Wednesday, May 16, 2007

Citation du 17 mai 2007

Les chevaux et les styles de race ont du sang plein les veines, et on le voit battre sous la peau et sous les mots, depuis l’oreille jusqu’aux sabots. La vie ! La vie ! Bander, tout est là.

G. Flaubert - Lettre à Louise Colet (15 juillet 1853)

Bander, tout est là….

Le 20 avril 2006, je soumettais à votre sagacité cette citation de Baudelaire : « La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. ». Vous voyez que nos grands littérateurs post-romantiques avaient une source d’inspiration assez proche : pour Baudelaire, la bestialité est la vie ; pour Flaubert, la vie et la création littéraire ne font qu’un seul et même élan. Entre la pulsion sexuelle et les créations les plus sublimes de l’esprit, il y a continuité.

Je passe sur l’exploitation psychanalytique du sujet (avec la sublimation) pour attaquer l’aspect scabreux : supposons que le concept de « bandaison » (pour signifier la continuité entre la vie comme vitalité, et la création littéraire) soit indispensable à la création. Alors que dire des artistes féminines ?

Y a-t-il un équivalent de la bandaison chez les dames ? La question est scabreuse en effet, mais ce n’est pas tant ça qui prime. Ce qui m’intéresse, c’est plus tôt la question « que savons-nous les un(e)s des autres ? ». Quand Flaubert écrit à Louise « Bander, tout est là » qu’est-ce qu’il imagine qu’elle imagine ? Comment espère-t-il lui faire comprendre ce qu’est ce ressort de la création littéraire ? A moins qu’une fois de plus, en écrivant à Louise, ce ne soit qu’à lui-même qu’il s’adresse. (1)

En fait Gustave a bien tenté d’expliquer à Louise ce qu’il voulait dire : le sang qui bat dans les veines, la vivacité du galop, les mots pleins la tête qui se jettent sur la papier… Oui, Louise sait ce que c’est. Mais la suite ? La sexualité féminine, Freud disait que c’était le continent noir de la psychanalyse. Et comme on le sait, il allait jusqu’à dire que la libido féminine n’existait pas.

Alors, la solution, si elle existe consiste dans l’affirmation qu’entre femmes et hommes il y a continuité, voire même superposition (pas de mauvaises pensées je vous prie) : il y a du féminin dans l’homme ; il y a une part virile chez la femme. Reste à savoir si ça s’applique à ce cas.

Au cours d’une émission « Apostrophe », Frédéric Dard déclarait : « Moi, le jour où je ne banderai plus, je me suiciderai » (2). Une femme dirait-elle l’équivalent ?

(1) Sur certains aspects des rapports de Flaubert et de sa Muse, voir Post du 13 mai 2007

(2) Il n’avait pas promis de réussir ce suicide. Il a survécu.

3 comments:

Anonymous said...

La bandaison Papa, ca ne se controle pas !

Jean-Pierre Hamel said...

AH, Fiston... Tu penses encore à Fernande, hein ?

Anonymous said...

Oui Pa' :(