Wednesday, December 12, 2007

Citation du 13 décembre2007

Nos démocraties électives ne sont pas, ou de façon inaccomplie, des démocraties représentatives.

Paul Ricoeur - Entretien avec Daniel Bermond - Juin 1998

La Libye est arrivée à bon port en instaurant la démocratie populaire directe, il n'y a pas d'élections en Libye parce que les Libyens n'élisent pas leurs dirigeants, ce sont les Libyens qui se dirigent eux-mêmes.

Mouammar Kadhafi – Déclaration à la presse mardi 11 décembre 2007

Le régime politique de la Libye est celui de la Jamahiriya, « Etat des masse » : la Libye est un Etat sans parti politique, sans élections de représentants, définie par ses dirigeants comme une démocratie directe. De fait, l’absence de séparation des pouvoirs, et le rôle joué par le colonel Kadhafi, conduit les pays occidentaux à considérer ce pays comme une dictature militaire.

Le colonel Kadhafi a-t-il des conseillers capables de lui expliquer ce qu’il faut dire aux français pour rabattre leur orgueil ? En opposant la démocratie directe à notre démocratie représentative, il joue sur notre inconscient culturel, qui fait de nous, les descendants des sans-culottes, des citoyens qui aspirent justement à cette démocratie sans représentants.

La démocratie participative, inventée par quelques candidats de la récente élection présidentielle laisse en tout cas entendre que, comme le dit Paul Ricoeur, plus de deux siècle après sa naissance, la démocratie représentative reste imparfaite.

La démocratie directe ne permettrait-elle pas de résoudre ces imperfections ?
C’est bien ce que laisse supposer l’évolution actuelle de la Vème république, avec la présidentialisation du régime qui se met en place ; le Président de la république peut gouverner en affirmant aux citoyens : « Vous m’avez élu pour mettre en place les mesures qu’applique mon gouvernement». La campagne électorale remplace ainsi la session parlementaire, et le vote des lois par les députés est un luxe facultatif.

L’important n’est pas qu’on n’ait plus qu’un seule représentant - le Président. L’important est que cet homme se présente comme mandaté par le peuple pour réaliser les volontés du peuple, et non pour décider à sa place. Il n’y a plus alors de pouvoir législatif élu, il n’y a qu’un exécutif élu.

On a compris : la démocratie directe n’est plus très loin, et comme la Libye, nous serons bientôt arrivés à bon port.

Les esprits chagrins considèrent le « bouillant colonel » Kadhafi comme un dictateur : en réalité, en nous montrant le bon chemin, il est un despote éclairé.

2 comments:

Anonymous said...

"Le colonel Kadhafi a-t-il des conseillers capables de lui expliquer ce qu’il faut dire aux français pour rabattre leur orgueil ?"
Je crois bien que le colonel Khadafi, qui est, malgré ce que pourraient faire penser les apparences, quelqu'un d'intelligent et de cultivé, n'a pas besoin de conseillers pour lui expliquer ce qu'il doit dire aux français. Admiratif des grands hommes et penseurs politiques français, il connaît en fait très bien notre culture (je ne sais d'ailleurs si, comme cela a été dit, il se rendra à Colombey-les-deux-églises, pour se recueillir sur la tombe du général de Gaulle)...

Jean-Pierre Hamel said...

il connaît en fait très bien notre culture

- Exact: j'ai appris récemment qu'il avait été un lecteur de Sartre...
Ce que j'en disais, c'était pour ne pas vexer ceux qui ont besoin de conseillers philosophes...