Friday, June 15, 2007

Citation du 16 juin 2007

Il faudrait pour le bonheur des Cités (Etats) que les philosophes fussent rois ou que les rois fussent philosophes

Platon - La République

Posons la règle suivante : ce principe énoncé par Platon est faux (1). Mais pour tous les autres cas, qu’on ait voulu ériger un philosophe en roi - ça je n’ai pas souvenir qu’on l’ait tenté, à part l’exception signalée en note - ou qu’on ait voulu rendre un roi philosophe - Denys le tyran de Syracuse, Frédéric II, Catherine II, Joseph II, bref tous les despotes éclairés - ça a été un échec sur toute la ligne. Pourquoi ?

Platon disait que cet échec venait de ce que les tyrans gouvernaient selon leurs passions : or la nature humaine est faite de telle sorte que la passion y soit toujours plus forte que la raison. C’est l’écart entre les exigences du gouvernement sage et la nature des gouvernants qui cause le malheur de la Cité.

Selon Platon, la politique devait être l’œuvre de la raison, entendez qu’il existe une science politique dont la possession légitime celui qui gouverne. Et c’est là que le philosophe apparaît : les Philosophes dont parle Platon sont essentiellement des savants. On parlerait aujourd’hui de sociologues, d’ économistes, de politologues, de juristes…

Mais justement : tout ça, est-ce que ça fait une science politique ? La politique est-elle objet de science ? Puis-je poser l’équation suivante : L’économie+la société+l’histoire+la psychologie+…= politique ?

Je vous laisse répondre. Mais avant tout, pensez que si vous souscrivez à l’idée que la politique est une science, alors la démocratie est une mascarade. La rationalité politique devient en effet une affaire de spécialiste, et un seul spécialiste vaudra toujours mieux qu’une foule d’ignorants. Pourquoi croyez-vous donc que les philosophes des « Lumières » se sont précipités à la cours des despotes « éclairés » ? N’est-ce pas qu’ils croyaient que la science et la compétence d’un seul pouvaient fonder un gouvernement sage ?

La démocratie est née le jour où on a admis que la foule valait mieux que l’individu, même savant. Et pour cela il faut admettre que la rationalité politique est l’effet du débat démocratique, que la vérité, c’est ce sur quoi nous sommes tombés d’accord.

La preuve en est que vous allez voter demain.

(1) Je dis que c’est une règle et non une loi, parce qu’il y a un cas où ça a marché : Marc-Aurèle (et encore : est-ce que ça a fait le bonheur des Romains ?). C’est donc l’exception qui confirme qu’on est bien en présence d’une règle et non d’une loi - qui n’admet pas d’exception.

1 comment:

Anonymous said...

Les spécialistes je veux bien, mais à condition qu'ils arrivent à se mettre d'accord...