Friday, January 27, 2017

Citation du 28 janvier 2017

Le pouvoir d’un Président (de la République) consiste à se faufiler dans le labyrinthe des empêchements.
Sylvain Tesson – Sur les chemins noirs (p.67)

« Se faufiler dans le labyrinthe des empêchements » : voilà à quoi il faut penser quand on réfléchit au bilan du Président Hollande (mais sans doute aussi de n’importe quel autre Président qui l’a précédé). D’ailleurs, que pouvions-nous attendre raisonnablement de lui ? Qu’il change la nature des hommes et des pays qui environnent la France ? Qu’il agisse sur la mentalité des citoyens, les détournant de frauder le fisc ou de se rebeller contre les décisions de l’exécutif ? Bref, qu’il fasse des miracles ?

Au cours de son exploration de la France rurale, Sylvain Tesson découvre une sagesse aujourd’hui bien oubliée : quand on dépend de la nature, on ne peut pas renverser les obstacles, on ne peut que composer avec eux (1). On dira que le louvoyant François Hollande avait des dispositions pour cela, et que, s’il avait seulement fait cela correctement, on n’en serait pas là où nous en sommes aujourd’hui – Certes, mais au moins sachons ce que nous avons à lui reprocher au lieu de lui jeter à la tête les pires insultes qu’on puisse imaginer.
Vous vous doutez bien que je ne prends pas la défense d’un homme qui en ce moment frétille d’aise en songeant qu’il n’a plus que 4 mois à tirer à l’Elysée ; ce que je veux faire ressortir, c’est que nous ne devons pas attendre des candidats à sa succession de faire mieux que ce qu’il aurait pu faire et qu’il n’a pas fait (vous me suivez ?)
Bref : l’art du politique n’est pas de renverser les obstacles, mais de les contourner et pour cela de bien les connaitre. Voyons par exemple ce qui nous stupéfie dans le programme de François Fillon, le candidat de la droite. Alors qu’un combat fratricide a opposé le gouvernement Valls et sa majorité, soutenue en cela par l’opinion publique, à propos de la loi-travail (considérée comme détruisant le droit des travailleurs), voici que François Fillon annonce tranquillement qu’il va jeter au feu le Code du Travail, faire travailler plus sans gagner plus (du moins pour les fonctionnaires) ; et pour faire bonne mesure le voici qui propose de remplacer la sécurité sociale, un des acquis de la République, par des caisses de santé privées. Ce qui étonne au plus haut point, vous l’aurez compris en lisant Sylvain Tesson, c’est que cet homme politique expérimenté n’ait pas vu qu’il y avait là des obstacles incontournables – ou peut-être que les ayant perçus comme tels, il les ait néanmoins considérés comme n’étant pas infranchissables.
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(1) Rencontrée auprès des paysans qui composent avec la nature, cette conviction conduit Sylvain Tesson théoriser l’art de l’esquive et de l’évitement. « Fuir, c’est commander… c’est au moins commander au destin de n’avoir aucune prise sur vous. » Idem – p. 36. Epictète et Marc-Aurèle réunis n’auraient pas dit mieux !

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