Tuesday, January 11, 2011

Citation du 12 janvier 2011

- Car croyez-m'en ! - le secret pour moissonner l'existence la plus féconde et la plus grande jouissance de la vie, c'est de vivre dangereusement ! Construisez vos villes au pied du Vésuve ! Envoyez vos vaisseaux dans les mers inexplorées ! Vivez en guerres avec vos semblables et avec vous-mêmes ! Soyez brigands et conquérants, tant que vous ne pouvez pas être dominateurs et possesseurs, vous qui cherchez la connaissance !

Nietzsche – Le Gai Savoir

Eloge de l’imprudence 1

Vivons dangereusement nous dit Nietzsche, du moins tant que nous ne sommes pas arrivés à la domination absolue – des autres et du savoir.

Et de nous donner, comme assurance de rencontrer le danger, les itinéraires les plus effrayants : affrontez, nous dit-il, volcans, mers en furie, guerre fratricides… Même le vol, l’assassinat et le pillage trouvent grâce s’ils sont exercés pour affermir l’existence, pour la tremper au brasier du péril.

S’agit-il, comme le disait le Comte du Cid de s’assurer la gloire par le péril ? (1) Pas du tout !

Vivre dangereusement, c’est le secret de la vie heureuse, c’est-à-dire de la vie féconde et jouissive.

Séduire une femme rebelle, peindre ou écrire ce que jamais personne n’a su faire – et surtout pas vous : voilà le secret de la vie heureuse, car voilà de danger.

Et aussi (pourquoi pas) : s’endormir le soir sans fermer la porte de sa chambre (2), défier le petit caïd qui deal en bas de l’immeuble, dire son fait au chef de service qui vous harcèle au bureau…

Bref, vous l’aurez compris : l’obstination avec laquelle nous réclamons la sécurité ne peut nous apporter que tristesse et dégoût de la vie. Que les vieillards la réclament, passe encore.

Mais que les jeunes le fassent, comme par exemple quand ils ont défilé dans les rues pour avoir la retraite à 60 ans !

La mode du jour est à l’indignation – alors, parlons comme Zarathoustra :

- Indignez-vous mes très chers frères !

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(1) Car : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». (Voir ici)

(2) C’est une recette signée André Breton. Il est vrai que Breton à l’époque rêvait de retrouver dans son lit une belle femme qu’il n’y aurait pas mise le soir…

2 comments:

Anonymous said...

Bonjour, je lis votre blog le plus régulièrement possible, et j'admire beaucoup ce que vous faites, continuez, c'est tout simplement génial !!

Jean-Pierre Hamel said...

Merci de vos encouragements : ils me sont très précieux !