Au mythe de
la femme enfermée et séparée (dont l'obligation de chasteté impliquait la
chasteté de l'homme) s'est substitué le mythe de la femme ouverte et proche,
toujours à disposition.
Pier Paolo
Pasolini (Voir texte complet en annexe – Il s’agit de la suite du commentaire
de ce texte)
Commentaire
II
Allez :
un commentaire un peu plus souriant pour changer.
L’obligation
de chasteté de la femme implique la chasteté des hommes (à moins qu’ils copulent entre eux comme
en prison). On est en plein mythe mais cette fois c’est celui de Lysistrata. On
se rappelle cette histoire portée au théâtre par Aristophane il y a … 2500
ans ! Les femmes d’Athènes étaient alors en fureur contre leurs maris qui
étaient constamment en guerre et qui du coup les négligeaient… enfin pas
toujours parce qu’ils étaient quand même là de temps en temps pour la
bagatelle. Voici donc l’une de ces dames qui propose à ses consœurs de
faire pression (sic) sur les hommes en se refusant à eux, c’est à dire en les
contraignant à la chasteté – tant qu’ils n’auraient pas renoncé à se faire la
guerre.
Bien sûr, les
comédies dans l’antiquité grecques ne brillaient pas par leur raffinement, et
voici ces pauvres hommes qui gémissent de la souffrance qu’ils endurent par
cette continence obligée, se trainant sur la scène avec des olisbos (1) gros
comme des sexes d’ânes qui pendent entre leurs jambes. Mais ne rions pas trop,
car la même menace est périodiquement reprise par les femmes qui veulent faire
pression sur les hommes : telle la grève des « jambes croisées »
qui eut lieu en Colombie (2).
La grève
des jambes croisées à Santa María del Puerto de Toledo de las Barbacoas
Alors,
messieurs ? Qu’en pensez-vous ? Etes-vous prêts à hausser les épaules
en disant : « Elles ont trop besoin de notre virilité : ce sont
elles qui n’y tiendraient pas ! » Non, n’est-ce pas ? Je vois
que vous levez un sourcil : « Oui, c’est donc ça… Depuis que je
refuse de programmer des vacances à Ibiza, ma chère et tendre épouse a vraiment
très souvent la migraine le soir au coucher… »
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Annexe.
« La
société préconsumériste avait besoin d'hommes forts, donc chastes. La société
de consommation a besoin au contraire d'hommes faibles, donc luxurieux. Au
mythe de la femme enfermée et séparée (dont l'obligation de chasteté impliquait
la chasteté de l'homme) s'est substitué le mythe de la femme ouverte et proche,
toujours à disposition. Au triomphe de l'amitié entre hommes et de l'érection
s'est substitué le triomphe du couple et de l'impuissance. Les hommes jeunes
sont traumatisés par l'obligation, que leur impose la permissivité, de faire
tout le temps et librement l'amour. » Pier Paolo Pasolini
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(1) Olisbos
(mot du jour) : phallus en cuir
(2) Pendant 3
mois et 19 jours, 300 femmes d’un petit village du sud de la Colombie avaient
refusé tout rapport sexuel avec leurs maris. Elles exigeaient la construction
d’une route d’accès au village pour remplacer le chemin muletier. Elles ont eu
gain de cause. Lire ici
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