Saturday, May 19, 2012

Citation du 20 mai 2012


C'est pourquoi il [Zeus] donne à l'homme l'Espérance : elle est en vérité le pire des maux, parce qu'elle prolonge les tortures des hommes.
Nietzsche –  Humain, trop humain. (Lisons en annexe le texte complet de Nietzsche : il nous parle du mythe de Pandore, qui ne ouvrant la boite, libéra les maux qui accablent l’humanité, mais laissa enfermé l’espoir)
… notre unique peine / est que sans espoir nous vivons en désir.
Dante – La divine comédie – L’Enfer chant IV, vers 41-42

 
Pandore, par Jules Joseph Lefebvre, 1882, (Détail)

--> Le dilemme du jour : savoir si l’espoir est un supplice ou au contraire notre seule consolation dans la vie.
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Stop ! Aujourd’hui c’est dimanche, jour du repos et de la sérénité : pas de travail ; l’aspirateur est rangé et l’hyper marché fermé. Au stade de foot on balaie les détritus de la veille. On peut faire tranquillement son barbecue en sirotant son rosé, ou bien aller jogger dans la nature avec Roger et se faire quelques Kro bien fraiches ensuite.
Alors, pourquoi Nietzsche vient nous casser le moral avec cette pauvre Pandore, qui a l’air gourde comme c’est pas possible, qui est à poil on ne sait pas pourquoi et qui tient un coffret où elle a sûrement rangé ses strass et ses fausses perles ?
Observons mieux : cette boite est fermée, et c’est très bien comme ça. Car l’espérance, qui est bloquée tout au fond n’a pas sa place le dimanche.
- En effet : l’espérance c’est ce qui fait qu’aujourd’hui (dimanche) est forcément moins bien que demain. A moins qu’on attende ce lundi en espérant qu’il ressemblera au dimanche – comme lors des vacances.
Bref : normalement le dimanche devrait être un jour sans lendemain. Dimanche, c’est ce jour qui n’a pas d’horizon derrière lequel se profilerait autre chose ; c’est le jour qu’on vit comme s’il ne devait jamais finir, et c'est justement pour ça qu’il n’a pas de lendemain - ni à espérer ni à craindre.
On trouve au cinéma des scènes d’amour extrêmement prenantes : il s’agit d’une nuit dans laquelle les amoureux se retrouvent et s’aiment sans penser que le matin viendra et que le chant des oiseaux sera peut-être leur chant du cygne.
Eh bien, le dimanche, c’est comme cette nuit d’amour sans lendemain. Du coup, le barbecue et le rosé à l’ombre de la tonnelle, c’est bien – mais la sieste crapuleuse : c’est mieux.
Mais voilà ! C’est pour ça que Pandore est à poil ! Je comprends mieux maintenant…
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« L'Espérance. - Pandore apporta la boîte remplie de maux et l'ouvrit. C'était le présent des dieux aux hommes, un présent beau d'apparence et séduisant, surnommé la "boîte à bonheur". Alors sortirent d'un vol tous les maux, êtres vivants ailés : depuis lors ils rôdent autour de nous et font tort à l'homme jour et nuit. Un seul mal n'était pas encore échappé de la boîte : alors Pandore, suivant la volonté de Zeus, remit le couvercle, et il resta dedans. Pour toujours, maintenant, l'homme a chez lui la boîte à bonheur et pense merveilles du trésor qu'il possède en elle, elle est à sa disposition, il cherche à la saisir quand lui en prend l'envie ; car il ne sait pas que cette boîte apportée par Pandore est la boîte des maux, et tient le mal resté au fond pour la plus grande des félicités - c'est l'Espérance. Zeus voulait en effet que l'homme, quelques tortures qu'il endurât des autres maux, ne rejetât cependant point la vie, continuât à se laisser torturer toujours à nouveau. C'est pourquoi il donne à l'homme l'Espérance : elle est en vérité le pire des maux, parce qu'elle prolonge les tortures des hommes. » Nietzsche –  Humain, trop humain

4 comments:

FRANKIE PAIN said...

le matin je réalise que vos mots s'il m'interresse toujours autant mais ils sont complet et je reste coïte un peu comme votre pandore qui semble hypnotique et cadenassée.

connaissez vous le texte de la névrose du dimanche de alder .. oui certainement oui disait celui ci le dimanche sans lendemain et son angoisse.. je vous embrasse

Jean-Pierre Hamel said...

La névrose du dimanche ? Je ne connais pas! Vous pouvez m'en dire d'avantage ?

- Si vous restez coite, c'est de ma faute : je sature mes textes, je bouche les trous, je mets des points d'arrêt là où il faudrait des points de suspension.
Mais ça j'ai du mal à y arriver : c'est mon passé prof-de-philo qui remonte.
Il faudrait que je fasse des trous et des déchirures, un peu comme on fait avec les jeans trop neufs...
Je vous embrase également (bises du dimanche)
J-P

FRANKIE PAIN said...

mais mon cher, quand un texte est bien écrit on ne peut parfois pas y mettre quelque chose . j'ai appris çà à mes dépens après avoir mis un de mes textes aucun commentaires
et une amie me dit mais que veux tu qu'on écrive !

la densité c'est bien
moi çà me nourrit quand je pars dans une histoire de trouvé des rebondissement qui ne sont pas évidemment mais parce que l'argument en dessous souffle il retombe sur ses patte ou tu vas me dit -on...
mais oui nous écrivons avec ce que notre pensée est aller chicaner , baguenauder et les chemins de traverse sont bon à parcourir surtout quand il surprennent

je vous embrasse

Jean-Pierre Hamel said...

Voilà qui est dit - et bien dit