Monday, January 09, 2017

Citation du 10 janvier 2017

Le salaire est déterminé par la lutte entre capitaliste et ouvrier. La victoire appartient nécessairement au capitaliste.
Karl Marx – Manuscrits de 1844

Carlos Ghosn «  recevrait près de 15 millions d’euros en tant que président et directeur général de l’Alliance Renault-Nissan » (1)


Les journalistes se font une gloire facile auprès de leur lectorat en épluchant les feuilles de paye des patrons du CAC 40 ; en général ils se font un plaisir de dire à combien d’années de labeur payé au SMIC correspond celui de Carlos Ghosn ou de Bernard Arnaud (2)
Le scandale tient bien sûr aux difficultés à vivre des pauvres smicards : est-ce juste qu’ils souffrent ainsi leur vie durant alors que ces messieurs que rien ne distingue en tant qu’être humains du reste des hommes sont cousus d’or ? Les indignés de tout poil s’exclament « ces salaires sont indécents ! ». Mais pourquoi donc ?
Tâchons d’y voir un peu plus clair. Le salaire, comme tout échange marchand, obéit à deux évaluations différentes :
- l’une, calculée sur la valeur dépensée pour produire la marchandise. Si celle-ci est constituée par la force de travail mobilisée pour la production, alors on dira que tout ce que le travailleur doit consommer pour reconstituer sa force de travail (nourriture, foyer, ressources nécessaires à élever les enfants qui viendront le remplacer à la production quand il sera mort) constitue son salaire. C’est ce que Marx appelle le « salaire naturel ». Dans ce cas, le patron devrait vivre 150 fois plus longtemps (?) que son ouvrier pour utiliser l'argent gagné. C'est effectivement indécent.
- Mais n'oublions pas l’autre mode de calcul qui correspond au  marché du travail. Plus la compétence d’un travailleur est rare, et plus son salaire sera élevé. Un grand patron doit alors être rémunéré en fonction du chiffre d’affaire de l’entreprise, comme on le voit dans les extraits de presse cités.
On comprend que ce salaire constitue également une pression exercée sur un homme qui pourrait être tenté de mettre son extrême compétence au service de la concurrence. Imaginez monsieur Ghosn disant : « Ou vous me filez mes 15 briques, ou je me fais embaucher par VW ». On croitrait entendre Zlatan… (mais la même année et au même club (PSG) Thiago Silva a touché 23 millions d’euros !)
- Certains seront émus de voir que pour toucher un gros salaire il vaut mieux être footballeur que PDG. C’est vrai ; mais on ne doit pas oublier que la compétition se fait sur le chiffre d’affaire supposé permis par le talent du patron, tout comme le classement du club résulte de la performance du joueur vedette. Ce qu’on paye en salaire est fonction du profit espéré.
--> Voilà qu’on met la main sur le critère qui nous manquait depuis le début : ce qui fonde le salaire, ce n’est pas la montant nécessaire pour faire vivre le travailleur ; c’est le profit qu’on peut en tirer. Investissement et retour-sur-invetissement
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(1) « Le constructeur français Renault envisage de verser à son patron Carlos Ghosn un "package" de 7,2 millions d’euros au titre de l’année 2014 en raison de l’amélioration des performances de la marque, notamment sur le marché français (+5,1%).  Soit une hausse de 167%, presque trois plus que les 2,67 millions versés en 2013.
L’an dernier, le groupe a publié un chiffre d’affaires en hausse de 0,3% à 41 milliards d’euros, et un bénéfice de 1,9 milliards d’euros, trois fois plus qu’en 2013."  

- La rémunération proposée par Renault est indépendante de celle que Carlos Ghosn perçoit en tant que président de Nissan. En 2013 le groupe japonais lui avait versé près de 7,6 millions d’euros et 7,2 millions en 2012. 

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