Thursday, June 14, 2007

Citation du 15 juin 2007

Si tu ne sais pas où tu vas, n’oublie pas d’où tu viens.

Proverbe togolais, ougandais, béninois, ivoirien, congolais, africain (rayez la mention inutile)

Voilà un proverbe qui occupe sans doute une place de choix dans le Top-ten des idées toutes faites. Chacun le connaît, le répète à l’envie, mais avons nous cherché à le décrypter ?

n’oublie pas d’où tu viens

1ère idée : la famille, le village, on ne les quitte jamais totalement.

2ème idée : s’identifier à la tradition est aussi important que d’avoir un projet innovant.

3ème idée : dans l’existence d’un homme les racines qui le rattachent à son passé sont aussi ce qui le rattachent à la vie.

Bon, sommes-nous sapin ou poireau au point d’avoir besoin de racines ? La tradition nous aide-t-elle à vivre ? Les racines sont bien sûr nutritives, mais elles sont aussi des entraves à la liberté de mouvement. L’arbre est entièrement dépendant de son milieu parce qu’il ne peut en changer. Pour simplement imaginer un avenir neuf, il faut tourner le dos à la tradition, C’est la leçon de la société industrielle, et nous avons été nourris de ces représentations.

«Si tu ne sais pas où tu vas » : comment peut-on ne pas savoir où l’on va ? A moins d’être Alzheimer lorsque je sors de chez moi, je sais où je vais. Ai-je besoin de me référer au passé selon la sagesse africaine ? La question mérite au moins d’être posée.

Quant à moi, je proposerais un autre proverbe :

« Si tu veux savoir où tu dois aller, oublie d’où tu viens ». Ce qui me relie au passé est entrave pour inventer le futur.

La même ambiguïté se retrouve avec les liens, les attaches, etc. C’est Durkheim qui a théorisé cette idée avec la déliaison (1). L’individualisme, conséquence de l’éducation, supprime la référence à l’autorité et à la subordination de l’individu au groupe. Si vous voulez changer, il faut rompre les amarres, partir en oubliant d’où on vient. Partir comme Rimbaud, les poings au fond des poches crevées…

(1) Encore la déliaison…

3 comments:

Anonymous said...

"Parait-il qu'il faudrait retrouver ses racines et
Savoir d'abord d'où on vient pour savoir qui on est,
Ca vaut peut-être le coup pour les indiens, les exilés,
Mais toi fait pas ton malin, je t'ai toujours vu dans l'quartier...

Une fois vomi ton pastis et pété ton cassoulet,
Une fois qu'les légendes celtiques te f'ront plus planer,
Une fois qu't'auras fini d'applaudir aux corridas,
Quand tu sauras bien d'où tu viens, peut être qu'enfin,
On pourra s'demander où on va ?"

Les Malpolis - Ma ville

Hormis ce petit interméde musical, n'est ce pas Socrate qui énoncait qu'on ne sait jamais ou l'on va ? :)

Jean-Pierre Hamel said...

n'est ce pas Socrate qui énonçait qu'on ne sait jamais ou l'on va ? :)

Là, je sèche. Socrate a bien dit qu'il ne savait rien. Mais j'ignore totalement où il a ajouté cette précision

Anonymous said...

il me semble avoir vu ca en cours de philo (ca remonte donc au lycée).

Socrate et Aristote parle et Aristote n'est pas convaincu du propos de Socrate disant "on ne sait jamais ou on va". En "gros" Socrate dit a Aristote d'essayer. Ce dernier s'execute en se rendant vers les thermes, en chemin il croise deux policiers qui lui disent "ou vas tu". Ce a quoi il réponds "je ne sais pas". Les deux policiers l'emmenent donc en prison. Lui qui voulait aller aux thermes le voila en prison, on ne sait donc jamais ou on va.

Il est possible que ca soit Platon ou un autre, j'ai une trés mauvaise mémoire des chiffres et des noms.