcende pas ces composants, si se déclarer français ne relève pas d’une décision arbitraire mais souveraine. Si la France est fille de sa liberté, a-t-elle besoin de « wasp » à la française – ou bien de sans-culottes ? Qui sont donc les français qui ont fait la France – et qui continuent de la faire ?
(Thèse) – La France est fille de sa liberté, qui s’exerce dans le cadre de son histoire. Etre français, c’est se reconnaître dans les choix que nous avons faits et qui donnent aujourd’hui les résultats que nous voyons. Mais si nous sommes libres, c’est bien parce que nous avons le pouvoir de refuser de suivre les étapes de développement qui sont impliquées par notre passé.
- Citation :
            - « La liberté consiste à changer un acte par d’autres actes » (Sartre)
            - « La liberté c’est ce qu’on parvient à faire avec ce qu’on a fait de nous » (Sartre)
- Exemple : nous sommes en 2050 et les français doivent rembourser la dette de mille milliards de dollars, dette que l’Etat français a contractée au début du siècle pour financer les comptes sociaux et les Services publics. Allons-nous incriminer les Marchés ? Les banquiers véreux ? Les élus responsables de la gabegie des finances publiques ? – Point du tout ! La démocratie suppose la liberté des citoyens dans leur choix d’élire qui bon leur semble, même s’il s’agit de démagogues prêts à toutes les dérives pour « acheter » les électeurs. Chaque français est donc, comme citoyen libre, responsable de la situation politique du pays.
- Revenons en 2015. Libres et donc responsables, nous voilà devant les urnes aux prochaines élections. Qu’allons-nous faire ? Voter pour celui qui nous assure un avenir meilleur – en utilisant des promesses  fumeuses ? Ou alors pour celui dont l’élection embêtera le plus le parti au pouvoir ? Ou bien voterons-nous après nous être demandé : « ce programme pour le quel on nous demande de voter, quels résultats produira-t-il dans 20 ans ? »
 (Antithèse) – Mais qui donc se pose de pareilles questions ? Où sont les citoyens capables de se comporter ainsi quand ils remplissent leur devoir électoral ? Plus radicalement, quelle est donc cette France dont parle Michelet ? Celle des insurrections populaires ? Celle des 200 familles ? Celles des électeurs-citoyens qui hésitent entre la partie de pèche et le détour par l’isoloir ? Parce que, si c’est le cas, ne nous étonnons pas si notre souveraineté passe peu à peu entre les mains des financiers qui détiennent notre dette.
(Synthèse) – La France n’existe pas, sauf dans les programmes d’éradication des étrangers (2). N’existent que des français, qui sont des gens que la vie politique intéresse fort peu, et qui ne considèrent que leur compte en banque.
Toutefois, la crise économique a ceci de bénéfique qu’elle met à nu les tares d’un système corrompu par l’amour du pouvoir. Ne doutons pas que l’avenir (proche si possible) soulèvera l’inventivité populaire qui cherchera dans un sursaut collectif une issue à leurs difficultés privées.
(Conclusion) – La France est un pays dont l’identité est en devenir, chaque génération ajoutant un Gavroche de plus derrière Marianne.

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(1) Par analogie avec les « wasp » anglo-américains – Wasp : White Anglo-Saxon Protestant, désigne les blancs américains d'origine anglaise et protestante dont la pensée et le mode de vie furent structurels pour les Etats-Unis (art. Wiki)

(2) C’est brutal, je le concède, mais quand on voit à quoi sert l’Identité française, avouons que c’est tentant de le penser.

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