Monday, January 23, 2017

Citation du 24 janvier 2017

Comme la confiance est la santé des monarchies, ainsi la défiance est la santé des Républiques
Alain – Le culte de la Raison comme fondement de la République (Voir citation complète en annexe – Lire le texte complet ici)

 A un ami chinois qui demandait quel avantage je trouvais à la démocratie, je répondis ceci : « la démocratie donne au peuple le pouvoir de chasser les gouvernants qui lui déplaisent. » Après tout, voilà une vérité qui n’est peut-être pas exhaustive, mais qui n’en reste pas moins authentique.
Toute fois, si je reviens sur la phrase d’Alain, c’est pour souligner que selon lui, cette défiance n’est pas du tout le symptôme d’une maladie de la démocratie, mais au contraire un signe de santé. On ne saurait d’ailleurs oublier que cette défiance est au cœur des débats aujourd’hui même avec le projet de « 49.3 citoyen » (1).

On croit bon de faire de la confiance dans les gouvernants le principe de la démocratie ; mais n’est-ce pas livrer le peuple pieds et poings liés à l’arbitraire du pouvoir ? Ne ferions-nous pas mieux de nous méfier : les règles de la démocratie ne seraient-elles pas justement destinées à empêcher les manifestations d’hostilité : une fois le scrutin terminé, le pouvoir est aux mains des élus, et rien ne doit s’opposer à son exercice – « Rentrez chez vous, il n’y a rien à voir ! »
Mais la défiance dont parle Alain a encore une autre justification, qui remonte à fort loin (2) : le pouvoir souverain ne se divise pas, il est et reste tout entier dans les mains de ceux qui le possèdent légitimement – autrement dit : le peuple. Le fait que celui-ci le délègue par scrutin, n’empêche que cette délégation soit conditionnelle, et que jamais cet exercice du pouvoir ne puisse être entièrement soumis au bon vouloir des gouvernants délégués. Occasion de signaler la différence entre la monarchie et la démocratie : celle-ci ne peut être une monarchie temporaire, comme si le chef démocratique était un roi dont les jours seraient comptés.
D’ailleurs, les Présidents africains l’ont bien compris eux qui refusent de quitter le pouvoir quand les urnes le leur commandent.
-----------------------------
(1) Le 49.3 citoyen qui permet à 1 % des inscrits sur les listes électorales (environ 400 000 personnes) de peser sur les décisions. Comment ? En signant une pétition pour «soumettre un texte à l’examen des deux chambres du Parlement, après avis du Conseil d’Etat», le citoyen pourra «proposer à référendum un projet de loi» et «suspendre la promulgation d’une loi» - Lire ici

(2) Jean Bodin – Les six livres de la république (1576) (On peut lire un abrégé ici)

No comments: