Sunday, July 02, 2017

Citation du 3 juillet 2017

La pauvreté attire facilement le mépris. Quelque véridique que soit l'indigent qui se plaint des torts qu'on lui a faits, nous croyons toujours que ce qu'il en dit, est pour mettre notre sensibilité à contribution.
Ménandre – Fragments - IVe s. av. J.-C.
Depuis Ménandre, les choses ont-elles changé ? Sommes-nous devenus moins soupçonneux à l’égard des malheureux qui mendient un peu de nourriture ou de protection ?
Voyez les SDF : on a toujours l’impression, non seulement qu’ils vont nous taper une thune mais aussi qu’ils sont, quoiqu’ils en disent, responsables de leur triste histoire. Ont-ils été injustement chassé de leur emploi par un patron psychopathe et viré de chez eux par l’amant de leur femme ? Hum… On reste persuadé que ce qui leur arrive ne pourrait arriver à quelqu’un de normal – comme nous !
Voyez les récits de vie des demandeurs d’asile. C’est là surtout que notre mauvaise foi trouve à s’exprimer : tous ces gens ne nous mentent-ils pas lorsqu’ils nous racontent leur triste histoire ? Ils auraient été victime de la Mafia, des policiers corrompus ou des nervis à  la solde d’un dictateur ? Leur récit est sans preuve, et  s’il est vrai que réunir des témoignages probants quand on parvient à s’échapper des geôles de tortionnaires de la police n’est pas forcément très commode, on a quand même l’impression qu’ils font tous le même récit, comme s’ils l’avaient acheté tout fait à leur passeur.

Ah !... Je vous sent choqué : votre sensibilité serait quand même froissée et vous seriez prêt à donner de l’argent pour qu’on les accueille dignement ? – Alors il ne vous reste plus qu’à écouter Kant qui affirmait que ce n’est pas au particulier, mais à l’Etat qu’il revient de secourir les nécessiteux. Un des amis du philosophe raconte même que, lorsqu’il était en promenade, il chassait à grands coups de canne les mendiants qui s’approchaient de trop près. Venant du philosophe du respect de l’être humain, cet argument est sans appel.

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