Monday, December 24, 2007

Citation du 25 décembre 2007 - N°2


Carton d’invitation à une exposition de crèches mis à disposition du public dans certains commerces de Reims (celui-ci : dans un bureau de tabac) (1) (2)

Doux Jésus ! A Reims, on peut lire Hannah Arendt dans les bureaux de tabac ! Et pas n’importe quoi, comme vous pouvez en juger d’après le texte reproduit ici (voir la note).

Alors comme j’ai été un peu partial avec le monde des crèches et avec la Nativité, j’y reviens…

Arendt voit dans la naissance un fait inaugural qui amorce le processus de la liberté. Etre libre, ce n’est pas choisir sans contrainte, c’est rompre avec le déterminisme, pour créer quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’aurait pas été sans cette rupture. Et la naissance d’un être humain c’est en effet une espérance de nouveauté.

Je ne développerai pas, mais je voudrais dire que si les chrétiens veulent donner un sens à leur foi avec ce passage d’Hannah Arendt, ils risquent d’être déçus.

- Selon ce texte en effet, dans tout enfant qui vient au monde il y a du petit Jésus ; ou plutôt, la Nativité ne fait que styliser, mythifier cette rupture que constitue la naissance de n’importe quel enfant.

- d’autre part, le petit Jésus, est Jésus Christ, c’est à dire le Messie. Autant dire que s’il est rupture, il est aussi et surtout restauration et non invention d’une quelconque nouveauté. C’est tellement vrai que, dès la naissance, il est promis à la crucifixion. La Passion est inscrite dans Noël.

Allez, on ne va pas se quitter là dessus : écoutez plus Haendel - For unto us a child is born (le Messie). (3)


(1) Je reproduis le texte ci-dessous. Occasion aussi de rappeler que la citation « Un enfant nous est né », n’est pas tirée des Evangiles, mais du livre d’Isaïe 9-5, qui figure dans l’Ancien Testament (voir également le Chœur du Messie donné plus bas)

Le miracle qui sauve le monde de la ruine naturelle, c’est finalement le fait de la natalité, dans le quel s’enracine ontologiquement la faculté d’agir. C’est la naissance d’hommes nouveaux, le fait qu’ils commencent à nouveau l’action dont ils sont capables par droit de naissance. Seule l’expérience totale de cette capacité peut octroyer aux affaires humaines la foi et l’espérance… C’est cette espérance et cette foi dans le monde qui ont trouvé sans doute leur expression la plus succincte, la plus glorieuse dans la petite phrase des Evangiles annonçant leur bonne nouvelle : un enfant nous est né.

Hannah Arendt - La condition de l’homme moderne (ch. 5)

(2) Précisons que cette exposition n'a rien à voir avec celle dont nous avons parlé hier.

(3) Non, ce n’est pas l’Alléluhia… Ce titre reprend la citation fournie par Arendt à la fin de son texte

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