Sunday, November 02, 2008

Citation du 3 novembre 2008


L'homme jouit du bonheur qu'il ressent, et la femme de celui qu'elle procure.

Choderlos de Laclos – Les Liaisons Dangereuses

Pour simplifier, nous nous en tiendrons au contexte qui vise le plaisir amoureux – disons même sexuel.

Nous avons là une approche du plaisir sexuel qui reflète assez bien l’énigme que représente pour chacun le plaisir éprouvé par l’autre.

Freud disait que la sexualité féminine était pour la science le continent noir (la Terra incognita). Quand on décide de définir le plaisir féminin, il est arrivé qu’on fasse comme Choderlos de Laclos : dans l’amour, la femme n’a pas de plaisir physique. Son plaisir n’est que le rebond de la jouissance de l’homme. Si nous n’en sommes plus à dire de pareilles choses, admettons quand même que le plaisir de l’autre est toujours imaginé sur la base de ce que nous savons de notre propre plaisir.

Mais… Notre culture occidentale n’a vraiment pas à s’enorgueillir de la pauvreté de telles conclusions. Voyez comment dans le Kama Sutra, Vatsyayana s’y prend pour parler de cela :

Si les manières d'opérer (dans l’union sexuelle) sont différentes chez l'homme et chez la femme, pourquoi n'y aurait-il pas une différence dans le plaisir même qu'ils ressentent et qui est le résultat de ces manières d'opérer ?

Mais cette objection est sans fondement : car l'agent et le patient étant des personnes de différente sorte, il y a là une raison pour qu'ils opèrent de différentes manières ; mais il n'y a pas de raison pour qu'il y ait une différence quelconque dans le plaisir qu'ils ressentent, parce que ce Plaisir dérive naturellement pour tous deux de l'acte qu'ils accomplissent. (Les Kama Sutra – 2ème partie, ch. 2)

Admirez comment Vatsyayana prend le parti de philosopher sur ce sujet. Le plaisir dépend non de l’individu mais de l’acte. Il est donc identique chez les partenaires hommes ou femmes de l’acte commun de l’union charnelle.

D’où, bien sûr, l’importance de la technique, puisque c’est d’elle que va dépendre le plaisir.

C’est donc ça qui compte.

Sommes-nous d’accord avec ça ?

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