Saturday, September 11, 2010

Citation du 12 septembre 2010

Ne sait-on pas que la morale est pour les prêtres ce que l'hygiène est pour les médecins ?

Rivarol – Seconde lettre à Necker

Hier, nous avons établi que pour que certaines citations soient aujourd’hui admissibles il faudrait en inverser la formulation.

Avec cette citation de Rivarol, c’est à peu près la même chose, à cette différence près que cette inversion était nécessaire déjà à l’époque où elle a été écrite. L’hygiène médicale a repris presque textuellement les prescriptions morales des prêtres, dans le domaine de la vie sexuelle particulièrement.

On lira à ce propos le livre d’Alain Corbin intitulé : l’harmonie des plaisirs, et sous-titré : Les manières de jouir du siècles de Lumières à l’avènement de la sexologie.

Pour faire simple, Corbin rappelle que les médecins hygiénistes, ont repris les interdits religieux concernant l’exercice de la sexualité. Mais ils l’ont fait en établissant une rigoureuse économie de la semence mâle, doublée d’un contrôle de la sexualité féminine. Il ne s’agit plus ici de salut de l’âme, mais de préservation de la fertilité des individus, et aussi de préservation de leur santé. Là où les prêtres parlaient d’interdits divins, ils parlent de « vœu de la nature ». Là où la religion voit dans l’excitation sexuelle un péché mortel, les hygiénistes parlent de dégénérescence et de risque de mort. On pense bien sûr au manuel de Tissot (voir ici l’article bien documenté de Wikipédia), mais Corbin en cite bien d’autres.

On ne saurait être plus explicite.

Mais, alors que l’église voit dans la procréation la seule justification de la sexualité, en sorte que c’est vu sous cet angle que la masturbation est un vice particulièrement odieux (1), la médecine fait de la semence mâle un liquide précieux qu’il convient de ne répandre que dans le « vase féminin ».

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(1) Nous avions eu l’occasion de rappeler que le péché d’Onan est bel et bien d’avoir préféré répandre sa semence sur le sol plutôt que d’en féconder sa belle sœur comme il en avait reçu l’ordre de son propre père (voir ici).

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