Wednesday, September 21, 2016

Citation du 22 septembre 2016

A la surface du globe, pour la matière vivante en général, l'énergie est toujours en excès, la question est toujours posée en termes de luxe, le choix est limité au mode de dilapidation des richesses.
Georges Bataille – La Part maudite (1949)

Spécial nostalgie. –
Bataille écrivait La part maudite en 1949 : c’était l’époque où l’idée de milieu écologique comme milieu où la vie, sous toutes ses formes, équilibre ses besoins et ses produits, n’effleurait pas les cerveaux.
Ah !... 1949… La belle époque, celle où le seul souci était de trouver des richesses à dilapider et non à économiser. L’économie des moyens c’était bon pour les pauvres, les malheureux. Les autres, ceux qui espéraient quelque chose de la vie n’avaient qu’un espoir, celui de trouver de quoi s’offrir une grosse voiture à remplir de belles filles et un bateau surpuissant pour déchirer la mer.
1949 : après la guerre, la paix – l’espoir n’était pas d’épargner, mais de gaspiller les richesses, et peu importait qu’elles ne fussent pas renouvelables.
Comme un bon philosophe, Bataille rattache ce désir à une tendance fondamentale de la vie : la matière vivante est déséquilibre, elle est un luxe qui dilapide des richesses au lieu des les stocker en vue de leur réemploi. Les être vivants ont pu apparaître sur terre en tirant l’énergie du soleil, et jamais ils ne se sont demandé si un jour il finirait par s’éteindre.
Quant à nous, qui venions juste de naitre, nous allions bientôt trouver dans notre milieu une expression pour discréditer la tendance à l’économie : « souci de petit bourgeois, de petit boutiquier pour qui tout ce qui se fait doit être traduit en argent qu’on peut compter, économiser, thésauriser. »

Metsys – Le préteur et sa femme (Musée du Louvres)
Devenu un peu plus grands, nous avons eu la possibilité de marier Marx et Nietzsche, le critique inflexible de l’« homme aux écus » et le philosophe de la volonté de puissance qui se dépense sans compter. A la jouissance de l’ascète qui retient sa semence en se tenant loin des femmes, là-bas, dans le désert, nous préférions les caves de saint Germain-des-Prés où nos parents dansaient le bebop, avant d’aller faire des petits baby-boomers sans y songer…

La suite à demain, si vous le voulez bien.

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