Saturday, September 10, 2016

Citation du 11 septembre 2016

Pour agir sur les Hommes, les raisonnements ont besoin de se transformer en sentiments.
Vilfredo Pareto
Cité par Raymond Aron  (Les étapes de la pensée sociologique)

1 – On ne gouverne pas avec des raisonnements. Ou, si vous préférez, ces raisonnements peuvent bien convaincre et faire admettre le bien-fondé d’une résolution (comme de réformer les impôts) ; mais ils n’ont pas de prise sur les volontés : pour que je consente à une hausse de mes impôts, il faut que je ressente cette mesure comme étant juste.
2 – Du coup il ne reste que les sentiments à pouvoir faire levier sur les citoyens. On sait combien l’amour de la Patrie a servi à persuader de jeunes hommes qu’ils devaient aller se faire tuer à la guerre. Et combien le respect des Grands Hommes incline le peuple à supporter la servitude imposée en leur nom. Un régime qui ne pèserait pas sur ces leviers verrait la société se désagréger en petites communautés cherchant à satisfaire leurs petits intérêts égoïstes.

Mais l’idée qui tue, ce n’est pas seulement celle-là : on devine que, selon Pareto, pour arriver à susciter des sentiments (et sans doute des émotions) capables de mobiliser les citoyens il faudra bien prendre quelques libertés avec la vérité et l’objectivité.
Mais qu’importe, si c’est la condition pour parvenir au mieux !
- Un exemple ? Les allègements d’impôts, justement, ou plutôt de taxes sur les entreprises. On a dit que c’était nécessaire pour relancer l’embauche. Or on savait qu’il faudrait un certain délai pour l’obtenir : on n’a pas su en persuader les contribuables et du coup l’indignation a suivi lorsqu’on s’est rendu compte que les entreprises avaient empoché le bonus sans embaucher comme promis. Qu’il faille un certain délai pour que ça marche, et même que les profits soient leur objectif prioritaire – quoi d’étonnant en régime capitaliste ? Mais que ces profits supposent un dynamisme entrepreneurial et donc finalement des embauches, ça peut se comprendre, mais ça ne se traduit pas par un consentement affectif.

On dira que tous les projets politiques ne sauraient se traduire de façon affective. Oui – c’est vrai. Reste alors à trouver un animateur aux dents-blanches et au sourire ravageur pour subjuguer les électeurs qui sont alors prêts à le suivre jusqu’au bout du monde à condition qu’il leur dise qu’il les aime toujours.

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