Wednesday, June 20, 2007

Citation du 21 juin 2007

Les peintures sont les lectures de ceux qui ne savent pas lire.

Grégoire le Grand (VIème siècle)


Nous avons tous appris à l’école que les vitraux et les statues des cathédrales étaient comme des livres où les fidèles venaient lire les histoires édifiantes qu’ils ne pouvaient déchiffrer autrement..

Etre illettré en ces lointaines époques n’est pas si étonnant : à quoi bon savoir lire quand il n’y rien à lire ? Par contre, plus étonnant est qu’on ait pu déchiffrer quelque chose dans ces représentations qui nous paraissent si énigmatiques, parfois même à peine visibles parce que perchées à des hauteurs excessives.

On pourrait dire : ces représentations parlaient aux fidèles parce qu’elle mettent en image des gens de leur époque, habillés comme eux, occupés comme eux, identifiables au premier coup d’œil. Et c’est vrai. Mais ça ne suffit pas. Pour que l’image remplace le texte, il faut qu’elle soit elle-même codifiée. C’est à dire que, non seulement ses représentations soient conventionnelles - tel personnage immédiatement identifiable est Judas, tel autre Jésus, et Marie, etc.. - mais il faut que le message lui-même soit conventionnel, qu’il raconte toujours la même chose, ou le même extrait de la même histoire. Aucune invention n’intervient : la Synagogue est représentée par une femme un bandeau sur les yeux, parce qu’elle signifie que les Juifs n’ont pas su voir que le Christ était le Messie. Admettons que le premier à produire cette statue ait innové. Il n’en reste pas moins que les évêques, en passant en suite commande de la statuaire de leur cathédrales ont exigé la même, fixant rigoureusement les images et les représentations attendues, parce que le message était toujours le même. Bien sûr il y a toujours des surprises : des innovations du sculpteur ou du verrier, on en trouve dans les recoins, là où rien n’a été prévu. Ce sont des grotesques ou des personnages originaux, ceux précisément que leur créateur ont aimé glisser dans ces interstices de l’œuvre - c’est à dire du message.

On se demande aujourd’hui : où allons-nous avec ces jeunes qui ne lisent plus - voire même qui ont désappris à lire ? Hé bien, l’histoire nous le révèle : nous allons vers une « stéréotypation » (sic ?) de la culture par une codification des messages imagés.

Quelque chose comme ça ?

Peuples du Monde entier, unissez-vous! A bas l'impérialisme américain! A bas le révisionnisme soviétique!

Ça vous va ?


2 comments:

Anonymous said...

Je decouvre votre / ton blog tres interessant en cherchant des citations sur les questions d'identite (je voulais ajouter une citation a la presentation de mon blog-roman).

Jean-Pierre Hamel said...

Merci de votre/ton encouragement, et bonne pêche. J'irai voir ton blog ce WE