Wednesday, May 02, 2007

Citation du 3 mai 2007

Destructeurs nés des êtres qui nous sont subordonnés, nous épuiserions la Nature si elle n’était pas inépuisable.
Buffon - Les animaux carnassiers in Histoire naturelle tome VII 1758 (voir Textes choisis Folio, p.60)

Destructeurs nés de la Nature, oui ça nous le savons et on nous le répète suffisamment. Mais ce qui est nouveau c’est qu’à la différence de Buffon nous ne croyons plus que la Nature (et l’écririons-nous aujourd’hui avec une majuscule ?) soit inépuisable.
Buffon explique que la Nature est inépuisable parce que les espèces animales (=les êtres qui nous sont subordonnés) possèdent une fécondité en rapport avec leur faiblesse : les plus vulnérables se reproduisent le plus vite (1). Buffalo Bill nous a démontré le contraire.
Mais l’idée sous jacente est la suivante : la Nature a produit l’homme et ses excès sont aussi liés à sa nature, donc prévus par la Nature. Elle a mis en place des mécanismes de compensation : l’homme ne peut détruire la Nature, parce que celle-ci se régénère automatiquement. Au moment où l’érosion détruit les montagnes d’autres, formidables, jaillissent sous l’océan. L’Himalaya continue d’escalader le ciel sans que nous n’y prenions garde. De même, qu’une espèce disparaisse, et d’autres espèces apparaissent. C’est la loi de l’écologie.
On me dira : la biodiversité doit être protégée, parce qu’autrement on va vers un monopole de la nature par une espèce : le cauchemar de Darwin nous raconte une histoire comme celle-là. De même les modifications du climat peuvent fort bien détruire le fragile équilibre non seulement des écosystèmes, mais de la biosphère en tant que telle. Le terre ne risque-t-elle pas de devenir un astre sans vie, comme Mars est devenus une planète sans eau ?
Alors, c’est vrai, Buffon ne savait pas tout. Il ne savait pas que les progrès des sciences et des techniques permettrait aux hommes devenir des destructeurs perfectionnés, que le harpon n’était rien comparé aux filets dérivants. Mais il nous invite à réfléchir sur la réalité des risques que nous faisons courir à la vie. Moi, quand j’entends qu’il faut économiser l’eau comme on économise le pétrole, alors je rigole.
Mais tout de même, je mets un peu moins d’eau dans mon Ricard.


(1) L’idée est déjà chez Platon dans le mythe de Prométhée du Protagoras, 320d-322c. C’est - à ma connaissance - le premier texte écologique de l’histoire de la pensée. A lire ici

2 comments:

Djabx said...

Au risque d'en surprendre plus d'un, je ne suis pas complètement d'accord avec vous sur le fait que la nature (ou Nature, faites votre choix) ne soit pas inépuisable. En effet, je rejoindrai Buffon dans ses propos.

Vous me direz "mez mon pauvre garçon, vous n'écouter jamais la radio? Le rechauffement climatique? La fonte des glaces? Et que sais-je encore sont des problèmes bien réel" et là je vous direz que je suis complètement d'accord avec vous: notre environnement est en danger (lui).

La terre a déjà été bien plus chaude et bien plus froide qu'elle ne l'est aujourd'hui. Elle a subit des glaciations telle que le niveau de la terre était bien plus bas qu'actuellement et que certains pays (comme la Suède) étaient tellement tassé par le poids des glaces qu'ils continuent encore aujourd'hui à se décompresser.
L'écologie est (soyons un peu cynique) un mouvement purement égoïste: si l'Homme ne fait rien, il va détruire sont environnement actuelle, et donc très probablement soit même.

Mais la nature (ou Nature) elle, continuera d'exister même dans des conditions les plus difficiles: on découvre aujourd'hui des richesses animales sous la glace du pôle nord insoupçonnées (à cause du froid) jusque là, on s'étonne encore que des être vivants puissent vivre au fond des océans, sans lumière et sous des pressions énorme, enfin on s'étonne que des être vivant puisse vivre près des failles abyssales où l'eau est extrêmement chaude et pleines de souffres.

Donc je doute que la nature s'arrête par notre faute en effet. Elle changera à cause de nous, c'est sûr, beaucoup des espèces que nous connaissons continuerons de disparaître aussi probablement. Maintenant avec ou sans nous c'est justement l'enjeux de l'écologie: la survie de notre espèce.

Jean-Pierre Hamel said...

Oui, je pense aussi que la nature ne cessera pas de produire des espèces nouvelles malgré les tourments que nous lui infligeons. Tout dépend si nous voulons la maintenir telle qu'elle est ou bien si nous admettons que les espèces vivantes sont faites pour disparaitre un jour. Après tout qu'importe que les Orang-Outangs disparaissent, que ce soit de notre faute ou pas ? Ils laisserons la place à d'autres espèces dont nous n'avons même pas l'idée, et qui surviendront peut-être quand nous aurons nous-mêmes disparus de la surface de la terre.
La position inverse est à chercher chez Hans Jonas : c'est le principe éthique qui consiste à affirmer "tout ce qui existe mérite d'exister". Il est alors de notre responsabilité de protéger les espèces vivantes, puisqu'elles ont un droit égal à la vie.