Thursday, May 24, 2007

Citation du 25 mai 2007

LA FRANCE ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part.

Michel Rocard - Le Monde du samedi 24 août 1996 (Point de vue).

Dans cet article de 1996 (lire), Michel Rocard revient sur cette phrase - qu’il avait prononcée en 1990 - pour souligner qu’elle avait été utilisée et tronquée par le gouvernement de droite afin de justifier ses mesures anti-immigration (lois Pasqua de 1993).

Qu’on me permette de ne pas rouvrir le débat sur l’immigration qui d’ailleurs n’a pas besoin qu’on le rouvre, vu qu’il n’a pas été refermé. Je noterai seulement que la phrase de Rocard a pour objet de délimiter une démarche d’accueil volontaire et raisonné, je dirai même planifié.

N’est-ce pas étonnant de croire qu’on va planifier ce qui se produit forcément de façon anarchique et incoercible ? Peut-on planifier l’écoulement des laves du volcan ? Peut-on canaliser la vague du tsunami ? Lorsque des millions d’hommes et de femmes meurent de faim, peut-on les empêcher de prendre la route, la pirogue, le camion du passeur pour aller chercher ailleurs les moyens de survivre un peu plus longtemps ? Ces pauvres gens n’ont rien à perdre que la vie ; ils sont exactement dans la situation des prolétaires auxquels s’adressait Marx (1).

En fait tout ça on le sait bien, mais on fait comme si on y pouvait quelque chose. « Ce mystère nous dépasse, feignons donc d’en être les organisateurs » disait à peu près Cocteau.

- Reconduite à la frontière : autant vouloir vider la mer avec une petite cuillère, à moins que vous ne soyez prêt à financer leur avion pour Bamako - mais si c’est pour Bagdad ou pour Kaboul, faites-le escorter par une escadrille de Rafales.

- Interdiction pour les sans-papiers de travailler (idem pour les demandeurs d’asiles) : bon, autant les encourager à vivre de larcins. C’est vrai les voleurs gagnent plus à voler les riches de chez nous que les miséreux de leur pays d’origine.

- Contrôle des frontières, arrestation des passeurs, démantèlement des filières clandestines : qui ne voit que les profiteurs de misère prolifèrent autant que la misère elle-même ? Et même qu’ils font leurs choux-gras de toutes les mesures coercitives qui, faute de décourager les candidats à l’immigration, renchérit les frais de passage.

Ces réflexions n’ont pas pour objet de désespérer les généreux (bobos ?), ni d’exciter les méchants <-----> (2). Je dirai que c’est pour moi un indice de sincérité politique : le fameux parler-vrai (Rocard encore) se révèle lorsqu’on me dit : « Solution de l’immigration : Co-développement » Tout autre propos sent l’idéologie, ou si vous préférez l’intox.

Si vous ne voulez pas être envahi par des crève-la-faim, aidez les à ne plus mourir de faim. Si vous ne le pouvez pas, ne prétendez pas que c’est en faisant autre chose que vous règlerez le problème. (3)

Ou alors, si : devenez fondateur d’Emmaüs-sans-frontière : la place est vacante.


(1) « Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous. » (Manifeste du parti communiste)

(2) Déminage 1 : je vous laisserai le soin de nommer qui vous voudrez

(3) Déminage 2 : j’entends bien que le plus pauvre bédouin a encore toute la richesse de sa civilisation à partager avec nous… (oui mais nous, nous lui proposons quoi en échange ?)

5 comments:

Anonymous said...

Le plus triste c'est :

1) Le pillage des ressources naturelles par une minorité, détentrice du pouvoir et tenant ce dernier par la force militaire.

2) Le détournement constant de l'aide humanitaire, associatif ou d'Etat, qui permettent trop souvent de financer le traffic d'arme voir la guerre au lieu d'aider économiquement le pays.

3) La fuite des cerveaux. L'Afrique recéle des potentialités énormes en termes économiques. Le problème c'est que les élites ne veulent pas y rester (on les comprends quelques peu). Il faudrait peut être sacrifié une ou deux génération de ces élites afin de rétablir dans une majeure partie de l'Afrique l'économie.

Jean-Pierre Hamel said...

La fuite des cerveaux...
Après avoir pillé les corps (esclavage) ce sont maintenant les cerveaux qu'on pille. Tout y passe.

Anonymous said...

Je crois voir une référence à Sarkozy ici ... menfin soyons honnete, la France a toujours acceuilli la population estudiantine Africaine pour n'en garder ue le meilleur.

Accessoirement les cerveau qui reste en France, le font volontairement, c'est pour cela que je trouve le terme "esclavage" trop fort. Si chaines il y a, ce sont celles de l'industrialisation. Les chimères de la "civilisation" (au sens colonial du terme) semblent bien consistantes face au désarroi de l'Afrique.

Non pas que je veuille pousser ces gens dehors, mais ils devraient, pour le bien de leur pays d'origine, y retourner. Aprés de ma position d'enfant issu d'un siècle sans guerre (non subi du moins), c'est facile à dire, j'en conviens.

Jean-Pierre Hamel said...

Je crois qu'on d'accord : il faut que les élites restent sur leur terre d'origine et pour cela il faut que leurs conditions de rémunération soit équivalente à celle des autres pays. Tant qu'un médecin africain gagnera moins dans son pays qu'un de ses voisins parti se faire embaucher en France pour distribuer le courrier dans les boites à lettre, ça ne marchera pas. On est bien dans la perspective d'un "co-développement" dans la mesure où ce rattrapage ne se fera pas tout seul.

Anonymous said...

J'émets une petite différence avec le propos précédent. Les élites doivent, si les structures de leurs terre d'acceuil ne le permette, se former dans d'autres pays. Mais cela doit se faire en paralléle avec la création de structures éducatives au niveau du pys d'origine et un retour évident des élites chez eux.

Je ne vois pas d'autres solutions pour sortir les pays Africains du marasmes actuels ... Pourtant l'Afrique a un potentiel proprement dément en matière économique. Des sols riches en matière première (minerai divers et combustible), un marché intérieur énorme et demandeur, une force de travail encore bon marché et une diaspora trés étendue.

Le problème reste éminnement politique et militaire. Faut il une ingérence d'autres pays pour permettre aux élites une chance e gouverner ? Je ne sais pas mais je pense que les pays industrialisé ont trop a perdre en laissant l'Afrique se développer ... ils supportent déjà mal les Chinois et les Indiens ...